Benkirane et les «milices électroniques» du PJD: les liaisons dangereuses

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD).

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD). . DR

Revue de presseKiosque360. Le chroniqueur du site d’information «Ahdate.Info» gratifie son lectorat d’une nouvelle tribune détricotant les liens entre les «milices électroniques» du PJD et Abdelilah Benkirane. Liens démentis par le chef du PJD mais confirmés par les faits.

Le 25/10/2016 à 21h47

«Je ne les connais pas et ne sais pas qui en est derrière… Elles doivent cesser immédiatement de colporter des allégations à l’encontre de quiconque». Cette injonction martelée le 14 octobre, et donc une semaine après la «conquête de la Mecque!» (percée électorale du PJD lors des législatives du 7 octobre), porte la signature de Abdelilah Benkirane.

L’effet de surprise produit par le désaveu du chef d’"état-major" du PJD a porté au-delà de sa cible, soit les «milices électroniques» du PJD, pour toucher tous les partis qui, avant ce 14 octobre, étaient les victimes tout indiquées de leurs "raids" verbeux!, s’exclame le chroniqueur du site «Ahdate.Info», dans une nouvelle tribune dédiée au parti islamiste de Abdelilah Benkirane.

«Un tel propos a suscité des remous dans les rangs des milices au point de pousser les préposés mêmes à leurs sales besognes d’exprimer ouvertement leur agacement face à l’ingratitude du secrétaire général», s’exclame encore le chroniqueur du site «Ahdate.Info», Abderrahmane Al Mansi.

Mais qu’est-ce qui aurait bien pu changer chez le chef du PJD pour renier ses propres troupes? «Benkirane a-t-il soudainement pris conscience de l’ampleur des boucheries perpétrées par les milices de son propre parti?», s’interroge le chroniqueur du site «Ahdate.Info». «Ne s’agirait-il pas plutôt d’un «mensonge blanc» de la part de Benkirane, après avoir livré son ultime bataille contre «l’hégémonisme» pour s’imposer en maître incontesté face au pluralisme intellectuel et politique?», se demande encore le chroniqueur.

La sortie de Benkirane remet à l’esprit ce mémorable projet de création d’un réseau d’appui à la défense de l’intégrité territoriale du Maroc à travers la Toile bleue proposé par le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, un certain 13 juin 2015, et annoncé à grand roulement de tambours par les journaux du PJD et assimilés…

sahara.gov.ma«Un de ces jours, le ministre de la Communication a sorti de son chapeau un projet de création d’un réseau dit d’appui à la défense de l’intégrité territoriale du Maroc à travers l’univers cybernétique … Une page a été mise sur place sous l’adresse sahara.gov.ma et dont la création a été confiée à de jeunes webmasters. A cet effet, le ministre El Khalfi n’a pas lésiné sur les moyens (de l’Etat!) en tirant la couverture vers lui et, derrière lui, son parti, tentant de cultiver l’image du généreux qui ne cherche qu’à servir l’intérêt général», démasque le chroniqueur du site «Ahdate.Info».

«Le projet du ministre El Khalfi a reçu le soutien de tout le Maroc officiel, tout naturellement d’ailleurs puisque le projet en question concernait la première cause de tous les Marocains… Tout le monde était donc aux côtés de l’auteur de la célèbre formule «Je suis clair» jusqu’au jour où le masque est tombé… Il a dit qu’il oeuvrait pour la défense du Maroc mais il s’est avéré qu’il défendait le projet des Frères!», a cinglé le chroniqueur Abderrahmane Al Mansi.

Hassan Ben Chiheb, VRP des «milices électroniques»!«Il s’agit d’un jeune qui, à l’instar de tous les jeunes fascinés par la Toile bleue, était en quête d’un gagne-pain. Soudain, il se met à parler au nom du ministre El Khalfi et dire qu’il était chargé de préparer une rencontre avec le Chef de gouvernement (le statut gouvernemental est ici important à préciser, puisque le projet a été présenté au nom d’une institution gouvernementale et non d’un parti…). Une invitation a été adressée à un groupe de professionnels du Web, -ainsi ont-ils été présentés par la presse des Frères. Et la photo de la rencontre a été diffusée par les participants. Que leur a dit Benkirane? Leur a-t-il raconté une blague? A-t-il chanté? Dansé? A-t-il parlé de lui? De ses proches? Ou des lutins?». On n’en sait rien. Une chose est sûre: une pléthore de pages verront le jour sur le Web pour défendre Benkirane et son parti.

Bienvenue au «tcharmil politique»!Les «milices électroniques» du PJD ont mené une sorte de «tcharmil politique» à l’encontre de tous les personnages publics, des professionnels du journalisme aux partis politiques, en passant par les écrivains et les intellectuels. Elles ont usé d’un lexique dépréciateur, voire insultant. Il suffit d'exprimer un avis contraire pour se voir traité d’ennemi, à la faveur d’un «tcharmil» qui devient curieusement l’un des piliers de la religion!», s’exclame encore le chroniqueur de «Ahdate.Info». Et d’ajouter, d’un ton ironique: «Benkirane ne connaît pas les milices dont il a lui-même supervisé la création! pour descendre en flammes des adversaires dont le seul "délit" est de porter un projet différent et le revendiquer haut et fort".

Reste à savoir pourquoi Benkirane a désavoué ses propres milices. A toutes fins utiles, il faut préciser que ce désaveu a eu lieu après qu’il s’est assuré la formation du prochain gouvernement. Le score qu’il a remporté à l’issue du scrutin du 7 octobre, combiné à celui de son allié inconditionnel (PPS), ne lui suffisait pas pour constituer un gouvernement. «Après la conquête de la Mecque (scrutin du 7 octobre), le PJD n’a pas eu les 200 sièges jurés la main sur le coeur par ses milices électroniques», fait remarquer le chroniqueur. Il était donc obligé de se tourner vers les autres partis, ceux-là mêmes qui étaient visés par ses quolibets pour pouvoir constituer une majorité et former un gouvernement. Mais les séquelles de sa guerre étaient bien plus profondes pour guérir de sitôt.

Par Ziad Alami
Le 25/10/2016 à 21h47