Briefing de Christopher Ross ce mardi au Conseil de sécurité: la frappe préventive de Omar Hilale

Omar HILALE, Ambassadeur, Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès de l'Office des Nations Unies

Omar HILALE, Ambassadeur, Représentant Permanent du Royaume du Maroc auprès de l'Office des Nations Unies . DR

Le Conseil de sécurité se réunit ce mardi pour un briefing de Christopher Ross, envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, et Kim Bolduc, chef de la MINURSO. La veille de ce briefing, l’ambassadeur du Maroc à l’ONU, Omar Hilale, a distribué une note aux membres du Conseil. Révélations.

Le 18/10/2016 à 17h25

Anticipant le "coup" de l'émissaire onusien Christopher Ross, attendu ce mardi 18 octobre au Conseil de sécurité pour un briefing sur le processus de négociations, bloqué depuis 2013, l'ambassadeur représenant du royaume du Maroc auprès de l'ONU, Omar Hilale, a distribué aux quinze membres du Conseil, permanents et non permanents, une note explicative de la position du Maroc sur la difficultés que connaît le dossier saharien et la situation prévalant dans la région de Guerguerate.

Dans cette note, distribuée la veille du briefing de Ross et de Kim Bolduc, et dont Le360 a eu vent auprès de sources diplomatiques à New-York, la représentation diplomatique marocaine accuse le Polisario de "politiser" l'intervention entreprise par le Maroc depuis le 14 août dernier au-delà du mur de sécurité, dans la zone tampon de Guerguerate, pour assainir cette région de toutes sortes de trafics (armes, drogues, voitures volées, cigarettes de contrebande, etc).

A ce sujet, et contrairement aux "avances" du SG adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, Hervé Ladsus, le Maroc affirme avoir bel et bien avisé la MINURSO de cette opération, précisant que l'intervention marocaine ne constitue en aucun cas une "violation de l'accord de cessez-le-feu" signé le 15 octobre 1991.

Par ailleurs, la note de briefing distribuée par la représentation diplomatique marocaine réaffirme l'engagement du royaume dans le processus politique en conformité avec l'Initiative marocaine pour l'octroi d'un statut d'autonomie au Sahara, à l'origine du lancement en 2007 du processus de négociations de Manhasset, banlieue new-yorkaise.

Anticipant sur les "griefs" que Christopher Ross formulerait dans son briefing au sujet de présumés obstacles dressés par le Maroc à sa tournée régionale, prévue en début d'automne, la représentaion diplomatique marocaine précise avoir simplement demandé le "rééchelonnement" de cette tournée en raison des élections législatives du 7 octobre et de la formation d'un nouveau gouvernement, notant que le SG sortant de l'ONU est attendu en novembre à Marrakech pour particper aux travaux de la Conférence internationale sur le Climat (COP22).

Ce qu'il faut attendre des briefing de Ross et de Bolduc

En ce qui concerne l'intervention de Christopher Ross, il est prévu qu'il passe en revue ses "efforts" en vue de l'organisation d'un cinquième round de négociations entre les parties au conflit et peut demander, à cet effet, l'appui du Conseil de sécurité. Sur ce point, il est attendu que l'émissaire du SG de l'ONU pour le Sahara, ancien ambassadeur américain à Alger, évoque les différents obstacles rencontrés pour remettre les parties autour de la table des négociations, en tentant de concentrer le tir sur la partie marocaine, accusée d'entraver sa tournée régionale qui était prévue en début octobre.

Le "médiateur" onusien, désavoué par Rabat en 2013, après avoir fait le jeu d'Alger et du Polisario en revendiquant l''extension du mandat de la MINURSO au monitoring des droits de l'Homme, tentera de combler ce "déficit de crédibilité" en se défaussant encore une fois sur le Maroc, à la faveur de son parti pris en faveur de la partie adverse jusqu'ici épargnée de ses critiques en dépit des violations systématiques des droits de l'Homme à Tindouf, sans compter sa thèse contreproductive et "irréaliste" quant à l'issue à donner au conflit créé autour du Sahara.

Pour rappel, le Conseil de sécurité avait appelé, dans sa résolution 2285, à la poursuite des négociations, sans conditions préalables, en vue de parvenir à une solution politique au différend saharien.

Pour sa part, Kim Boduc, chef de la MINURSO, devrait briefer les quinze membres du Conseil de sécurité sur les activités de la Mission, en particulier dans la région de Guerguerate, où le Maroc mène depuis le 14 août une opération d'assassinissement en construisant une route reliant cette localité marocaine au nord de la Mauritanie. Une situation qui s'est tendue en raison de la provocation à laquelle continue de se livrer le Polisario, après avoir dépêché à la lisière de Guerguerate, à 120 mètres du chantier des travaux lancé par le Maroc, d'un escadron de trente-deux éléments armés, en violation de l'accord militaire N1 signé à la mi-octobre 1991.

A ce propos, il est attendu que le Conseil de sécurité appelle les parties à "faire preuve de retenue", comme il l'a fait à la mi-août 2016, à l'issue du briefing du SG adjoint de l'ONU chargé des opérations de maintien de la paix, le Français Hervé Ladsus.

Figure à l'ordre de ce briefing également, la question de la restauration de la "pleine fonctionnalité" de la MINURSO au Sahara, comme cela a été recommandé par le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2285. A cet effet, il faut bien noter que seulement vingt-cinq sur soixante-treize éléments de la composante civile de la MINURSO ont pu regagner leurs postes à Laâyoune. Mais la responsablité en incombe plutôt à l'ONU, précisément aux lenteurs bureaucratiques de cette organisation. Le Maroc avait souligné à maintes occasions sa disposition pleine et entière à coopérer avec l'ONU pour faciliter le retour des fonctionnaires expulsés en mars dernier, en représailles contre les dérapages de Ban ki-moon lors de son déplacement début mars à Tindouf et Alger, qualifiant le Sahara de "territoire occupé".

Autant d'erreurs gravissimes qui ont émaillé le mandat de Ban Ki-moon et celui de son "émissaire Christopher Ross (nommé en 2009), et que le désormais SG de l'ONU, le Portugais Antonio Guterrez, va pouvoir corriger, à la faveur du règlement d'un conflit qui n'a que trop duré. L'ancien Haut-commissaire aux réfugiés (HCR) en a la compétence et une connaissance approfondie pour y parvenir. Pourvu qu'Alger cesse de faire obstruction aux efforts internationaux pour solder ce différend plus que quarantenaire!

Par Ziad Alami
Le 18/10/2016 à 17h25