El Othmani: "Nous réfléchissons déjà à l’après-coronavirus"

Saad-Eddine El Othmani.

Saad-Eddine El Othmani. . DR

Revue de presseKiosque360. A la fois prudent et confiant, le chef du gouvernement a abordé tous les aspects de la situation actuelle. Il insiste sur la patience et la discipline des citoyens, sans quoi l’état d’urgence pourrait être étendu au-delà du 20 avril.

Le 10/04/2020 à 18h15

Comment le chef du gouvernement passe-t-il ses journées en cette période de confinement? Comme une grande partie des Marocains, «je respecte scrupuleusement les consignes, me lave régulièrement les mains tout en prenant d’autres précautions. J’assume mes responsabilités normalement. Situation actuelle oblige, je suis les dossiers par téléphone ou par visio-conférence. Naturellement, le dossier actuel est sans conteste celui de la pandémie de Coronavirus», affirme-t-il.

Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Al Ayyam, publié dans son édition du 8 avril, Saad-Eddine El Othmani a rappelé que le gouvernement continue à assumer ses prérogatives, bien que dans des conditions inhabituelles. On a pu constater, en effet, que lors de ses dernières réunions, le conseil de gouvernement a fait de plus en plus usage de la visio-conférence que «nous avons développée, tout en veillant à travailler en équipe et à faire, ensemble, le suivi de la situation dans ses moindres détails», insiste-t-il. 

En commentant justement la situation, le chef du gouvernement a relevé qu’avec l’augmentation du nombre de personnes infectées, le Maroc est entré en deuxième phase de la propagation du virus. Cependant, le gouvernement a jusque-là bien anticipé cette évolution. «Nous avons mis en place des mesures préventives bien avant d’atteindre ce stade. C’est ainsi que nous avons commencé par interdire les rassemblements, fermer les lieux publics et les mosquées avant d’en arriver à l’état d’urgence sanitaire et au confinement et à l’obligation du port du masque-bavette». En même temps, «nous avons pu préparer le dispositif médical avec le concours de la médecine militaire qui a notamment mis en place des hôpitaux de campagne».

Toutefois, relève l’hebdomadaire, il semble que ces efforts ne suffisent pas, le confinement n’étant pas bien respecté dans les quartiers populaires. Tout en insistant sur l’importance du confinement en tant que seul moyen de juguler la propagation du virus, le chef du gouvernement a noté que cette mesure est généralement respectée par les Marocains. C’est le seul moyen de faire face à la situation, alors que des clusters familiaux se multiplient de jour en jour, a-t-il insisté.

Globalement, affirme Saad-Eddine El Othmani, les autorités font de grands efforts pour faire respecter cette mesure et y arrivent bien. Il se peut, toutefois, que certaines personnes continuent à faire fi de cette consigne sanitaire. Dans ce cas, des dispositions légales sont prévues et leur seront appliquées. D’ailleurs, note-t-il, plus de 8.000 personnes ont déjà été arrêtées pour non respect de l’état d’urgence sanitaire. Notons à ce propos que les autorités compétentes ont annoncé l’interpellation de 22.542 individus en flagrant délit de violation des mesures d'urgence fixées par les autorités publiques.

Pour ce qui est de l’augmentation des cas de décès, le chef du gouvernement a tenu à préciser que le taux avoisine les 7%. Certes, c’est une proportion très élevée par rapports à certains pays, explique-t-il, mais c’est également un taux nettement plus bas que celui enregistré dans certains pays développés. Trois facteurs, poursuit-il, contribuent à l’augmentation du taux des décès, l’âge avancé des personnes atteintes, le retard de leur admission à l’hôpital et la faible couverture du dépistage. Ces trois facteurs expliquent le nombre élevé de décès dans notre pays. Cela d’autant qu’il semblerait, ajoute-t-il, que le virus qui s’est propagé au Maroc soit d’une souche plus létale.

Cela étant, pour le moment, la seule solution envisageable est le confinement. Cependant, assure le chef du gouvernement, nous allons continuer à améliorer le dispositif de soins. Nous sommes également en passe d’élargir le dépistage, grâce à l’acquisition de kits. 

Bien sûr, le chef du gouvernement est revenu en détail sur les opérations d’accompagnement lancées par l’Etat, qui vont des aides publiques directes aux aides versées aux salariés en cessation temporaire d’activité, sans oublier le dispositif d’aides et de soutien accordés aux entreprises. Naturellement, reconnaît M. El Othmani, ce dispositif est perfectible, «mais pour le moment, l’important est de surmonter cette situation difficile». Par ailleurs, ces mesures pourraient aider dans l’avenir pour améliorer tout le système des aides publiques, une fois que tout cela sera fini, a-t-il ajouté.

En attendant, on se pose des questions sur l’après 20 avril. «Nous sommes effectivement en train de réfléchir à la période post-état d’urgence. Mais pour l’heure, toute notre attention est concentrée sur la situation du jour. Il faut que les citoyens fassent montre de plus de patience. Il faut qu’ils restent chez eux et nous aident ainsi que les autorités à surmonter cette épreuve». Autrement, prévient-il, «nous serions obligés de proroger l’état d’urgence sanitaire si, qu’à Dieu ne plaise, les cas d’infection continuaient d’augmenter». 

Par Amyne Asmlal
Le 10/04/2020 à 18h15