Carburants, Gazoduc Maghreb-Europe, etc: Benkirane tire à boulets rouges sur Akhannouch

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, lors d'un live sur sa page Facebook, le mardi 19 avril 2022. 

Abdelilah Benkirane, secrétaire général du PJD, lors d'un live sur sa page Facebook, le mardi 19 avril 2022.  . Capture Facebook

Dans une vidéo postée sur sa page Facebook mardi 19 avril 2022, le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, a réagi au clash entre Aziz Akhannouch et Abdellah Bouanou, survenu lundi dernier au Parlement. Il a dit vouloir clarifier certains points concernant la libéralisation des carburants et l’arrêt du gazoduc Maghreb-Europe.

Le 20/04/2022 à 17h17

Le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, ne semble pas apprécier les propos tenus par le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, à l’égard du député PJD Abdellah Bouanou, lors de la séance mensuelle des questions de politique générale, lundi 18 avril dernier à la Chambre des représentants.

L’ancien chef du gouvernement n’a pas tardé à le faire savoir en postant un nouveau live sur sa page Facebook tard dans la soirée d’hier, mardi 19 avril 2022.

ردا على ادعاءات رئيس الحكومة

ردا على ادعاءات رئيس الحكومة https://youtu.be/d1M0MxFgFNU

Posted by ‎عبد الإله ابن كيران - Abdelilah Benkiran‎ on Tuesday, April 19, 2022

Evoquant la libéralisation des carburants, Abdelilah Benkirane a dit assumer pleinement cette décision. «Je suis fier que Dieu m’ait donné l’inspiration. Personne ne me l’a demandé. Quand je suis venu en 2012, la Caisse de compensation coûtait au budget de l’Etat 54 milliards de dirhams. Le pétrole avait entre-temps atteint 117 dollars le baril. Si nous ne faisions rien, la caisse de compensation allait “bouffer” la moitié du budget. J’ai alors décidé de prendre mes responsabilités, quitte à sacrifier ma personne et mon parti. On a commencé à introduire une série de mesures: une augmentation des prix, suivie de l’indexation, puis la levée définitive de la subvention. C’est grâce à cette réforme que le gouvernement actuel a pu épargner 60 à 100 milliards de dirhams».

Abdelilah Benkirane a reconnu avoir toutefois commis une erreur, en pensant que la libéralisation allait faire jouer la concurrence et faire baisser les prix. «Les compagnies se sont probablement entendues pour récupérer d’une manière ou d’une autre les montants qui leur étaient alloués par la Caisse de compensation. Elles ont continué à vendre à un prix élevé, alors que le baril est descendu sous les 40 dollars. Cela leur aurait permis de partager 17 milliards de dirhams de bénéfices supplémentaires», a-t-il affirmé.

Il est allé jusqu’à mettre en doute la crédibilité des données communiquées par les distributeurs à la Caisse de compensation. «La directrice de la caisse m’a indiqué qu’elle n’a aucun moyen qui permet de s’assurer de l’exactitude des informations émanant des compagnies».

Abdelilah Benkirane a également dit comprendre la conjoncture exceptionnelle imposée par le conflit armé russo-ukrainien, mais a estimé que le gouvernement aurait pu renoncer à une partie des recettes additionnelles (taxes) résultant de la hausse des prix à la pompe, en acceptant une réduction de 0,50 à 1 dirham le litre, à l’instar d’autres pays.

«Les compagnies de distribution, dont les bénéfices auraient atteint 38 milliards de dirhams, pourraient à leur tour faire un effort et réduire leurs marges. Un geste qui aurait pu soulager les consommateurs», a ainsi souligné Abdelilah Benkirane.

Il convient de préciser que Akhannouch a remis lui aussi en doute les chiffres annoncés par les leaders du PJD, en particulier le montant de 17 milliards de dirhams. 

«Il doit y avoir une erreur quelque part. Les marges actuelles se situent aux mêmes niveaux observés en 1997. Si votre objectif consiste à revenir à la subvention, mettez-vous d’accord avec le chef de votre parti», avait lancé, lundi, Aziz Akhannouch à l’adresse de Abdellah Bouanou.

La réponse de Abdelilah Benkirane ne s’est pas fait attendre: «Qui vous empêche de remettre la subvention. S’il n y avait pas cette réforme, vous devriez aujourd’hui vous retrouver face un trou dans le budget», a-t-il répondu à son tour.

Abdelilah Benkirane a tenu à réagir aux «accusations» de Aziz Akhannouch concernant le gestion du dossier du Gazoduc Maghreb-Europe. Ce dernier avait pointé le silence, voire le retard pris par le gouvernement El Othmani (et surtout l’ancien ministre de l’Energie, Aziz Rabbah) qui a «attendu le dernier moment pour annoncer la fin du contrat gazier avec l’Algérie».

Abdelilah Benkirane a qualifié ces propos de graves, ajoutant qu’il s’agit d’une décision «souveraine» et que le Roi suivait de près ce dossier. «Comment cela pourrait vous surprendre alors que Mme Amina Benkhadra, DG de l’ONHYM et membre du RNI, a tenu à rassurer que cette décision n’aura qu’un impact insignifiant sur la performance du système électrique national?».

Un échange musclé avait eu lieu au Parlement lundi dernier entre le chef du gouvernement et Abdellah Bouanou. «Certaines questions ne méritent pas de réponse. Cela fait 5 à 7 ans qu’on reprend cette cassette. Les Marocains le savent et les résultats des élections sont là pour l’attester. Vous demandez aux autres de faire en six mois ce que vous n’avez pu faire en dix ans», avait alors affirmé Aziz Akhannouch.

«Permettez-moi de dire la vérité aux Marocains. C’est bien le PJD qui a augmenté les prix, qui a libéralisé les carburants. Ils étaient au gouvernail pendant dix ans et n’ont pas pu sécuriser un stock stratégique national en hydrocarbures» avait ajouté le chef du gouvernement.

Par Wadie El Mouden
Le 20/04/2022 à 17h17