Covid-19: quand des employés demandent à être mis au chômage temporaire pour toucher l’indemnité de 2.000 dirhams

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Revue de presseKiosque360. Les aides publiques ont bénéficié à des millions de ménages et de salariés affiliés à la CNSS. Les fraudes sont cependant inévitables.

Le 03/05/2020 à 22h16

Des salariés ont fait pression sur leurs employeurs pour être mis en arrêt de travail temporaire et s'inscrire, ainsi, sur la liste des salariés éligibles à l’indemnité servie par le Fonds spécial de gestion du Covid-19. Une indemnité de 2.000 dirhams par mois sur une période de trois mois. C’est le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, qui vient de faire une déclaration dans ce sens devant la commission au Parlement, rapporte le quotidien Assabah dans sa livraison du lundi 4 mai.

En fait, pour ces salariés, entre travailler huit heures par jour pendant un mois et recevoir un salaire équivalent au SMIG pour rester chez eux à ne rien faire tout en percevant 2.000 dirhams, soit un peu moins de 75% du SMIG, le choix est vite fait. Si bien que, d’après le ministre qui intervenait devant les parlementaires, les chefs d’entreprise ont été pris à partie par leurs employés qui leur ont signifié qu'ils n’avaient rien à perdre, après tout, puisque c’est l’Etat qui paie. C’est sans doute pour cela que le nombre des salariés bénéficiant de cette indemnité a aujourd'hui atteint 800.000 employés pour 131.000 sociétés.

D’après le ministre, les aides servies par le Fonds spécial Covid-19 sont réservées aux personnes et aux ménages qui ont perdu leur emploi. Elles ne sont pas forcément destinées à toutes les personnes en situation de précarité. Ainsi, outre les salariés affiliés à la CNSS qui sont en arrêt temporaire de travail et peuvent solliciter cette indemnité de 2.000 dirhams, les chefs de famille qui travaillaient dans le secteur informel peuvent également recevoir une aide de l’Etat. Cette aide est servie à ceux qui disposent de la carte du RAMED et à ceux qui ne l’ont pas. Et elle bénéficie à beaucoup de monde, notamment dans le monde rural. Le ministre fait état d’un peu plus de 4 millions de ménages bénéficiaires.

Cependant, reconnaît le ministre, certaines personnes qui ont bénéficié de cette aide ne sont pas forcément dans le besoin. En effet, malgré toutes les précautions prises dans cette opération d'envergure mise rapidement sur pied, il y a inévitablement des fraudes. «Des personnes qui ne méritent pas cette aide l’ont quand même demandée et obtenue. On ne peut pas contrôler toutes les demandes, dont le nombre est très important», a notamment souligné le ministre.

Même certains responsables communaux n’ont pas hésité à se servir dans les deniers publics destinés à la lutte contre les effets de la crise du Covid-19, relève le quotidien dans un autre article du même numéro. Ainsi, à Sidi Slimane par exemple, des associations ont saisi le ministre de l’Intérieur en dénonçant, dans une lettre qu’ils lui ont adressée, des cas de détournement d’aides destinées aux personnes démunies par les responsables locaux de la ville. Une enquête ciblant des chefs de services provinciaux a d'ailleurs été ouverte par le Parquet, souligne le quotidien.

Par Amyne Asmlal
Le 03/05/2020 à 22h16