"Décolonisation en Afrique": pourquoi le colloque d'Alger est une grossière supercherie

Ramtane Lamamra, la descente aux enfers!

Ramtane Lamamra, la descente aux enfers! . DR

Visiblement aveuglée par le succès de la tournée du roi Mohammed VI en Afrique, Alger a cru bon de donner la réplique en improvisant un "colloque international" sur un présumé "rôle algérien dans le processus de décolonisation en Afrique". Circulez, rentrez, il n'y a rien à voir (ou presque!).

Le 30/11/2016 à 14h32

La légendaire "Mecque des révolutionnaires" n'a finalement pas drainé grand-monde. Alger avait pourtant annoncé à grand roulement de tambour la tenue, hier mardi 29 novembre, d'un colloque (tenez-vous bien!) international. En effet, un communiqué a été diffusé par le département de Ramtane Lamamra pour annoncer ce "séminarium", placé sous le patronage du président Abdelaziz Bouteflika, et auquel devaient assister des révolutionnaires de tous bords et de divers horizons. L'objet de ce colloque (vous verrez loin!) est brûlant d'actualité et valait donc le déplacement. "Le rôle d'Alger dans le parachèvement du processus de décolonisation en Afrique". Rien à dire sur le bien-fondé du thème, encore qu'Alger, ancien département français, qui doit son indépendance en grande partie aux sacrifices des résistants marocains, avec à leur tête le regretté roi Mohammed V, veuille faire de l'autocongratulation, en tentant de tirer à elle la couverture de la lutte de libération en Afrique, au détriment d'autres pays que l'humilité et le déni amènent à faire profil bas.

La ficelle était trop grosse pour passer inaperçue. Non qu'Alger, via son mégaphone Ramtane Lamamra, veuille s'attribuer à elle seule, comme le laisse entendre l'objet du "colloquium" annoncé en grande pompe, le mérite des luttes africaines de libération! Il y a l'histoire que l'on construit et il y a celle, souvent fausse, que l'on écrit ou raconte. Mais passons, car là n'est pas la question. La tactique est grossière et personne ne devait ignorer l'objectif escompté de cette foire aux mots, pas même un enfant de choeur! En effet, Alger n'était intéressée ni par le passé colonial de l'Afrique, encore moins par les luttes africaines pour desserrer le joug des colonialismes. Par ce colloque, elle voulait au fond taquiner le Maroc sur la question de son intégrité territoriale, en plaidant une énième fois pour le fameux "droit du peuple sahraoui à l'autodétermination", et en tentant de remettre au goût du jour cette vieille supercherie nommée "Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique"!

Vu sous cet angle, force est de reconnaître qu'Alger n'a lésiné sur aucun moyen pour servir le mouvement séparatiste du Polisario, depuis que Mohamed Boukharrouba, alias Houari Boumediene, a créé le premier noyau du FP en 1973 en confiant l'entraînement de ses mercenaires à l'ancien patron du renseignement militaire algérien, Kasdi Merbah. Il eût donc été honnête et courageux de la part d'Alger d'édifier l'opinion publique internationale sur son rôle dans la genèse, le soutien militaire, diplomatique et financier à ce mouvement séparatiste dans le dessein maladif de nuire aux intérêts d'un pays dont le seul "tort", semble-t-il, est de se trouver géographiquement à ses côtés!

La déclaration finale du ministre des Affaires "étranges", dont la fixation anti-marocaine devrait désormais interpeller la psychanalyse, trahit ce dessein diabolique. "Le parachèvement du processus de la décolonisation en Afrique et la pleine consécration du droit des peuples à l'autodétermination sont tributaires de la solidarité entre les peuples africains et de leur soutien à la cause sahraouie conformément aux fondements et références de lutte et à la légalité internationale", a-t-il appelé, devant un auditoire qui était tout sauf "international".

Récapitulons: autocongratulation, déphasage total par rapport aux enjeux stratégiques qui se jouent à l'échelle de la région, du continent et du monde entier, ressassement des mêmes stéréotypes hérités de la défunte guerre froide... Est-ce avec ce discours que le ministre fanfaron Ramtane Lamamra, et son homologue chargé des "moudjahidines", comptait drainer du monde à son colloquium?

Circulez, rentrez, il n'y a rien à voir! A part que monsieur Lamamra, affublé par les siens du surnom de "pitbull de la diplomatie algérienne", en a été réduit à soliloquer dans une salle vide exception faite des Algériens!, et de quelques "personnalités venues d'Afrique du sud, du Ghana, du Niger et de Mauritanie", comme l'a annoncé l'APS, sans toutefois préciser quelles étaient ces personnalités!

A l'autocongratulation, s'ajoute ainsi le monologue d'un Lamamra poussé dans ses derniers retranchements. Il a contre lui l'éveil de conscience d'une Afrique, peuples et dirigeants confondus, de plus en plus séduite par la stratégie africaine du roi Mohammed VI, qui a pris réalité dans la terre africaine depuis déjà 15 ans. Il a contre lui un pays qui a fait le choix de l'effort, du travail, de ses propres capacités, en dehors de toute dépendance, et dont il veut partager les fruits avec les pays africains frères, dans le cadre d'une coopération Sud-Sud mutuellement avantageuse, sur la base du principe "gagnant-gagnant". 

Alger peut improviser mille colloquiums, mille séminariums, ce n'est que peine perdue. L'expérience a démontré qu'elle n'a jusqu'ici couru que derrière des mirages, au détriment du peuple algérien frère qui a dû payer de sa propre poche les frais d'impostures comme celle de cette "RASD" qui n'a d'existence que sur le papier! Et ce n'est pas demain la veille que cela changera. Pitoyable!

Par Ziad Alami
Le 30/11/2016 à 14h32