Des querelles intestines au sein du Polisario dévoilent l’ampleur du soutien accordé par Alger

Les matons de Tindouf, à leur tête le chef du Polisario, Brahim Ghali.

Les matons de Tindouf, à leur tête le chef du Polisario, Brahim Ghali. . DR

De profonds désaccords entre dirigeants du Polisario viennent de lever un voile sur un pan entier des aides directes que leur accorde l’Algérie pour les maintenir en «activité» contre le Maroc. En cause, le partage de centaines de tonnes de carburant offert mensuellement par Alger.

Le 16/01/2019 à 15h43

Combien coûte annuellement le financement du Polisario au budget de l’Etat algérien? Secret d’Etat. Tout le monde a encore en mémoire la sortie, en 2013, de cet ancien Premier ministre algérien, qui confiait au site Tamurt que «le budget que verse l’Algérie au profit du Polisario, rien que pour agacer le Maroc, dépasse l’entendement, mais il reste toujours secret». Avant d’ajouter: «J’étais Premier ministre et je ne savais rien de ce qui se tramait au sujet du financement qui leur a été alloué durant les années 1990, c’est-à-dire durant la crise financière que l’Algérie traversait, mais je sais que ce budget est supérieur à ce que tout le monde pense.»

L’on se rappelle aussi que de nombreux ambassadeurs algériens ont déjà donné de la voix, avant d’être contraints au silence, pour dénoncer leurs maigres émoluments, comparativement aux mirifiques salaires que leur ministère des Affaires étrangères versait aux soi-disant «diplomates» du Polisario. Et que dire de l’armement (chars, blindés, missiles en tous genres…) mis à la disposition des milices de ce même Polisario et qui engloutit annuellement des centaines de millions de dollars?

Si personne n’ose avancer un chiffre sur le budget colossal avec lequel l’Algérie entretient annuellement et maintient en vie le Polisario, un petit chiffre rond vient quand même d’être divulgué. Il s’agit de quelque 300 tonnes de carburant gracieusement offert par Alger, chaque mois, à certains prétendus «ministères» du Polisario, de la défense et de l’Intérieur surtout. Or, c’est la rapacité et la guéguerre entre les chefs de ces départements quant au partage du gâteau qui a jeté ce chiffre en pâture aux médias. On apprend ainsi que ces 300 tonnes mensuelles sont en réalité un bakchich avec lequel Alger achète la soumission des dirigeants séparatistes. En effet, quand on affirme que le «ministère de la Défense» dispose d’un quota mensuel de 80 tonnes et qu’il est chargé en même temps de convoyer 100 autres tonnes de carburant vers les «populations des territoires libérés», on découvre immédiatement le pot-aux-roses.

Car ces dites populations n’existent tout simplement pas, puisqu’aucune âme ne vit dans les zones tampons du Sahara marocain situées au-delà du mur de défense ! Alors où vont réellement ces 180 tonnes de carburant ? Surtout qu’il s’agit d’une manne énorme, le prix à la pompe en Algérie étant de 13,70 dinars/litre pour le gasoil, selon le tableau des tarifs affiché ce 16 janvier 2019 par le ministère de l’Energie

Pour ceux qui dénoncent la part du lion réservée à une poignée de chefs militaires du Polisario, la majeure partie de ce carburant est vendue hors des frontières algériennes, loin des regards indiscrets, à des clients plus que douteux, opérant dans des trafics en tout genre.

D’ailleurs, quand ils sont appelés à justifier le sort réservé à ces cargaisons de carburant volatilisées, les dirigeants du Polisario répondent à leurs compères jaloux qu’elles ont été cédées à des convois d’organisations internationales «amies».

Pour ce qui est des 120 tonnes restantes, elles sont tout simplement dispatchées, chaque mois, entre les différentes stations-service appartenant aux dirigeants du Polisario et disséminées entre Rabbouni et Tindouf.

C’est en définitive, et au bas mot, quelque 49.200.000 dinars qu’Alger offre annuellement, comme «bons de carburant», à une poignée de dirigeants du Polisario. Quand on y ajoute les «bons» réservés à Brahim Ghali et ses autres collaborateurs, on comprendrait aisément l’hémorragie qui plombe la Sonatrach, le bras financier de l’Algérie, dont une partie de la production est mensuellement dédiée au Polisario.

Ce sont de tels financements, occultes ou non, qui ont toujours fait dire au Maroc que l’Algérie est la véritable partie au conflit créé autour du Sahara, et que le Polisario n’est qu’un paravent derrière lequel se cache Alger. Cette position a été clairement et fortement exprimée par le roi Mohammed VI, dans une lettre adressée en avril dernier au SG de l’ONU, Antonio Guterres, et dans laquelle le souverain affirme que «c’est l’Algérie qui finance, c’est l’Algérie qui abrite, c’est l’Algérie qui arme, c’est l’Algérie qui soutient et qui apporte son soutien diplomatique au Polisario». Une vérité qui n’a finalement pas échappé à la résolution 2440 du 31 octobre 2018, où le Conseil de sécurité de l’ONU a cité, pour la première fois, l’Algérie comme partie dans le dossier du Sahara.

Par Mohammed Ould Boah
Le 16/01/2019 à 15h43