Exclusif. Sahara. Les trois points essentiels du briefing de Köhler au Conseil de sécurité

Horst Köhler, envoyé personnel du SG de l'ONU au Sahara.

Horst Köhler, envoyé personnel du SG de l'ONU au Sahara. . Dr

Consultations élargies à l'UE et à l'UA, mandat de médiation et reprise des négociations sont au cœur du rapport de briefing présenté par l'envoyé personnel du SG de l'ONU, Horst Köhler, mercredi 21 mars, aux quinze membres du Conseil de sécurité. Décryptage.

Le 22/03/2018 à 12h05

Un premier rapport de briefing où Horst Köhler dit tout ou presque sur ses consultations élargies à l'Union européenne (UE) et à l'Union africaine (UA) menées depuis janvier dernier, le mandat qui lui a été fixé par le Conseil de sécurité et sur "le nouvel esprit" dans lequel les négociations, bloquées depuis 2012, devraient être relancées.

Premier point sur lequel le Maroc trouvait à redire: l'élargissement par Horst Köhler du champ de ses consultations à l'Union européenne et à l'Union africaine, voire aux parties résolument hostiles à l'intégrité territoriale du Maroc, à l'instar du commissaire algérien du Conseil Paix et sécurité relevant de l'Union africaine, le très controversé Ismaïl Chergui, ou encore "l'émissaire de l'UA pour le Sahara occidental", l'ancien président mozambicain Joachim Chissano. Dans le paragraphe 12 de la première partie du rapport consacrée à ce processus de consultations, Horst Köhler précise avoir rappelé à ces parties "le langage de la résolution 2351", soulignant que "c'est à l'ONU de mener le processus politique" pour trouver une solution au différend.

Horst Köhler, qui semble répondre à l'un des griefs qui lui ont été formulés par la délégation marocaine conduite par le MAECI Nasser Bourita, lors de la rencontre bilatérale du 6 mars dernier à Lisbonne, paraît tenir (du moins verbalement) son engagement à "ramener le dossier exclusivement à l'ONU". Qu'en est-il des parties européennes et africaines "consultées" à ce sujet? "Tous mes interlocuteurs ont agréé", a souligné Köhler dans le paragraphe 12 de la même première partie dédiée au processus de consultations.

Et d'ajouter que l'UE, par la voix de sa haute représentante aux Affaires étrangères, Federica Mogherini, et l'UA, via son président Paul Kagame, ou encore le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, ont "sans exception exprimé leur appui à mes efforts pour aider à trouver une solution au conflit". 

Autre point significatif à retenir du rapport de briefing, il concerne le mandat de Köhler tel qu'il a été fixé par le Conseil de sécurité au médiateur. Dans le paragraphe 15 de la première partie du rapport, l'ancien président de l'Allemagne fédérale (2004-2010) a apporté la précision suivante: "Mon rôle n'est pas celui d'un arbitre. Mon rôle est d'aider les parties à négocier une solution politique" au conflit.

Troisième point tout aussi significatif que les précédents, il concerne le sens même de "la nouvelle dynamique" et "le nouvel esprit" sur lequel avait insisté le SG de l'ONU, Antonio Guterres, dans son rapport de 2017, et les termes de la résolution 2351, adoptée, fin avril dernier, à l'unanimité par les quinze membres du Conseil de sécurité. Dans le paragraphe 17, Horst Köhler insiste sur la reprise des négociations "sur la base du réalisme et de l'esprit de compromis". "Je m'attends à ce que les parties fassent preuve de réalisme et d'une volonté de compromis", a-t-il en effet affirmé.

Un autre point relevé dans le rapport de briefing, et il n'est pas des moindres: à aucun moment, Horst Köhler n'a évoqué le verdict de la Cour de justice de l'UE, émis le 27 février dernier, sur l'accord de pêche Maroc-UE, pas plus d'ailleurs que celui rendu fin 2016 par la même CJUE, sur l'accord agricole. En faisant l'impasse sur ce verdict controversé, Horst Köhler démontre, envers et contre le tandem Alger-Polisario, que cette décision "n'est d'aucune pertinence pour l'ONU", explique à le360 une source diplomatique.

A la lumière de ces conclusions, s'impose la question suivante: Horst Köhler a-t-il réellement tenu parole quand il s'est engagé le 6 mars dernier, selon les dires du MAECI Nasser Bourita, à "ramener le dossier exclusivement à l'ONU"?

En tout cas, il faut préciser qu'il ne s'agit encore que d'une manche dans une bataille qui s'annonce houleuse du côté de l'East River, siège de l'ONU, à New York, en perspective de la réunion cruciale, fin avril prochain, du Conseil de sécurité.

Par M'Hamed Hamrouch
Le 22/03/2018 à 12h05