Audit des communes: des présidents "intouchables"?

Dr

Revue de presseKioque360. Certains présidents de commune passent toujours entre les mailles des inspections mêmes s’ils sont épinglés par la Cour des comptes. Ces "intouchables" seraient protégés par de hauts responsables dans certaines administrations.

Le 20/12/2018 à 22h03

Les élus de plusieurs communes attendent avec appréhension les résultats des audits effectués par des commission d’inspection de l’administration centrale. Il s’agit particulièrement de certains présidents "très influents" qui bénéficient de la protection de hauts responsables. Leur influence est telle qu’ils ont eu le feu vert d’engager des millions de dirhams alors qu’ils étaient impliqués dans des marchés douteux et des projets défectueux.

Certains élus craignent, toutefois, que ces contrôles ne soient classés comme l’ont été d’autres, précédemment, après le passage des dizaines de commissions d’enquête. Rien n’a changé depuis des années dans certaines communes dont les présidents ont été pourtant épinglés par la cour des comptes comme c’est le cas pour celles de Lahraouine et Tit Mellil.

Certaines sources révèlent que le président du Conseil de la commune de Lahraouine a été accusé de corruption dans des procès verbaux de réunions officielles. Il aurait perçu de pots-de-vin en contrepartie de l’exonération des entrepreneurs de la taxe sur les terrains non bâtis. Les mêmes sources indiquent que ce président est protégé par un ex-cadre de l’administration territoriale qui continue à contrôler, à distance, les projets et les marchés de la commune. Voire, ajoutent-elles, c’est ce même responsable qui gère les dossiers qui font l’objet d’audit à partir de sa résidence à Mohammedia.

Le quotidien Assabah rapporte, dans on édition de ce vendredi 21 décembre, que des sources proches des commissions d’inspection affirment qu’il existe des suspicions de détournement de dizaines de milliers de dirhams dans les budgets de carburants et les salaires des agents occasionnels. Des accusations auxquelles il faut ajouter le scandale du chantage des entrepreneurs qui a fait l’objet d’une plainte auprès du procureur du roi. Certains membres du Conseil de la commune ont indiqué que le président a fait croire aux membres de son bureau qu’il accordait des exonérations à des entrepreneurs sur instructions du gouverneur.

Les investigations en cours compromettent des sociétés qui monopolisent les marchés des communes précitées. Leurs présidents ont été sommés de fournir des réponses aux questionnements des cours régionales des comptes, relatifs à la gestion financière.

Le quotidien Assabah rapporte que les magouilles constatées dans la gestion de la commune de Tit Mellil relèvent de détournements passibles de poursuites judiciaires. Il évoque notamment l’accaparation, par les mêmes sociétés, de centaines de marchés douteux depuis des dizaines d’années. Le Conseil de la commune a toujours refusé de désigner les membres et le président de la commission des ouvertures des plis. Pour cacher les traces de toute anomalie, les responsables ne conservaient pas les dossiers des concurrents et ne dressaient pas les listes des réalisations et des achats.

Les enquêteurs ont constaté que les bons de commande constituent le meilleur moyen de dilapider les deniers publics. Les conseils élus et les administrations publiques, qui sont dans le collimateur des inspections, les utilisent-elles pour dissimuler des dysfonctionnements qui relèvent des détournements des deniers publics?

Par Hassan Benadad
Le 20/12/2018 à 22h03