Vidéos. Algérie: le Hirak brave le jeûne et la pluie

113e vendredi du Hirak en Algérie où les manifestations ne faiblissent pas, loin s'en faut, ce 16 avril 2021.

113e vendredi du Hirak en Algérie où les manifestations ne faiblissent pas, loin s'en faut, ce 16 avril 2021. . DR

Le mois du ramadan a donné plus de force au mouvement de contestation populaire le Hirak, les Algériens ayant massivement manifesté ce vendredi 16 avril 2021. Les détenus politiques ont été au centre des slogans hostiles aux généraux, scandés par les manifestants.

Le 16/04/2021 à 17h50

Si le régime algérien comptait sur le ramadan pour tempérer l’ardeur des manifestants, c’est peine perdue. Ce vendredi 16 avril, qui marque la 113e manifestation du Hirak, apporte la preuve que ni le mauvais le temps, ni le jeûne ne peuvent ébranler la détermination des Algériens à tourner la page du régime militaire qui gouverne le pays depuis 1962.

En plus des slogans traditionnels du Hirak appelant à jeter «les généraux à la poubelle», et la revendication d’un «Etat civil et non militaire» (dawla madania, machi askaria), les généraux en ont encore pris pour leur grade ce vendredi. En effet, dans toutes les grandes villes du pays, les manifestants ont exigé la libération de la soixantaine de détenus politiques, arrêtés ces derniers jours et incarcérés dans les prisons du pays.

«Ya les généraux ya khawana, atelgou wladna ysoumou maâna », (les généraux traîtres, relâchez nos enfants pour qu’ils passent le ramadan avec nous), ont ainsi scandé les manifestants. Ajoutant en guise de défi, un autre slogan : «Edouna gaa l’habss, echaab mahouch habes» (emmenez-nous tous en prison, le peuple ne s’arrêtera pas).

حراك الجمعة بالجزائر العاصمة ‏"الشعب يريد الإستقلال" ‏Nouveau vendredi de mobilisation à Alger ‏« Le peuple veut l’indépendance » ‏⁧‫#الحراك_متواصل‬⁩ ⁧‫#الجزائر‬⁩ ‏⁦‪#Hirak‬⁩ ⁦‪#Alger‬⁩ ⁦‪#Algerie‬⁩ #الجمعة_113 #Vendredi113

Posted by Khaled Drareni on Friday, April 16, 2021

A Alger, les manifestants ont même fait un crochet devant le commissariat de police sis à l’avenue Didouche Mourad, pour réclamer la libération immédiate des manifestants qui venaient juste d’être arrêtés. «Issaba haggara, noudou ya wlad el assima» (face à cette bande méprisante, levez-vous les jeunes de la capitale), ou encore «Echoubbane l’abriya fi essoujoune, fayn rahi al adala, fayn rah el kanoun?», (de jeunes innocents sont en prison, où est la justice, où est le droit ?).

S’agit-il d’un rappel cinglant au président algérien Abdelmadjid Tebboune qui a prôné l’apaisement le 18 février dernier en s’engageant à libérer tous les prisonniers du Hirak? D’ailleurs, la foule a encore une fois fustigé «Tebboune l’usurpateur».

D’autre part, le général Saïd Chengriha, chef d’état-major de l’armée algérienne, qui accueillait récemment son homologue français, a été pris à partie par de nouveaux slogans: «Les généraux Allah ynaâlkoum, mazal franssa tahkam fikoum» (Les généraux, qu’Allah vous maudisse: vous recevrez encore vos ordres de la France!).

A l’opposé, des effigies du chargé d’affaires à l’ambassade américaine à Alger, Gautam Rana, ont été brandies par les manifestants pour saluer son récent soutien au Hirak, à travers sa défense du droit des Algériens à manifester pacifiquement et à s’exprimer librement.

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Ce 113e vendredi apporte la preuve de l’inanité de l’usure sur laquelle le régime militaire parie pour l’essoufflement du Hirak. Bien au contraire, les slogans se radicalisent au fil des semaines, interpellant par des mots avilissants aussi bien les généraux que le président qu’ils ont placé au pouvoir.

Par Mohammed Ould Boah
Le 16/04/2021 à 17h50