D'anciens ministres PJD complotent contre Saâd-Eddine El Othmani

Saâd-Eddine El Othmani.

Saâd-Eddine El Othmani. . MAP

Revue de presseKiosque360. Des parlementaires et d’anciens ministres du PJD ont demandé au président du conseil national, Driss El Azami, de convoquer une session extraordinaire de cette instance. Une nouvelle occasion pour Benkirane de dénigrer son «frère» El Othmani, le rabaisser et le pousser à la démission.

Le 11/04/2019 à 20h39

Selon certaines sources, d’anciens ministres du PJD préparent un «coup d’Etat» contre Saâd-Eddine El Othmani, secrétaire général du parti et chef du gouvernement. Les contestataires le considèrent inapte à gérer l’étape actuelle et n’hésitent pas à le lui faire savoir en lui assénant des coups durs devant la majorité gouvernementale et l’opposition. Ils veulent répéter le même scénario qui s’était produit lors d'un précèdent congrès du parti, quand ils avaient privé El Othmani d’un deuxième mandat à la tête du secrétariat général. A l’époque, son éviction avait été justifiée par «son incapacité à trancher sur les sujets faisant l'objet de divergences». Aujourd’hui, il est vu comme inapte à trouver une solution aux dossiers auxquels il est confronté.

Le terrain est tout tracé pour appeler à la tenue d’une session extraordinaire du conseil national du parti. Une occasion pour ouvrir la voie à Benkirane en dénigrant la gestion d’El Othmani, le rabaissant et le poussant à la démission, comme il l’avait fait à maintes reprises. Selon les mêmes sources, certains dirigeants du parti, ainsi que d’anciens ministres du gouvernement Benkirane, ont capté son message et veulent passer à l’action. Ils estiment que l’heure est propice pour pousser les membres du conseil national à demander la chute du gouvernement au cas où leurs revendications ne seraient pas satisfaites. Ils réclament que les lois soient adoptées selon leurs convictions, telles la loi-cadre sur l’enseignement, les lois organiques relatives à la constitution de la Chambre des représentants, ainsi que la loi sur le code électoral.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 12 avril, que c’est l’ex-ministre des relations avec le parlement (PJD), Habib Choubani, qui a pris l’initiative d’appeler à la tenue d’une session du Parlement du parti. Il a, en effet, adressé une lettre ouverte au président du conseil national, Driss Azami, dans laquelle il lui demande de convoquer une session extraordinaire de cette instance. Dans le passé, la tenue d’une session extraordinaire était exclusivement réservée soit à la préparation des élections soit à la formation du gouvernement ou, encore, à la question de décider d’y participer ou non. Mais, cette fois-ci, l’ordre du jour tel que l’a tracé Choubani consiste à discuter de «trois sujets de grande importance» dont le plus crucial, précise-t-il, est la loi-cadre sur l’enseignement. Une loi que le groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants a approuvée. Mais Benkirane a sommé El Othmani de ne pas la voter quitte, a t-il dit, à faire tomber le gouvernement. Le seul choix qu’il a laissé au chef du gouvernement est celui de modifier certains chapitres en annulant, notamment, les articles relatifs à l’enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères. Il faut rappeler que cette loi-cadre a été approuvée par le conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI et par le conseil du gouvernement.

Le deux autres points à l’ordre du jour concernent le nouveau modèle de développement et les réformes fiscales qui seront étudiées lors du prochain colloque national sur la justice fiscale. Autant dire que Benkirane et ses disciples aiguisent leurs armes pour essayer de mettre à genoux leur «frère», El Othmani, lors d'une éventuelle session extraordinaire du Parlement du parti. En attendant, des parlementaires représentant 12 partis et 8 groupes parlementaires se sont élevés contre les députés du PJD. Ils accusent ces derniers d’avoir entravé l’approbation de la loi-cadre sur l’enseignement au cours d’une session extraordinaire du Parlement provoquée, pourtant, par la majorité gouvernementale. Les islamistes ont été traités d’El Khawarij (dissidents, première faction en islam) parce qu’ils sont sortis des rangs de l’unanimité sur un sujet que leur groupe parlementaire avait pourtant approuvé.

Par Hassan Benadad
Le 11/04/2019 à 20h39