Duels au sommet. EP-2: des revenants à la circonscription d’Anfa, un coup de balai à espérer? 

1. S. Naciri, 2. A. Haïkar, 3. M. Chennaoui, 4. M. Chebbak, 5. B. Rachidi, 6. Aïcha Lablek.

1. S. Naciri, 2. A. Haïkar, 3. M. Chennaoui, 4. M. Chebbak, 5. B. Rachidi, 6. Aïcha Lablek. . Youssef El Harrak / Le360 (photomontage)

Comme celle de l’Océan à Rabat, la circonscription d’Anfa à Casablanca est l’une plus convoitées au Maroc pour les élections législatives de ce 8 septembre. Les islamistes cherchent à s’y éterniser, mais des challengers de taille auront leur mot à dire. 

Le 03/09/2021 à 09h04

Etre élu de la circonscription d’Anfa à Casablanca, c’est un prestige après lequel courent tous les partis politiques ayant, ou cherchant à avoir, du poids dans la plus grande ville du Royaume. Et si c’était l’occasion de faire table rase pour Anfa, cet arrondissement dominé par les islamistes depuis bientôt une décennie?

Haïkar? Non, merci, basta!Depuis le fameux printemps arabe de 2011, Abdessamad Haïkar, du PJD, est l’une des cartes gagnantes des islamistes à Casablanca aux côtés du maire sortant, Abdelaziz El Omari. Diplômé en sciences politiques (enfin, c’est ce qu’il affiche sur son CV), le «frère» Haïkar brigue un troisième mandat de député à Anfa. Et il espère même réaliser une performance similaire à celle d’octobre 2016, à savoir remporter deux des quatre sièges échus à cette circonscription (soit un total de 45,9% des suffrages). Abdessamad Haïkar, en plus de son mandat de député, est le président du conseil d’arrondissement du Maârif. «Une double peine pour Casablanca et qui doit cesser», commente ce militant associatif de la ville.

Naciri, entre le WAC et l’hémicycle, il est temps de choisirVous avez bien compris qu’on ne parle pas de l’humoriste Saïd Naciri, mais bien du président du WAC. Nous mettons au défi celui qui nous sortira la moindre question pertinente qu’il aura posée au Parlement pendant deux mandats. Ou la moindre proposition de loi… Mais là, on exagère! Après un premier mandat au nom de Zagora, le fief de ses aïeux, Saïd Naciri s’est fait élire à Anfa sous la bannière du PAM, et compte bien rempiler. Aujourd’hui, il est temps pour lui de rallier les vestiaires ou, au moins, le banc de touche, le temps d’y voir plus clair, et d’apprendre, surtout. Qui sait? Peut-être qu’il pourra un jour enfin aller jouer dans la cour des grands…

FGD-PSU, le duel des camarades ennemisAnfa, c’est aussi la circonscription qui va cristalliser les clivages entre les gauchos. Mostafa Chennaoui, au nom de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), cherche à conserver son siège au Parlement pour cette même circonscription. Mais les règles du jeu ont changé depuis que le Parti socialiste unifié (le PSU de Nabila Mounib, naguère membre de la FGD) a décidé de faire cavalier seul. Le PSU a mis en avant le jeune et fort sympathique Abdellah Abaâkil. Mais ni la jeunesse, ni la sympathie n’ont jamais compté dans une scène politique illisible.

Et si on donnait sa chance à Mohamed Chebbak, du RNI?Les habitants d’Anfa, dont il préside l’arrondissement (la mairie) depuis une décennie, l’appellent Lhaj Chebbak, et l’apprécient beaucoup. Proche de ses administrés, ce militant du RNI a donné l’exemple, au niveau d’Anfa, de ce que pourrait être une administration numérisée. Le RNI, malgré sa défaite en 2016, lui a renouvelé sa confiance. Au sein des politiques de cet arrondissement, les amis et les rivaux affirment que l’heure de ce quinquagénaire est arrivée. 

Brahim Rachidi, le réconciliateurAvocat de renommée et ex-dirigeant de l’USFP pendant longtemps, Me Rachidi oublie momentanément le barreau (Casablanca et Paris, s’il vous plaît) pour se rappeler au bon souvenir de Casablanca et des Bidaouis. En froid avec la direction de son parti, il a été l’artisan d’une réconciliation entre le «centre» et les Ittihadis de la métropole. Me Rachidi, qui a horreur des petits raccourcis, plus que plaider la «cause» de l’un des arrondissements de la Métropole, entend plaider, en avocat aguerri, celle des Marocains. Y compris quand il s’agit, pour certains, de «causes» compliquées ou a priori perdues. Face aux notables et autres sans diplômes, cet homme devient nécessaire. Il est en effet capable de tutoyer le locataire du perchoir, de remettre à sa place un membre de l’Exécutif… Le tout, sans montrer le moindre signe d’énervement. Et ça, c’est la patte de Brahim Rachidi.

Aïcha, il faut l’écouter aussiAutre représentante du barreau dans la course à Anfa, Aïcha Lablek, du PPS, est l’une des rares candidatures féminines. Cette dirigeante des anciens communistes ne lâche pas prise, malgré plusieurs déconvenues par le passé. Gauchiste et écolo convaincue, avec Me Brahim Rachidi, en duo, ils sont les mieux placés pour plaider la cause des Casablancais dans la future composition de l’hémicycle. 

© Copyright : Youssef El Harrak / Le360

Par Mohammed Boudarham et Youssef El Harrak
Le 03/09/2021 à 09h04