El Othmani et Benkirane à couteaux tirés

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Revue de presseKiosque360. Le secrétaire général n’a pas hésité à recadrer son prédécesseur, Abdelilah Benkirane. Il a affirmé, devant un parterre de jeunes du parti, que le PJD n’avait pas failli à ses principes ni à son référentiel islamique.

Le 22/07/2019 à 20h00

Le vote en commission du projet de loi-cadre portant réforme de l’enseignement par les députés du PJD n’en finit pas d’impacter la situation interne du parti islamiste. En effet, en répondant à un «live» diffusé sur Facebook par l’ancien secrétaire général, Abdelilah Benkirane, quelques jours après ce vote, son successeur n’a pas hésité à le recadrer fermement. Pour Saâd-Eddine El Othmani, ce vote n’a en rien affecté le référentiel religieux du PJD, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition du mardi 23 juillet.

Le secrétaire général du parti islamiste insiste: «le PJD n’a pas renoncé à ses principes ni à son référentiel islamique». Son parti, martèle-t-il, est construit sur la base de principes et d’un référentiel clairs et «il sera toujours fidèle à ses principes et aux orientations idéologiques dûment inscrites dans ses statuts». S’adressant toujours à son prédécesseur, mais devant un parterre de jeunes réunis dimanche à Kénitra, El Othmani ne mâche pas ses mots : «le PJD est un parti d’institutions et non de personnes. Il se doit, de ce fait, d’être fier de ses institutions, sans lesquelles il ne serait d’ailleurs plus rien ».

Poursuivant sur sa lancée, le secrétaire général insiste sur le fait que «tout le monde doit se conformer aux règles imposées par le parti car, en l’absence de ces règles de travail, il n’y aura pas non plus de démocratie». Tout en défendant la position de son parti vis-à-vis de ce projet de loi-cadre, le secrétaire général estime en plus que le PJD devrait œuvrer en collaborations avec ses autres partenaires. Visant de nouveau son prédécesseur, il lance que le principe qui veut qu’«une seule personne peut tout faire» n’a plus sa place au PJD. En d’autres termes, l’époque des «zaïms» est révolue. Dorénavant, le PJD se doit d’agir en concert avec ses partenaires politiques et dans le cadre de la complémentarité des visions et des approches.

De son côté, le ministre de l’Énergie et des mines, Aziz Rebbah, a également assuré, lors du même meeting de la jeunesse du parti organisé dans la ville dont il dirige le conseil communal, que «le consensus avec nos partenaires politiques est un engagement que nous avons pris et que devons honorer, c’est aussi notre force et nous devons y revenir à chaque fois qu’il est question de surmonter une tension».

Dans ce que le quotidien qualifie de «guerre fratricide», les deux dirigeants du parti islamiste répondent ainsi aux déclarations de l’ancien secrétaire générale selon lesquelles le PJD, en votant en faveur du projet de loi-cadre, aurait failli à ses principes et à son référentiel idéologique. Abdelilah Benkirane est même allé jusqu’à affirmer que, désormais, «ce n’est plus un honneur (pour lui) d’appartenir à ce parti». Ce faisant, il a également accusé son successeur d’avoir commis l’une des fautes les plus graves que le PJD ait pu commettre durant tout son parcours.Notons par ailleurs que, juste après la diffusion du «live» de l’ancien patron du PJD sur les réseaux sociaux, le chef du groupe parlementaire Driss El Azami a présenté sa démission du poste. M. El Azami, rappelons-le, assume également la fonction de président du conseil national du parti.

Par Amyne Asmlal
Le 22/07/2019 à 20h00