COP22: le maire de Marrakech et son adjoint entendus par le juge d’instruction

Mohamed Larbi Belcaid, maire de Marrakech.

Mohamed Larbi Belcaid, maire de Marrakech. . DR

Revue de presseKiosque360. Le juge d’instruction près de la cour d’appel de Marrakech a entendu, lors d’une enquête préliminaire, le maire de Marrakech et son adjoint poursuivis pour dilapidation de deniers publics. Les deux accusés ont passé des marchés négociés sans mise en concurrence lors de la COP 22.

Le 12/03/2020 à 19h08

Le premier adjoint au maire de Marrakech, Younès Benslimane, a été entendu, mercredi dernier, par le juge d’instruction, Youssef Zitouni, chargé des crimes financiers près de la cour d’appel. Le mis en cause, qui est également député PJDiste et président de l’arrondissement de Marrakech-ville, est poursuivi pour dilapidation de deniers publics dans l’affaire des marchés de la COP 22.

La veille, c’est le maire, Mohamed Larbi Belcaid, lui aussi PJDiste, qui avait été traduit devant le même juge pour une enquête préliminaire pour les mêmes chefs d’inculpation. Les deux hommes ainsi que d’autres responsables du conseil communal et des entrepreneurs avaient été interrogés par la BNPJ avant d’être déférés devant le procureur du roi de Marrakech pour «dilapidation de deniers publics et octroi de marchés négociés sans disposer de la qualité les habilitant à procéder à ce type d'accords».

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 13 mars, que les prévenus sont accusés d’avoir procédé à la passation de 50 marchés de gré à gré sans mise en concurrence lors de la tenue de la 22e Conférence des parties (COP22). Ces marchés publics, dont le montant est estimé à 300 millions de dirhams, ont été divisés en lots et accordés à des sous-traitants. Du coup, plus de cinq entreprises bénéficiaires ont été chargées de réaliser les travaux d’un seul marché, violant ainsi le code des marchés publics.

Le quotidien Al Massae, qui traite le même sujet dans son édition du vendredi 13 mars, rapporte que le juge d’instruction a décidé de fixer au 15 avril prochain la date de l’instruction approfondie. Il est prévu que ce même magistrat entende le secrétaire régional de l’Association marocaine de défense des droits de l’homme à Marrakech, en tant que plaignant.

Dans sa plainte, Abdelilah Tatouche relate que les responsables des entreprises soumissionnaires avaient été surpris, le 12 juillet 2016, par la décision du président du conseil communal d’annuler définitivement le marché en arguant des raisons techniques et économiques. Sauf que son adjoint, Younes Benslimane, n’a pas mis longtemps pour entrer en négociation avec une société qui n’a même pas participé à l’appel d’offres pour réaliser les travaux du marché annulé. Plus grave encore, cette entreprise avait présenté l’offre la moins avantageuse avec un coût de 4.130.000 dirhams au lieu de 3.570.000, prix retenu lors de l’appel d’offres.

Le maire adjoint a récidivé le 25 août 2016 en annulant un autre marché relatif à l’éclairage public pour privilégier la même entreprise. Là aussi, le coût du marché a été surévalué pour passer de 1.430.000 à 5.000.000 de dirhams. Le même responsable va encore signer un marché négocié d’un montant de 39 millions de dirhams relatif à l’alimentation en énergie des bus électriques à batterie. Pour justifier son recours aux marchés négociés, le conseil communal a déclaré que cette décision a été prise suite à une recommandation du wali de la région de Marrakech-Safi via une correspondance datée d’août 2016.

Par Hassan Benadad
Le 12/03/2020 à 19h08