Après une coupure de plusieurs heures, le Congrès a repris en soirée le processus de certification de la victoire du démocrate, en rejetant, au Sénat puis à la Chambre des représentants, les objections d'élus républicains visant les résultats de la présidentielle dans l'Etat de l'Arizona.
Joe Biden avait dénoncé, un peu plus tôt depuis le Delaware, un climat d'"insurrection".
Through war and strife, America has endured much. And we will endure here and prevail now. pic.twitter.com/OvNOV0ogWG
— Joe Biden (@JoeBiden) January 6, 2021
Les images prises de l'intérieur du majestueux bâtiment situé au cœur de la capitale fédérale américaine marqueront l'Histoire: élus portant des masques à gaz, agents de la police en civil arme au poing.
Elles resteront à jamais associées à la fin de mandat tumultueux de Donald Trump, qui apparaît désormais extrêmement isolé dans son propre camp.
Depuis des mois, il refuse d'accepter sa défaite et souffle sur les braises de la division en brandissant des théories du complot.
Des militaires de la Garde nationale ont été envoyés à Washington pour rétablir le calme après plusieurs heures d'extrême tension. Un couvre-feu est entré en vigueur en fin d'après-midi dans la ville, où l'état d'urgence sera prolongé durant deux semaines.
Au milieu de la confusion, une femme a été mortellement blessée dans le Capitole par un tir de la police de Washington. Cette résidente du sud de la Californie s'appelait Ashli Babbitt et était une ardente partisane du président Donald Trump.
Lors d'une allocution au ton grave, Joe Biden, qui s'installera à la Maison Blanche le 20 janvier, a dénoncé une attaque "sans précédent" contre la démocratie américaine.
Let me be very clear: the scenes of chaos at the Capitol do not represent who we are. What we are seeing is a small number of extremists dedicated to lawlessness. This is not dissent, it's disorder. It borders on sedition, and it must end. Now.
— Joe Biden (@JoeBiden) January 6, 2021
Il a appelé Donald Trump à s'exprimer "immédiatement" à la télévision pour réclamer "la fin du siège" du Capitole et de cette "insurrection".
I call on President Trump to go on national television now to fulfill his oath and defend the Constitution by demanding an end to this siege.
— Joe Biden (@JoeBiden) January 6, 2021
En guise d'allocution solennelle, le président américain s'est contenté de quelques tweets et d'une brève vidéo dans laquelle il a demandé à ses partisans de se tenir à l'écart de la violence et de "rentrer chez eux".
I am asking for everyone at the U.S. Capitol to remain peaceful. No violence! Remember, WE are the Party of Law & Order – respect the Law and our great men and women in Blue. Thank you!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 6, 2021
"Je vous aime (...). Je comprends votre douleur", a-t-il cependant ajouté dans un tweet entre-temps retiré par Twitter, évoquant une nouvelle fois une élection "volée".
The States want to redo their votes. They found out they voted on a FRAUD. Legislatures never approved. Let them do it. BE STRONG!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 6, 2021
La vidéo a été retirée peu après par Facebook qui a jugé qu'elle "contribuait aux risques de violence". Le réseau social a par la même occasion décidé de bloquer le président américain pendant 24 heures.
De son côté, Twitter a également supprimé la vidéo, a bloqué le compte @realDonaldTrump pour douze heures et l'a menacé de suspension permanente, des mesures sans précédent.
Le seul des prédécesseurs républicains de Donald Trump encore en vie, George W. Bush, a dénoncé des scènes de chaos dignes d'une "république bananière".
JUST IN: In a statement, former President George W. Bush called the insurrection at the U.S. Capitol "sickening and heartbreaking" and said it was "how election results are disputed in a banana republic — not our democratic republic."
— NPR Politics (@nprpolitics) January 6, 2021
Full statement: pic.twitter.com/CSd1IWjm2h
Pour Barack Obama, ces violences sont "un moment de déshonneur et de honte" pour l'Amérique.
