Découpage régional, la pomme de la discorde

Mohamed Hassad, ministre de l'Intérieur.

Mohamed Hassad, ministre de l'Intérieur. . DR

Revue de presseKiosque360. Le report de l’adoption, par le Conseil du gouvernement, du projet de loi sur le découpage régional, n’a pas permis de contenir les protestations, de plus en plus vives. Les voix contestataires se multiplient.

Le 02/02/2015 à 21h00

Le projet du découpage régional est basé sur les recommandations d'Omar Azziman, président de la Commission consultative de la régionalisation (CCR). Ledit projet prévoit notamment de diviser le Maroc en 12 régions au lieu des 16 actuelles. Certains partis politiques l’ont critiqué ouvertement, d’autres ont exprimé des réserves, considérant que la «précipitation» et l’«absence d’une approche consultative» nuiraient au projet.

Cependant, les voix protestataires se multiplient. Selon Al Ahdath Al Marghribia, dans son édition du mardi 3 février, la «coordination Drâa pour une démocratie régionale» entend observer un sit-in devant le siège du Parlement, à Rabat, «en protestation contre l’indifférence des autorités centrales vis-à-vis du mémorandum qu’elle avait déposé, avec des députés, au bureau du chef du gouvernement». «La coordination a hissé plus haut la barre de ses revendications. Elle considère que le nouveau projet, particulièrement au sujet de la région Drâa-Tafilelat, comprenant la province de Midelt, est une grave atteinte aux critères et à l’esprit des recommandations de la Commission consultative de la régionalisation, surtout en ce qui concerne les principes de l’homogénéité et de la solidarité comme principes au fondement d’un développement durable, régional et national», rapporte le quotidien.

Le ton avec lequel a été rédigé le rapport de la coordination reflète le degré de son mécontentement puisqu’elle considère le projet du ministère de l’Intérieur comme étant dans «la continuité de la mentalité dominatrice et du découpage de la rente des régions et richesses du royaume». Et d’ajouter que ledit projet «privilégie les intérêts étroits et les équilibres politiques aux dépens de l’intérêt général et la mise en œuvre du chantier de la régionalisation élargie».De même, rappelle Al Ahdath, la Commission du Grand Rif avait lancé un appel mettant en garde contre la «division du Rif», refusant catégoriquement que le projet de la régionalisation avancée soit en-deçà des aspirations des habitants du nord du royaume.Aussi, souligne le journal, des dizaines de notables de Meknès avaient-ils adressé un message au chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, lui exprimant leur refus du projet du découpage régional et demandant que la région de Meknès-Tafilalet reste la capitale de la région.

Dans la région des Doukkala, des citoyens ont lancé des pétitions sur le Net, exigeant du département de l’Intérieur de ne pas «marginaliser la capitale de la région El Jadida».

Les protestataires demandent l’arbitrage royal. «Devant ces critiques acerbes, le gouvernement se trouve dans une situation peu enviable. Et c’est ce qui l’a acculé à repousser l’adoption du projet», souligne Al Ahdath.En attendant, il est certain que l’instauration du tant souhaité projet de la régionalisation avancée ne sera pas une sinécure.

Par Abdelkader El-Aine
Le 02/02/2015 à 21h00