Accusé de nombreuses agressions sexuelles, Harvey Weinstein gagne une manche en justice

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Un juge new-yorkais a annulé jeudi l'un des six chefs d'accusation qui pesaient sur le producteur de cinéma déchu Harvey Weinstein, une victoire pour la défense, qui réclame toujours l'annulation du dossier tout entier.

Le 12/10/2018 à 07h30

Avant la décision du magistrat, le ministère public avait accepté l'annulation de ce chef d'accusation pour agression sexuelle, suite à l'affaiblissement du témoignage de Lucia Evans, qui accusait Harvey Weinstein de fellation forcée en 2004. L'avocat de l'ancien magnat d'Hollywood, Benjamin Brafman, a indiqué qu'un document versé au dossier contredisait la version de Mme Evans.

Selon plusieurs médias américains, cette dernière aurait raconté avoir effectivement fait une fellation à Harvey Weinstein, mais de son plein gré, pour obtenir un rôle. Jusqu'ici connu seulement des parties et du juge, le document va être prochainement rendu public. "C'est un développement très important", a commenté après l'audience M. Brafman, qui a laissé entendre que le ministère public devrait poursuivre Mme Evans pour parjure.

La défense cherche à faire annuler toute la procédure et a déposé, début août, un recours en ce sens, produisant des éléments visant à discréditer une autre des trois femmes se disant victimes d'Harvey Weinstein. Le juge doit encore se prononcer sur ce recours, qui a mis au jour des correspondances montrant que la victime présumée a maintenu des contacts étroits et affectifs avec Harvey Weinstein après l'agression sexuelle présumée. "Il ne s'agit pas de stigmatiser les victimes", a prévenu Brafman, ou de "suggérer qu'une femme qui témoigne ne devrait pas être crue". "Il s'agit de la preuve qu'une personne qui a témoigné a menti devant un grand jury", a-t-il ajouté, en référence au jury qui a statué sur la validité des chefs d'accusation.

Immédiatement après avoir accepté l'annulation du chef d'accusation, la représentante du procureur, Joan Illuzzi-Orbon, a prévenu que l'accusation n'entendait pas reculer davantage, bien au contraire: "Nous avançons à plein régime", a-t-elle lancé à l'audience. Il s'agit néanmoins d'un sérieux revers pour l'accusation. Les condamnations en matière de crimes sexuels sont, en effet, rares au regard du nombre de personnes se disant victimes de tels faits.

Weinstein a été interpellé fin mai à New York, huit mois après la publication des premières accusations de harcèlement sexuel, d'agressions sexuelles et de viol le visant. Il a été inculpé de viol, d'acte sexuel forcé et de fellation forcée. L'homme de 66 ans a reconnu plusieurs relations avec des femmes qui se présentent comme victimes, notamment la principale victime présumée du dossier pénal, mais a toujours soutenu que ces rapports étaient consentis.

Depuis que le scandale sur les abus sexuels présumés du producteur a éclaté en octobre, près d'une centaine de femmes --dont des stars comme Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Salma Hayek-- ont affirmé avoir été victimes de l'ancien géant d'Hollywood. Jeudi, le principal avocat d'Harvey Weinstein a sous-entendu que le procureur de Manhattan, Cyrus Vance, avait inculpé l'ex-producteur sous la pression des médias et de l'opinion.

Il a notamment mentionné un article du New York Times paru deux jours avant l'inculpation de Harvey Weinstein, assez critique de Vance et de ses états de service dans la lutte contre les crimes sexuels. "Ce qui s'est passé, c'est qu'Harvey Weinstein avait été tant vilipendé qu'il était considéré comme une cible facile", qu'il fallait inculper, a estimé Benjamin Brafman, qui avait représenté Dominique Strauss-Kahn dans l'affaire Nafissatou Diallo. "Lorsque vous êtes vilipendé dans les médias comme l'a été Weinstein, il y a une tendance à juger à la hâte, ce qui est contraire aux notions d'équité et de respect de la procédure", a-t-il martelé.

Reconnaissant que la libération de la parole des victimes, devenue ras-de-marée depuis un an, était une bonne chose, il a néanmoins critiqué ce qu'il considère comme des excès de cette vague d'accusations. "Quand un mouvement pousse un procureur à arrêter des gens qui n'ont pas commis de crime et les inculper pour cela, alors, c'est un mouvement dangereux", a-t-il tempêté.

Le 12/10/2018 à 07h30