Here’s my statement on today’s violence at the Capitol. pic.twitter.com/jLCKo2D1Ya
— Barack Obama (@BarackObama) January 7, 2021
"Scènes honteuses" Ces images ont suscité l'indignation à travers le monde.
Berlin a appelé les pro-Trump à "cesser de piétiner la démocratie". Londres dénonce des "scènes honteuses".
Le président français Emmanuel Macron a appelé à ne rien céder face à "la violence de quelques-uns" contre les démocraties.
We believe in democracy.#WeAreOne pic.twitter.com/dj3hs66KKn
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) January 7, 2021
Intervention remarquée: le chef de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé des "scènes choquantes", martelant que le résultat de cette élection démocratique devait être "respecté".
Shocking scenes in Washington, D.C. The outcome of this democratic election must be respected.
— Jens Stoltenberg (@jensstoltenberg) January 6, 2021
Ignorant le chaos au Congrès, le Dow Jones a terminé sur un nouveau record.
Selon la US Capitol Historical Society, c'est la première fois que le Capitole a été envahi depuis que le bâtiment avait été incendié par les troupes britanniques en 1814.
Dans un geste extraordinaire qui restera probablement dans les livres d'histoire, Donald Trump avait choisi de défier le Congrès en réunissant des dizaines de milliers de ses supporteurs à Washington.
"Nous ne concéderons jamais"A cette occasion, il s'en est pris avec une extrême virulence à son propre camp. Les ténors républicains sont "faibles" et "pathétiques", a-t-il lancé sous un ciel chargé de lourds nuages, à des dizaines de milliers de partisans.
"Nous n'abandonnerons jamais. Nous ne concéderons jamais" la défaite, a-t-il martelé, mettant la pression sur son vice-président Mike Pence pour qu'il "fasse ce qu'il faut".
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 6, 2021
Avant que les débats ne sombrent dans la confusion, Mike Pence avait bien commencé à présider la session conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat qui doit officialiser le vote de 306 grands électeurs en faveur de Joe Biden contre 232 pour Donald Trump.
Selon la Constitution, son rôle, essentiellement protocolaire, consiste à "ouvrir" les certificats envoyés par chacun des 50 Etats pour transmettre les votes de leurs grands électeurs.
Certains élus républicains avaient émis des objections aux résultats de l'élection dans certains Etats, mais plusieurs d'entre eux ont indiqué, après les incidents violents, qu'ils ne s'associaient plus à la démarche.
Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a martelé à la reprise que le Congrès ne se laisserait pas "intimider".
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Le sénateur républicain Lindsey Graham, un proche allié de Donald Trump, a de son côté annoncé qu'il cessait d'emboîter le pas du président. "Ne comptez plus sur moi. Trop c'est trop", a-t-il dit.
Sen. Lindsey Graham: "Joe Biden and Kamala Harris are lawfully elected, and will become the president and the vice president of the United States on January 20th" https://t.co/wTKxzqAo9U pic.twitter.com/B2zsNoHkgQ
— CBS News (@CBSNews) January 7, 2021
Et, selon certains médias américains, des ministres du milliardaire républicain ont discuté de la possibilité d'invoquer le 25e amendement de la Constitution, qui autorise le vice-président et une majorité du cabinet à déclarer le président "inapte" à exercer ses fonctions.
Le Sénat désormais démocrateLes violents incidents sont intervenus au lendemain de deux élections partielles en Géorgie remportées par les démocrates, qui ont ainsi repris le contrôle du Sénat aux républicains.
Le candidat démocrate Raphael Warnock a battu la sénatrice républicaine Kelly Loeffler et est entré dans l'Histoire en devenant le premier sénateur noir élu dans cet Etat du Sud traditionnellement conservateur.
Et Jon Ossoff a remporté la deuxième sénatoriale cruciale en Géorgie. A 33 ans, il va devenir le plus jeune sénateur démocrate depuis... Joe Biden en 1973.
Les démocrates auront 50 sièges au Sénat, comme les républicains. Mais comme le prévoit la Constitution, la future vice-présidente Kamala Harris aura le pouvoir de départager les votes, et donc de faire pencher la balance du côté démocrate.