Covid-19: les hôpitaux au bord de la saturation à Casablanca, la riposte tarde à venir

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Un communiqué de la Wilaya de Casablanca renseigne, au 31 juillet, sur l’état préoccupant de l’occupation des lits d’hospitalisation dans les trois hôpitaux de campagne de la région, en charge des cas de Covid-19. Casa peut ainsi tenir à peine trois jours de plus. A quand de (vraies) mesures?

Le 02/08/2020 à 13h21

Le communiqué, alarmant, est signé de la Wilaya de Casablanca-Settat. La capacité litière des hôpitaux de campagne en charge des cas de Covid-19 est actuellement au bord de la saturation. Ainsi, l’hôpital de campagne de la Foire internationale de Casablanca accueille déjà 550 patients, alors que sa capacité maximale est de 700 patients. Seuls 150 lits sont donc encore disponibles. A l’hôpital de Benslimane, où la capacité maximale est de 690 lits, seuls 14 places sont encore libres. Et dans celui d’El Jadida, 390 lits, sur un total de 539 lits disponibles, sont déjà occupés. Cette structure ne compte donc désormais plus que 149 places disponibles, même si sa capacité d’accueil pourrait être agrandie à 940 lits. En somme, les hôpitaux de campagne sont occupés à 83,77% de leur capacité.

Si ces hôpitaux de campagnes concentrent une grande partie des patients atteints du Covid-19 de la région, les autres personnes testées positives sont dispersées dans les différentes structures publiques de la santé. Mais tout laisse à craindre que le grand Casablanca frôle désormais la saturation, à un moment où les cas de contaminations explosent à la faveur d’un relâchement généralisé de la population. «La situation est réellement explosive et si le nombre de patients contaminés par le Covid-19 ne baisse pas, les structures d’accueil de toute la région seront saturées dans trois jours», s’alarme cette source médicale bien informée. 

En effet, en à peine une semaine, 1.676 personnes ont été contaminées au Covid-19 dans la région de Casablanca-Settat. Le record des contaminations dans la région la plus peuplée du Royaume a été atteint, à vendredi 31 juillet, avec 342 cas en l’espace de 24 heures. Hier encore, samedi 1er août, la région concentrait à elle seule plus de 25% des cas positifs au Covid-19 à l’échelle nationale (6.376 sur 25.015 cas au total dans tout le Maroc), même si le nombre de cas recensés, ce jour-là, s’était limité à 41. La région de Casablanca dépasse la (déjà mal lotie) Tanger-Tétoun-Al Hoceima (5.905 cas à aujourd’hui représentant 23% personnes testées positives dans le Royaume).

La Wilaya de Casablanca-Settat établit le constat de la saturation imminente des capacités d’hospitalisation des patients atteints du Covid-19. Etablir ce constat dans le cadre d’une communication transparente est louable, mais quelles actions ont été entreprises par les autorités pour anticiper cette déferlante et éviter l’implosion du système de santé? Ces derniers jours ne plaident pas en faveur d’une action concertée et efficace pour freiner la propagation du virus dans la région la plus peuplée au Maroc.

La preuve: alors que Casablanca est supposée être fermée à la circulation de (et vers) d’autres villes, dans les faits, la ville est toujours perméable à une grande mobilité.

La fermeture de la ville n’avait de cela que le nom, qui plus est, puisqu'après l’entrée en vigueur du communiqué conjoint des ministères de l’Intérieur et de la Santé, 40.000 personnes ont pu quitter Casablanca à partir de la gare routière de Oulad Ziane.

Ajoutons à cette «grande évasion» un relâchement général de la population, facilité par le laxisme des autorités à sévir contre les personnes qui ne portent pas de masque de protection et à tolérer que des citoyens soient littéralement agglutinés dans l’espace public comme on le voit dans les transports en commun, les marchés et les souks.

Le désastre tant craint n’est sans doute pas loin. D’ailleurs, les chiffres énumérés plus haut sont déjà évocateurs, et la capacité d’accueil des structures de santé de Casablanca, provisoires ou permanentes, est déjà au bord de la saturation.

Face à l’imminence d’une implosion du système de santé à Casablanca, des mesures radicales, valables à l’échelle de l’ensemble de la région, s’imposent. Les «mesurettes» entreprises jusqu’ici, ainsi qu’une certaine forme de tolérance du non-respect des précautions sanitaires par de larges composantes de la société, ont permis l’accélération de la propagation de la maladie. A quand, alors, la reprise en main d’une situation qui semble de plus en plus échapper à tout contrôle?

Par Tarik Qattab
Le 02/08/2020 à 13h21