Education-langues étrangères: les ministres PJD en colère contre Benkirane

Abdelilah Benkirane.

Abdelilah Benkirane. . Le360 : DR

Revue de presseKiosque360. L’appel de Benkirane à voter contre le compromis sur la loi-cadre de l’enseignement a suscité l’ire des ministres PJDistes. Mais les parlementaires du PJD ont critiqué cet accord avant de laisser la latitude au secrétariat général du parti pour prendre la décision appropriée.

Le 02/04/2019 à 19h39

Le secrétaire général du PJD, Saâd-Eddine El Othmani, s’est retrouvé dans un véritable bourbier quand les députés de son parti se sont insurgés contre l’accord consensuel sur la loi-cadre de l’enseignement. Un compromis trouvé la semaine dernière à la Chambre des représentants et qui consacre l’enseignement des matières scientifiques et techniques en langues etrangères. Mais la sortie tonitruante de Benkirane appelant les parlementaires de son parti à se soulever contre cette décision et, par ricochet, contre toutes les institutions, a fini par chambouler tous les plans du chef du gouvernement. Ce dernier a été obligé de tenir une réunion, lundi dernier, avec les parlementaires de son parti pour essayer de désamorcer cette bombe à retardement. La tension était palpable quand le groupe parlementaire du PJD a demandé le report de la réunion de la commission de l’enseignement qui devait être consacrée au vote de la loi-cadre. Une volte-face qui fait suite aux violentes attaques de Benkirane, qui a demandé à El Othmani de quitter le gouvernement la tête haute, contre la «francisation» des matières scientifiques.

Le quotidien Al Massae rapporte, dans son édition du mercredi 3 avril, que les parlementaires du PJD ont exprimé leur détermination pour que l’enseignement des matières scientifiques soit dispensé en langue arabe. Ils reprennent le même refrain que Benkirane qui renvoie à la Constitution qui consacre l’arabe et l’amazigh comme langues officielles du pays. Au cours de cette même réunion, la possibilité de retirer le projet de loi-cadre de l’ordre du jour de la session extraordinaire a été évoquée. L’objectif, expliquent les islamistes, étant de renégocier avec les autres groupes parlementaires afin de trouver une nouvelle version à cette loi pour sauver la face du PJD. Peu après cette réunion, El Othmani a contacté le ministre de l’Education nationale, Saïd Amzazi, pour essayer de trouver une issue à cette crise. En parallèle, la Chambre des représentants a programmé une réunion des membres de la commission de l’enseignement pour voter le projet de loi-cadre.

Des sources parlementaires appartenant à d’autres partis considèrent que le non-respect du PJD de son engagement sur le compromis des groupes à la Chambre des représentants «est inacceptable». D’autant, ajoutent-ils, que cette loi constitue une opportunité pour la tenue de la session extraordinaire du Parlement. Mais, même si la réunion entre El Othmani et les parlementaires a été tendue, il n’en demeure pas moins que le secrétariat général du PJD a été mandaté pour prendre la décision appropriée sur la question de «l’alternance linguistique». Des sources bien informées révèlent que les déclarations incendiaires de Benkirane ont été mal perçues par plusieurs ministres. Ces derniers ont rejeté, de manière claire, l’intervention de l’ex-patron du parti visant à créer la confusion parmi les parlementaires, ainsi que ses appels à El Othmani à quitter le gouvernement.

Par ailleurs la Coalition nationale pour la langue arabe a lancé une pétition pour modifier les dispositions du projet de loi-cadre sur l’enseignement. Parmi les signataires, on trouve Mustapha El Ktiri, haut-commissaire aux anciens résistants, l’ancien ministre de la culture, Bensalem Himmich, le président du MUR, Abderrahim Chikhi, ainsi que d’autres acteurs dans les domaines de la culture et de la société civile.

Par Hassan Benadad
Le 02/04/2019 à 19h39