Antiterrorisme: la DGST marocaine avertit la France d’un acte violent, cinq femmes interpellées

Abdellatif Hammouchi, patron du pôle DGSN-DGST.

Abdellatif Hammouchi, patron du pôle DGSN-DGST. . DR

Cinq femmes ont été interpellées dans la nuit de samedi à dimanche dernier, 4 avril 2021, à Béziers, dans le sud de la France. L'une d'entre elles est soupçonnée d'avoir voulu commettre une action violente. Les autorités françaises ont agi sur la base d’informations précises données par la DGST marocaine. Explications.

Le 06/04/2021 à 12h12

Selon l’AFP, ces interpellations ont été effectuées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), sur la base d'éléments laissant craindre une action violente, a-t-on expliqué de source proche de l'enquête, en soulignant que les gardes à vues venaient de débuter et qu'il s'agissait de déterminer la nature du projet éventuel.

De sources informées, Le360 apprend que ces interpellations ont été effectuées sur la base d’informations qui ont été transmises par la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) à son homologue français, la DGSI.

Selon la DGST, l'une des femmes interpellées, une franco-marocaine, aurait planifié un attentat contre une église.

Ce n’est pas la première fois que la coopération entre les services marocains et français à propos de la lutte contre le terrorisme donne des résultats probants. C’est en effet grâce à la DGST, par exemple, que les services français avaient pu localiser, et neutraliser, à Saint-Denis, en région parisienne, Abdelhamid Abaaoud, terroriste belgo-marocain impliqué dans les attentats du 13 novembre 2015. 

Pour revenir à l’arrestation des cinq femmes, une source judiciaire a précisé à l’AFP qu'une seule des interpellées est actuellement soupçonnée d'avoir voulu commettre une action violente. Les quatre autres femmes interpellées, la mère et trois soeurs de la personne initialement visée par l'opération, dont au moins une est mineure, l'ont été parce qu'elles étaient présentes au domicile au moment de l'interpellation, a indiqué cette source interrogée par l'agence de presse française.

D'après Le Point, ces interpellations ont été réalisées "dans le quartier populaire de La Dévèze", au sud-est de Béziers. L'hebdomadaire a également indiqué, citant une source locale, que ces femmes "étaient connues pour être radicalisées et, concernant certaines d'entre elles, pour avoir visionné des vidéos" du groupe Etat islamique (Daech).

Même si les actions terroristes d'inspiration jihadiste sont très majoritairement perpétrées par des hommes, des femmes ont déjà été condamnées en France pour de tels actes.

Quatre femmes, devenues le "visage du jihad au féminin" selon le parquet antiterroriste à l'époque, dont Ornella Gilligmann et Inès Madani, qui avaient tenté de faire exploser une voiture près de Notre-Dame de Paris en 2016, avaient ainsi été condamnées en 2019 à des peines allant jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.

Voici, par ailleurs, un communiqué de la DGST comme relayé par la MAP:La Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) a transmis, le 1er avril 2021, aux services de renseignements français extérieurs et intérieurs (DGSE-DGSI), des informations précises concernant une citoyenne française d'origine marocaine, qui préparait une opération terroriste imminente visant un lieu de culte en France (église).

Sur la base de ces renseignements, les autorités françaises compétentes ont procédé, les 3 et 4 avril à des opérations d'interpellations et de saisies ayant permis de neutraliser les risques de ce projet terroriste, selon le porte-parole de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et de la DGST. Les informations fournies par la DGST aux services sécuritaires français concernés comprenaient des données personnelles sur la suspecte principale et ses données d'identité électroniques, ainsi que sur le projet terroriste qu'elle s'apprêtait à exécuter en coordination avec des éléments de l'organisation terroriste "Daech", ajoute-t-on de même source. 

Les autorités françaises ont été informées en temps utile que la suspecte principale était en phase finale d'exécution de son projet terroriste suicidaire à l'intérieur du lieu de culte, en plus de cibler les fidèles avec une grande épée pour les tuer et les mutiler. La DGST a également mis à la disposition des autorités françaises des informations sur le niveau d'extrémisme atteint par la femme porteuse de ce projet terroriste, notamment son intention imminente de commettre des actes de meurtre et de décapitation en s'inspirant des vidéos et des contenus numériques diffusés par l'organisation terroriste "Daech", que la suspecte visionnait régulièrement.

Le partage de ces informations avec les services français s'inscrit dans le cadre de l'adhésion du Maroc aux mécanismes de coopération internationale de lutte contre les organisations terroristes, de consécration de la paix et de la stabilité dans le monde, ainsi que dans le sillage du renforcement de la coopération entre la DGST et les services de renseignements français dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et face à la recrudescence des menaces de l’extrémisme violent qui vise la sûreté et la sécurité des citoyens des deux pays.

Par Mohammed Boudarham
Le 06/04/2021 à 12h12