Comment l’IMA, en invitant une activiste du Polisario, se trompe de vocation

L'activiste et porte-voix du Polisario, Aziza Brahim.

L'activiste et porte-voix du Polisario, Aziza Brahim. . DR

Institution a vocation strictement artistique et culturelle, l’Institut du monde arabe s’est oublié en invitant Aziza Brahim, une activiste du Polisario à se produire en concert. Erreur.

Le 29/01/2019 à 12h14

L’Institut du monde arabe de Paris nous avait pourtant habitués à des manifestations culturelles de haute volée, rendant justice aux cultures arabes et valorisant leurs différentes expressions et multiples talents. Mais quelle mouche les a donc piqués, cette fois-ci? 

Dans le cadre de son premier festival «Les Arabofolies», l’IMA en a surpris beaucoup, en offrant une scène d'expression où doit se produire l'une des activistes du front Polisario, et donc porte-voix du séparatisme. La chanteuse Aziz Brahim est y est ainsi attendue le 10 mars prochain, soit précisément à la clôture de cet événement censé se dérouler sur 6 jours, 3 fois par an - et dont il s'agit là de la première édition! De mieux en mieux: cette chanteuse aux étranges messages est présentée comme «la voix de la résistance et l'icône du peuple sahraoui». Rien de moins...

Or, bien connaître Aziza Brahim, c’est comprendre, très vite, que son ambition est tout ce que l'on veut, sauf artistique. Née dans les camps de Tindouf en 1976, elle s’est entre-temps installée à Cuba, puis en Espagne. Mais pour systématiquement et régulièrement revenir dans ces camps, y rencontrer ses dirigeants, dans le but de servir de porte-voix à leur thèse séparatiste.

Le tout, en suivant un agenda politique et une stratégie de plus en plus marquée, pour faire de techniques artistiques, qu'elle maîtrise, du reste, une arme pour attirer davantage d'aides humanitaires, bien souvent détournées, et, surtout, la sympathie de l’opinion publique internationale envers le front polisario. On l'aura donc compris: si la technique y est, l'art désintéressé, à portée universelle, lui, est désormais bien loin... 

En invitant Aziza Brahim, l’IMA glisse ainsi, et non sans dangers, vers des considérations autres que celle de la défense des arts et des cultures riches et diversifiées du monde arabe. L'institut sert ainsi de caisse de résonnance et de tribune où non à des talents, mais à l'expression de thèses politiques. La voix -et les messages- de cette chanteuse ne manqueront pas de parasiter ce qui paraît pourtant être, a priori, une belle initiative, inscrite sur toute une année.

L'IMA est-il conscient d'entamer ainsi, non seulement de son prestige, mais aussi de son rayonnement, pourtant aux nombreux mérites?

Par Youssef Bellarbi
Le 29/01/2019 à 12h14