Algérie et le Polisario ou la schizophrénie des droits de l'Homme

Camps de Lahmada.

Camps de Lahmada. . DR

Revue de presseKiosque360. Quelque 925 organisations de la société civile sahraouie interpellent Genève et dénoncent le caractère mensonger des allégations d'Alger et du Polisario sur les droits de l’Homme dans les provinces du sud.

Le 23/07/2020 à 19h18

La société civile sahraouie monte au créneau et frappe fort pour dénoncer les allégations d’Alger et du Polisario sur les atteintes aux droits de l’Homme dans les provinces du sud du royaume. Dans une lettre adressée à la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'Homme, Michelle Bachelet, elles ont été 925 ONG sahraouies actives dans les domaines des droits de l'Homme et du développement au Sahara marocain, excusez du peu, à monter au front pour contrer les mensonges répétés d’Alger et du Polisario et insister sur le caractère parfaitement normal de la situation des droits humains au Sahara. C’est ce qu’indique le quotidien Al Ahdath dans sa livraison du vendredi 24 juillet.

«En tant qu’organisations sahraouies actives de façon libre sur leur sol et dans leur pays, le Maroc, nous soulignons le caractère normal de la situation des droits de l'Homme au Sahara marocain», ont affirmé ces ONG. Et d’ajourer: «Ce qui est certain, c'est que nous travaillons dans un contexte prometteur et évolutif et que nous disposons également d'un espace de liberté régi par un cadre juridique et institutionnel évolutif et crédible».

En face, c’est loin d’être le cas, ni en Algérie ni dans les camps de Tindouf. Dans leur lettre, ces associations n’ont pas manqué de le relever. En matière de droits de l’Homme, l’approche adoptée par le Polisario, au même titre que son protecteur algérien, est qualifiée de «contradictoire» dans la mesure où il ne s’agit que d’un outil de propagande et de pression pour promouvoir leur projet séparatiste. Paradoxalement, les deux parties adverses s’abstiennent de fournir ne serait-ce que les moindres données sur la situation des droits humains dans les camps de Tindouf, relève Al Ahdath.

«Faut-il croire que l'Algérie et le Polisario sont plus conscients que nous, les ONG travaillant sur le terrain et vivant avec la population sahraouie, de la situation des droits de l'Homme au Sahara marocain? Est-il raisonnable d'accepter, en retour, la jouissance par la population détenue dans les camps de Tindouf de tous leurs droits et libertés?», se demandent ces associations.

Dans leur missive, la société civile sahraouie dénonce également «les tentatives (algéro-polisariennes, NDLR) de déstabilisation de nos provinces du sud en manipulant certains de nos jeunes pour les pousser à une confrontation violente avec les forces de sécurité, afin qu'elles puissent les utiliser dans de sordides campagnes médiatiques exploitant la liberté d'expression et de mouvement à l'intérieur et à l'extérieur du pays - sans aucun obstacle - dont jouissent tous les Sahraouis dans leur pays, le Maroc».

En revanche, et signe de la grande ouverture dont fait preuve le Maroc, l'attention de la Haut-Commissaire a été attirée quant au fait qu’elle avait, elle-même, rencontré les partisans du Polisario qui se rendent avec des passeports marocains à Genève où ils organisent leurs activités hostiles au Royaume avant de rejoindre le territoire national sans jamais être inquiétés. «Combien d'opposants de l'intérieur des camps de Tindouf ont-ils eu l'occasion de vous rencontrer et de retourner ensuite dans les camps?», s’interrogent ces ONG.

Les organisations de défense des droits de l’Homme ont aussi rappelé qu'en juillet 2018, le Comité des droits de l'Homme avait exprimé sa préoccupation face au mépris de l'Algérie de ses obligations et responsabilités conformément aux exigences des droits de l'Homme internationaux et du droit international humanitaire, en plaçant ses pouvoirs judiciaires entre les mains du Polisario. Elles ont considéré que les prétextes fournis par l'Algérie pour justifier la renonciation illégale à sa juridiction sont "juridiquement et moralement inacceptables", étant donné que la responsabilité de garantir le respect et la protection des droits de l'Homme incombe, conformément au droit international, à l'État partie et non aux acteurs non étatiques.

Par Maya Zidoune
Le 23/07/2020 à 19h18