Élections 2021: quand la campagne électorale vire à la cacophonie dans les quartiers populaires

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Revue de presseKiosque360. Dans les quartiers populaires de la métropole, le coup d’envoi de la tournée électorale a été donné avec le bendir et la taârija. Le cortège électoral est formé de plus de femmes que d'hommes ou d’enfants. La tournée quotidienne dure généralement six heures et peut rapporter 100 dirhams à ceux qui y participent.

Le 05/09/2021 à 21h11

EL Fida, 15h00. Les grandes artères de cet arrondissement de Casablanca sont quasiment désertes. La hausse exceptionnelle de la température, en cette fin d’été, n’encourage pas particulièrement les habitants à sortir dans la rue. Dans les ruelles des quartiers populaires de cet arrondissement, comme à El Korea, Bouchentouf et Derb El Foqara, l’animation bat, par contre, son plein. On se prépare déjà à une nouvelle journée de campagne électorale. Vers 16h00, heure qui marque la fin de la journée de travail des fonctionnaires, les premiers coups de bendir retentissent, annonçant le début de la tournée des partisans de l’un des candidats dans cette partie de la ville, dans le cadre de l’actuelle campagne électorale. 

La journée de campagne commence généralement vers 15h00 avec les habituels coups de bendir et taârija des femmes et finit vers le coup de 21h00, explique le quotidien Assabah dans un reportage publié dans son édition du lundi 6 septembre. A mesure que le temps passe, la campagne vire littéralement au caphanaüm. Les chants des femmes retentissent et les voix des jeunes qui distribuent les tracts viennent se mêler à eux, alors même que le candidat, lui, n’est toujours pas dans les parages. D'ailleurs, lorsque les habitants réclament sa présence, on leur répond qu’il viendra plus tard parler à chacun.

Le journal cite un jeune, Hamada, qui fait partie du cortège qui sillonne les ruelles de l’arrondissement pour les besoins de la campagne. Celui-ci affirme qu’il ne connaît pas personnellement le candidat pour lequel il bosse, ni son parti et encore moins son programme électoral. Ce qui l’anime, lui, ce sont les 100 dirhams qu’il va percevoir en fin de journée, qu’il considère d’ailleurs comme une journée de travail comme les autres. Beaucoup de jeunes de quartiers populaires profitent, eux aussi, de cette occasion pour échapper à leur oisiveté et se faire, en même temps, un peu d’argent.

Pour ces jeunes, la journée de travail pour la campagne électorale démarre généralement à 15h00 et finit vers 21h00, avec plusieurs pauses. Ils peuvent travailler un jour pour un candidat et le lendemain pour son rival. Ce qui explique sans doute le fait que, même si des altercations ont généralement lieu lorsque des membres des campagnes de candidats de deux partis différents se retrouvent face à face, elles ne dégénèrent jamais. 

Lors de ce reportage, Assabah a également pu observer que, dans les cortèges de campagne, il y a plus de femmes que d'hommes ou d’enfants. C’est parce que les femmes, explique-t-on au quotidien, se montrent le plus souvent plus persuasives que les hommes. DE plus, elles disposent généralement d’un réseau de relations bien plus étoffé que celui des hommes. Ce qui est électoralement très rentable.

Dans cette même virée dans les ruelles de ces quartiers populaires, le quotidien a aussi pu observer des jeunes qui ne font rien. Ils ne participent pas à la campagne et ne manifestent aucune intention d’aller voter. Pourtant, ils sont les premiers à réclamer le changement et, donc, de meilleures conditions de vie. 

Par Amyne Asmlal
Le 05/09/2021 à 21h11