Accusé de favoritisme dans des nominations, Habib El Malki face à une dure épreuve, ce lundi au Parlement

Habib El Malki, président de la Chambre des représentants.

Habib El Malki, président de la Chambre des représentants. . DR

Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, fait face ce lundi 7 septembre à une rude épreuve, peut-être la plus difficile qu'il a eue à affronter en tant que l'un des dignitaires du pouvoir législatif, depuis 2016. Il se réunit avec le bureau issu de la première Chambre du Parlement.

Le 07/09/2020 à 14h04

Le motif de cette réunion est particulièrement délicat. Les membres qui composent le bureau de la Chambre, convoqués en urgence, doivent "juger" le président de cette Chambre sur les nominations controversées qu'il a récemment décidées, soit trois militants issus de l'USFP, son propre parti, qui, selon ses desiderata, doivent siéger à l'Autorité nationale de régulation de l'électricité (ANRE).

Habib El Malki a été dénoncé par presque l'ensemble des groupes parlementaires (aussi bien des rangs de la majorité que de ceux de l'opposition), à l'exception des élus du RNI, pour avoir récemment nommé, sans consulter quiconque, trois militants de l'USFP au sein de l'ANRE.

Le Bureau de la Chambre des Représentants, rappelons-le, avait été élu le 17 janvier 2017, au titre de la dixième législature actuellement en cours (2016-2021). Cette instance est composée des représentants de l'ensemble des partis politiques représentés au Parlement.

Après moult tergiversations, le chef socialiste de la Chambre des députés a finalement baissé les bras, et accepté de réunir les membres de ce bureau avec, comme l'ont exigé les députés, un seul et unique point inscrit à l'ordre du jour: celui de ces nominations qui ont provoqué un vrai tollé au Parlement.

Son alter ego, à la Chambre des conseillers, Hakim Benchamach, est lui aussi dans le collimateur des élus du Parlement, pour avoir suivi la même voie que Habib El Malki en nommant là aussi de manière unilatérale trois de ses proches, quant à eux issus du PAM, le parti de l'opposition qu'il avait dirigé, jusqu'en février 2020.

Les deux chefs du Parlement sont ainsi accusés de "violation de la constitution et du règlement intérieur des deux chambres" et de "partage d'un butin".

La nomination des proches des deux partis a largement été discutée, ces derniers jours, à Rabat. Il faut dire que Habib El Malki peut se reprocher quelques précédents, en matière de favoritisme.

Le président de la première Chambre du Parlement avait ainsi déjà nommé, sans consultation préalable, des militants de l'USFP pour siéger à la Haute Autorité de la Communication audiovisuelle (HACA, l'instance chargée de la régulation de l'audiovisuel marocain) et à la Commission en charge du droit à l'information.

"A chaque fois, El Malki s'excuse et s'en va, cette fois-ci, cela ne marchera pas comme cela", s'insurge, interrogé par Le360, Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM. Ce parti de l'opposition n'avait d'ailleurs pas hésité à "recadrer" le prédécesseur de son actuel chef, Hakim Benchamach, qui, du haut de son perchoir, a fait lui aussi montre de favoritisme en nommant à l'ANRE des militants de ce parti, dont le rôle a été entre-temps gelé dans ses instances. 

En tout état de cause, l'actuel patron du PAM n'écarte pas la possibilité d'un arbitrage royal, pour dénouer cette situation. 

Quant au numéro deux du Mouvement populaire (MP, majorité), Mohamed Ouzzine, il a, pour sa part, souhaité que la réunion qui doit se tenir ce lundi 7 septembre se déroule dans un climat de "sérénité et de responsabilité, loin de toute surenchère".

Pour Mohamed Ouzzine, "le but de la réunion n'est pas de faire monter la tension et l'escalade, l'objectif consiste à corriger une situation dans un climat de responsabilité".`La réunion doit débuter ce lundi à 15h30 au siège de la Chambre des représentants. Tant le PAM que le PJD demandent l'annulation de l'ensemble de ces nominations controversées. 

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 07/09/2020 à 14h04