Algérie: vive passe d’armes médiatiques entre le clan Bouteflika et l’ex-patron du DRS

La guerre entre le clan Bouteflika et celui de l'ex-patron du DRS, Mohamed Lamine Mediene, prend un nouveau tournant dangereux. Coup d'Etat en vue?

La guerre entre le clan Bouteflika et celui de l'ex-patron du DRS, Mohamed Lamine Mediene, prend un nouveau tournant dangereux. Coup d'Etat en vue? . dr

La guerre secrète que se livraient le clan Bouteflika et l’ex-patron du renseignement algérien, le général Mediene, s’invite désormais sur la place publique . La sortie médiatique de l’ex-patron du DRS pour prendre la défense du général «Hassan » n’est pas restée sans réponse. Contre-attaque.

Le 07/12/2015 à 18h43

Le clan Bouteflika et l’ex-patron du renseignement algérien, on le savait, s’écharpaient à visages couverts et sans que leur guerre ait jamais dit son nom. La donne, semble-t-il, a désormais changé à la faveur d’un bras de fer qui risque de mettre en danger la stabilité du voisin de l’est.

Alors, que s’est-il passé pour que les deux clans changent de fusils d’épaule et étalent leur «linge sale» en public ? l’étincelle qui a mis le feu aux poudres «médiatiques» est une lettre adressée pas plus tard que vendredi dernier aux rédactions des journaux algériens, dans laquelle le général «Tewfik» débarqué par décret présidentiel, en septembre dernier, de la tête du tout-puissant Département du renseignement et de la sécurité, DRS, prend la défense de son ancien bras droit le général Abdelkader Aït Ouarabi dit «Hassan», condamné dernièrement à 5 ans de prison ferme pour «infractions aux consignes militaires». Une lettre qui se veut un savant mélange de plaidoirie en faveur de l’ex-patron du contreterrorisme et de réquisitoire contre ce qu’il a qualifié de «justice injuste», en référence au verdict prononcé par le tribunal militaire d’Oran contre son ex-second couteau.

Une sortie qui pècherait, comme l’a souligné l’actuel ministre de la communication, Hamid Grine, non seulement par son «illégalité» sachant que son auteur, ex-commis d’Etat, a failli à «l’obligation de réserve», mais aussi et surtout par son «hyper-violence». Le combat d’arrière-cour mené par celui qui était surnommé «faiseur de présidents» en Algérie devient dangereux dès lors qu’il est publiquement déclaré et devient ainsi une affaire d’ «opinion publique». La riposte du clan présidentiel n’a pas tardé à être apportée, bien qu’officieusement et un peu tardivement, c’est-à-dire trois jours après que l’ex-patron du DRS n’ait brisé le silence en ce mémorable vendredi 5 décembre.

Contre-attaque du clan Bouteflika contre le mystérieux «Tewfik»Comme nous le disions plus haut, il a fallu trois jours pour que le clan présidentiel riposte officieusement par médias interposés. Le général, amer, a barré les manchettes de la presse quotidienne de ce lundi 7 décembre. El Watan, le Quotidien d’Oran, El Moujahid, Al Khabar, j’en passe et des meilleurs, ont asséné leurs premiers coups de plume dans leur édition actuelle à l’ex-patron du DRS, amateur des cigares cubains et des matches de la NBA. Et vas-y que je te corrige cet «homme dégalonné qui ne pèse plus rien sauf d’être une boîte noire d’archives» ! Et ce n’est pas tout … L’ex-général en prendra aussi pour ses galons pour avoir mordu la main qui lui tendait à manger … On a été jusqu’à fouiller dans son passé, proche ou lointain, pour le cuisiner sur certaines incohérences. Comme celle-ci : le général «use aujourd’hui d’une violence langagière» inédite après avoir «lâché les siens, en 2004, pour soutenir la candidature de Bouteflika pour son deuxième mandat» !

Le général est également accusé de troquer son béret d’ex-général contre la robe noire de l’avocat, en entreprenant, envers et contre la sacro-sainte «obligation de réserve», la défense de son ancien «camarade» avec qui il a partagé les bancs à l’école de l’ancien KGB de la défunte URSS, en l’occurrence le général Abdelkader Aït Ouarabi dit «Hassan». «Le soutien sélectif du général Tewfik », titre El Watan, qui l’accuse d’oublier d’autres officiers du DRS démis et qui risquent la peine de prison ferme, à l’instar du général Djamel Kehal Medjdoub d'écoper de 3 ans de prison dans le cadre de l'affaire dite de Zéralda, sans oublier ce troisième général à la retraite, Hocine Benhadid, qui dénonçait la mainmise des proches du président Bouteflika sur les affaires de l’État, et qui est toujours en prison en attendant son procès…

Voyez, on pourrait allonger la liste mais abrégeons : l’heure est grave en Algérie. Y compris et surtout pour le président et son frère Saïd Bouteflika qui, comme l’a révélé Mondafrique, dans son édition de ce lundi 7 décembre, craignent pour leur vie et renforcent leur sécurité personnelle. 

Par Ziad Alami
Le 07/12/2015 à 18h43