Des chrétiens du Maroc se plaignent de la marginalisation sociale

Plusieurs chapelets munis de croix aux mains de femmes chrétiennes en prière. (Photo d'illustration)

Plusieurs chapelets munis de croix aux mains de femmes chrétiennes en prière. (Photo d'illustration) . DR

Revue de presseKiosque360. Les chrétiennes du Maroc se disent marginalisées par leurs compatriotes à cause de leur choix religieux. Cela se ressent, estiment-elles, au niveau du boycott commercial, du rejet au niveau de l’éducation… et de l’impossibilité d’avoir un lieu approprié où exercer leurs rites cultuels.

Le 24/07/2018 à 23h21

Les droits et libertés religieux font actuellement l’objet d’un débat de 5 jours à Marrakech et Agadir, débat animé par une association marocaine des minorités religieuses. Dans leur édition de ce mercredi 25 juillet, les quotidiens Assabah et Al Ahdath Al Maghribia rapportent que, à cette occasion, plusieurs chrétiennes ont dénoncé la marginalisation et le rejet dont elles souffrent, ainsi que leur famille, à cause de leurs choix religieux.

Estimés à quelque 13.000 individus à Marrakech et 8.000 à Agadir, les chrétiens du Maroc ont créé un réseau qui a été contraint, selon des activistes chrétiennes qui se sont confiées aux deux quotidiens, d’adopter la méthode des «églises à domicile», dont 26 à Marrakech, où ils se rencontrent périodiquement pour leurs prières et autres rites. Ce choix s’explique par le rejet dont ils s’estiment victimes de la part de la société, mais aussi par la réaction des autorités qui ne daignent pas leur octroyer un lieu de culte approprié, comme l’improbable construction d’une église.

Dans un témoignage à visage découvert, une chrétienne marrakchie répondant au nom de Fatima a affirmé à Al Ahdath qu’elle était mariée à un chrétien et mère de 3 enfants, mais que tous les membres de sa famille souffraient d’un rejet total dans leur vie sociale quotidienne. Ainsi, son fils de 13 ans n’est accepté ni par ses collègues de classe, ni par les enseignants depuis qu’il a séché les cours d’éducation islamique en expliquant qu’il avait d’autres convictions, lui et sa famille. De même, le mari, coiffeur de son état, a été obligé de mettre la clé sous le paillasson faute de clients qui préfèrent se couper les cheveux avec des ciseaux et tondeuses «halal». Il a fini par trouver un job au sein d’un grand hôtel de la ville ocre où personne ne se soucie de ses convictions religieuses.

Moins chanceuse est la Gadirie Malika, dont le virage récent vers la religion chrétienne l'a plongée dans tous les pétrins du monde, selon son témoignage à Assabah. Rejetée par sa famille, répudiée par son mari, renvoyée de l’université pour présomption de christianisation au sein du campus, elle fait quotidiennement l’objet d’insultes de la part de ses voisins, quand elle n’est pas agressée physiquement par les jeunes de son quartier aux cris d’Allah Akbar.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 24/07/2018 à 23h21