Vaccins anti-Covid-19: l’Algérie sera parmi les derniers servis

Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad.

Le Premier ministre algérien, Abdelaziz Djerad. . DR

Revue de presseAlors que tous les pays du monde se bousculent depuis plusieurs mois au portillon des laboratoires américains, russes, chinois et britanniques pour être parmi les premiers à acquérir une version du vaccin anti-Covid-19, les autorités algériennes peinent, malgré l’urgence, à trouver un fournisseur.

Le 30/12/2020 à 16h19

Ce n’est que le 20 décembre dernier que le président Abdelmadjid Tebboune a, enfin, donné l’ordre à son Premier ministre, Abdelaziz Djerad, via Twitter, en vue de se réunir immédiatement avec le Comité scientifique local de suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus "pour choisir le vaccin adéquat anti-Covid-19 et lancer la campagne de vaccination à partir de janvier prochain".

Depuis, la lente machine bureaucratique tente de donner l’impression qu’elle s’emballe, sans qu’aucun fournisseur de vaccins ne soit encore trouvé, du moins à ce mercredi 30 décembre.

Les lundi 28 et mardi 29 décembre, le Premier ministre algérien a téléphoné à ses homologues chinois et russe en vue de trouver ne serait ce qu’un lot de vaccins pour être dans les délais qui lui ont été impartis par Tebboune.

Selon l’agence officielle de presse algérienne, Abdelaziz Djerad a eu lundi dernier un entretien téléphonique avec son homologue chinois, Li Keqiang… Les deux Premiers ministres ont abordé "l’ensemble des questions liées à la coordination des efforts des deux pays dans la lutte contre la pandémie du Covid-19".

Mais cette communication téléphonique, dont l’objet était bien évidemment la livraison éventuelle à Alger d’une quantité de doses du vaccin chinois anti-Covid dans les "plus brefs délais" a été inalement infructueuse, puisque le lendemain, mardi 29 décembre, Abdelaziz Djerad aurait imploré son homologue russe de le dépanner immédiatement avec un lot de Sputnik V, le vaccin russe anti-Covid-19. 

Selon l’APS, Mikhail Mishoustine, Premier ministre de la Fédération de Russie, et Djerad ont "évoqué la lutte contre la pandémie du Covid-19, en convenant de la coordination des efforts des deux pays dans ce domaine, notamment concernant le volet de la vaccination". Or, du moment que le porte-voix médiatique officiel du régime algérien n’annonce aucun accord concret avec les autorités russes et chinoises, cela signifie clairement que l’Algérie pourrait attendre encore plusieurs mois pour voir ses citoyens vaccinés contre le coronavirus.

D'ailleurs, l’APS elle-même ne cache pas son pessimisme, en écrivant, un jour seulement après le tweet présidentiel du 20 décembre, que le Comité scientifique algérien ne dispose, avant la deadline de janvier, que de peu "de jours pour amorcer le processus de vaccination en prenant le soin de trancher la question la plus délicate, celle inhérente au choix du vaccin le plus approprié". Une façon, peut-être, de dire que non seulement les vaccins chinois et russe ne seront pas disponibles de sitôt, mais que leur "qualité" n’est pas encore prouvée.

Avec cette approche frileuse, défendue par Abdelaziz Djerad, selon laquelle il faut attendre de choisir le vaccin anti-Covid-19 en tenant compte de "l'impératif d'éviter toute précipitation ou décision aléatoire", l’Algérie pourrait finalement ne pas acquérir, avant plusieurs mois, une quantité suffisante de vaccins anti-Covid-19. En d'autres termes, et comme il est en panne d'idées, le gouvernement algérien attendra comme à son habitude de voir comment les autres pays vont procéder, avant de s'adonner au mimétisme.

Comme l’a écrit dans un média local le patron du Conseil régional de l'Ordre des médecins de Blida, le Dr Yacine Terkmane, les autorités algériennes se cachent derrière l’idée d’un "vaccin pré-qualifié par l'OMS dans le cadre du Covax, mécanisme organisé par l'instance onusienne pour garantir l'efficacité, la sécurité, la disponibilité, les meilleurs prix et une équité dans la répartition des vaccins. Or aucun vaccin n'a été à ce jour pré-qualifié par l'OMS".

Yacine Terkmane précise qu'étant donné la logistique et surtout la rigoureuse chaîne de froid à très basse température qu’impose l’importation des vaccins américain de Pfizer et britannique de Moderna, seuls les vaccins russe ou chinois pourront être acquis par l’Algérie.

Ce qui fait dire au quotidien local El Watan que "la campagne de vaccination ne pourrait intervenir dans le meilleur des cas que vers la fin du deuxième trimestre 2021…, au vu de toutes les procédures, administratives, scientifiques et réglementaires, préalables pour l'acquisition de ce produit, dont la source d'approvisionnement n'est à ce jour pas encore révélée".

En décrétant aléatoirement de commencer à vacciner la population algérienne à partir de janvier prochain, sans disposer de la moindre dose de vaccin, et sans fixer par ailleurs un ordre de priorité selon les catégories vulnérables ou les plus exposées, Andelmadjid Tebboune, dépassé par les événements à cause de la maladie qui le frappe, a tout simplement mis la charrue devant les bœufs.

Par Mohammed Ould Boah
Le 30/12/2020 à 16h19