Trump promet "le feu et la colère" à la Corée du Nord

Le président américain Donald Trump à Bedminster (New Jersey), le 8 août 2017.

Le président américain Donald Trump à Bedminster (New Jersey), le 8 août 2017. . AFP

La Corée du Nord a averti mercredi 9 août qu'elle pourrait tirer des missiles près de l'île américaine de Guam, dans le Pacifique, alors que le président américain Donald Trump a promis au régime nord-coréen "le feu et la colère" .

Le 09/08/2017 à 07h20

Le régime communiste a réussi à adapter suffisamment la taille de ses têtes nucléaires pour pouvoir les placer sur ses missiles intercontinentaux et ainsi faire peser la menace d'une attaque nucléaire sur la première puissance mondiale, selon les conclusions d'un rapport confidentiel achevé le mois dernier par l'agence américaine de renseignement militaire, la DIA, et révélées mardi par le journal.

Grâce à cette capacité, le régime communiste deviendrait une puissance nucléaire à part entière, en mesure de réaliser l'objectif affiché par le leader Kim Jong-Un: frapper les "salauds d'Américains".

Bras de fer diplomatique 

Pour l'heure, le régime de Pyongyang a testé plusieurs engins atomiques et a réussi deux lancements de missiles balistiques intercontinentaux, capables de frapper les Etats-Unis. Mais sa capacité à miniaturiser suffisamment une bombe atomique pour la placer sur l'un de ces lanceurs était encore en doute.

Les analystes et autres membres du renseignement étaient, jusqu'ici, convaincus que malgré les dix ans écoulés depuis le premier test nucléaire de Pyongyang en octobre 2006, la Corée du Nord était encore à quelques années de savoir maîtriser le processus de miniaturisation.

Mais selon le rapport daté du 28 juillet, dont un extrait a été lu au Washington Post, "la communauté du renseignement estime que la Corée du Nord a produit des armes nucléaires qui peuvent être embarquées sur des missiles balistiques, y compris des missiles balistiques intercontinentaux". Selon le journal, le ministère japonais de la Défense est parvenu aux mêmes conclusions.

Les menaces répétées et l'enchaînement ces derniers mois de tests de missiles par Pyongyang sont un casse-tête pour Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir.

Le milliardaire américain a notamment engagé un bras de fer diplomatique à trois bandes, en demandant avec insistance à la Chine, principale alliée de la Corée du Nord, d'agir pour faire infléchir son incontrôlable voisin.

Ligne rouge 

Toujours sur le plan diplomatique, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté samedi à l'unanimité une résolution renforçant nettement les sanctions déjà imposées à Pyongyang. Aux termes de celle-ci, la Corée du Nord devrait être privée d'un milliard de dollars de recettes annuelles. En frappant le pays au portefeuille, la communauté internationale a pour objectif de pousser Pyongyang à la négociation, notamment après les deux tirs de missiles intercontinentaux effectués en juillet.

Depuis 2006, l'ONU a imposé six trains de sanctions à la Corée du Nord, mais rien ne semble faire dévier le jeune leader Kim Jong-Un. Le dernier essai nucléaire remonte au 9 septembre 2016, avec une détonation jugée deux fois plus puissante que la bombe américaine lâchée sur Hiroshima. A Washington, nombre de voix se sont élevées pour dénoncer les propos présidentiels.

Le démocrate Eliot Engel, membre de la Commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, a regretté la "ligne rouge absurde" tracée par M. Trump, tant les déclarations menaçantes de Pyongyang sont récurrentes.

"La sécurité de l'Amérique est basée non seulement sur la force de notre armée, mais aussi sur la crédibilité de notre commandant en chef", a-t-il souligné, dénonçant "l'emportement impulsif" du milliardaire.

Le sénateur républicain John McCain a aussi fait part de son scepticisme, soulignant que les "grands dirigeants" ne menaçaient pas leurs ennemis sauf s'ils étaient prêts à passer à l'action. "Et je ne suis pas sûr que le président Trump soit prêt à agir", a-t-il ajouté.

Pour Anders Fogh Rasmussen, ancien secrétaire général de l'OTAN, cette formulation "visait à faire peur à Pékin comme à Pyongyang". "Mais les lignes rouges présidentielles qui restent lettre morte créent des précédents dangereux", a-t-il mis en garde.

Le 09/08/2017 à 07h20