Aide humanitaire: quand le chef du Polisario avertit contre le risque de famine à Tindouf

Brahim Ghali, patron du Polisario.

Brahim Ghali, patron du Polisario. . dr

Le chef du Polisario, Brahim Ghali, s'insurge contre "les tentatives de certaines instances internationales et de certains pays donateurs de réduire les aides humanitaires à la population de Tindouf", dénonçant une "guerre visant à affamer les réfugiés" et "saper sa résistance". Décryptage.

Le 25/01/2017 à 15h21

"Le président sahraoui a appelé mardi la communauté internationale, et à sa tête l'ONU, à intensifier les aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis dans les camps". L'appel, lancé à partir d'Alger, et relayé par l'agence de presse algérienne (APS), est à l'évidence un non-événement puisqu'il ne se passe pas un an en effet sans que la direction du Polisario pousse un cri de détresse et ne mette en garde contre le risque de famine dans les camps.

Sauf que cette fois, la direction du front séparatiste a troqué les trémolos consubstantiels à toute demande de mendicité contre la menace, comme si les pays donateurs étaient dans l'obligation de pratiquer des coupes dans les revenus de leurs contribuables pour entretenir les folies d'un front et celles d'un mentor algérien qui ne veut toujours pas entendre raison ni lever le siège imposé, quarante ans durant, à une population qui n'a jamais réellement bénéficié des aides internationales.

"Certaines instances internationales et certains pays tentent de réduire ces aides", observe le chef du Polisario, estimant que l'objectif visé à travers cette démarche et "en cette conjoncture précise" est "de faire pression sur le peuple sahraoui et de saper sa résistance"! 

Voilà qui semblerait, à en croire le chef du Polisario, justifier ce coup de rabot opéré par "certaines instances internationales et certains pays" sur le volume des aides humanitaires destinées à la population de Tindouf.

De qui se moque-t-il alors, ce chef du front du Mal? Brahim Ghali, qui a des comptes à rendre à la justice espagnole pour crimes de guerre contre les Sahraouis, ceux-là mêmes qu'il prétend défendre aujourd'hui contre "la guerre visant à les affamer", feint d'ignorer les raisons pour lesquelles "certaines instances internationales et certains pays" réduisent les aides destinées à la population de Tindouf.

Au lieu de se répandre en imprécations contre "certaines instances internationales et certains pays donateurs", il aurait pu simplement leur donner des gages que les aides octroyées profitent véritablement aux ayants-droit et ne soient pas détournées, comme à l'accoutumée, à des fins que tout le monde connaît: gonfler les portefeuilles et les comptes ouverts par lui-même et ses lieutenants en Suisse, en Espagne, et plus encore dans les pays nordiques où ils possèdent des villas et des commerces ayant pignon sur rue.

Il n'y a qu'à se référer au rapport accablant de l'Office européen de lutte anti-fraude, OLAF, sorti en février 2015, pour se rendre à l'insoutenable évidence: même le lait destiné aux nourrissons sahraouis est détourné, via le port d'Oran, et donc avec la complicité intéressée des hauts galonnés algériens, pour être revendu au marché noir à Nouadhibou (Mauritanie), Bamako (Mali), Niamey (Niger), voire à Alger!

Face à cette vérité accablante martelée par les enquêteurs de l'OLAF, Brahim Ghali aurait dû au moins avoir la décence de se taire et de nous faire grâce de ce énième appel à la charité.

De quelle résistance pourrait-il encore se piquer, -de la "résistance à la faim"? Cela suffit que les Marocains kidnappés et installés manu militari dans les camps de la honte aient résisté à cette faim programmée, que les officiers du Département du renseignement et de la sécurité, DRS algérien, ainsi que leurs seconds couteaux tapis dans leur QG capitonné à Rabouni, aient instrumentalisé ces pauvres hères à des fins éthiquement inacceptables, juridiquement répressibles, et politiquement rédhibitoires.

Jusqu'où pourront-ils pousser cette indécence et continuer à "affamer" les séquestrés, orphelins d'une "guerre" qui ne dit toujours pas son nom? Jusqu'où pourront-ils encore sacrifier l'avenir de nos frères séquestrés sur la foi d'une promesse d'"indépendance" qu'ils savent irréaliste et irréalisable?

S'il y a un reproche réel à faire à la communauté internationale, c'est d'avoir abandonné ces séquestrés entre les mains de ces vautours à visage humain, à Alger et à Rabouni, à l'origine de la plus grosse imposture qu'il n'ait peut-être jamais été donné à l'Humanité de connaître: le droit présumé du "peuple sahraoui" à l'autodétermination!

Qu'ils lèvent alors le siège autour de Tindouf, -cette immense prison à ciel ouvert-, personne n'y restera à coup sûr! A part, peut-être, leurs bourreaux. Peut-être, parce que les géoliers se sont déjà assuré un séjour doré sur les côtes de la Costa del Sol, en Espagne, le féerique Stockholm Ström, ou encore ce havre de prospérité qu'est Copenhague, capitale mondiale de la prospérité !

Pauvre "peuple sahraoui"...

Par Ziad Alami
Le 25/01/2017 à 15h21