Gouvernance: les prisons sous la loupe des parlementaires

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Revue de presseKiosque360. Le rapport de la mission d'information sur la situation des prisons sera discuté mardi par la chambre des représentants. Ce document fait état de nombreux dysfonctionnements.

Le 31/01/2021 à 20h58

La chambre des représentants doit tenir ce mardi une séance pleinière consacrée à la discussion du rapport parlementaire sur la situation des prisons. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte dans son édition du lundi 1er février que la commission de la justice a réalisé une mission d'information parlementaire dans trois établissements pénitentiaires.

Le rapport évoque le recours excessif à la punition du cachot, une cellule où l'on isole les détenus ayant commis des infractions punies par le règlement intérieur. C'est ainsi que dans la seule prison d'Oukacha à Casablanca, on a dénombré 1.918 sanctions de ce genre en 2018.

Les parlementaires ont pointé du doigt la surpopulation carcérale estimée à plus de 75 % de la capacité des prisons, due à la non rationalisation de la politique de détention provisoire. Pourtant, c'est la liberté provisoire qui est la règle et c'est la détention provisoire qui représente l'exception.

Le rapport cite par ailleurs le retard pris dans la livraison des achats commandés par les prisonniers auprès du magasin de l'établissement pénitentiaire. L'exiguïté de la surface de la cour de promenade des détenus est tout aussi critiquée puisqu'elle ne dépasse pas 150 mètres pour 500 détenus.

Les parlementaires évoquent la faiblesse du contrôle juridictionnel des établissements pénitentiaires en citant notamment la prison Moul Berki de Safi qui, depuis son ouverture en 2011, n'a jamais été contrôlée. A ces carences s'ajoutent l'insuffisance des soins médicaux prodigués aux détenus en raison des difficultés à obtenir des rendez-vous à l'extérieur, une exception sauf dans les cas impérieux.

La mission parlementaire a en outre évoqué le cas des détenus de la prison Toulal 1 de Meknès dont la plupart réclament le transfert à d'autres établissements proches de leurs familles. Concernant la prison d'Oukacha à Ain Sebaa, la commission a constaté qu'il n'existe pas de séparation entre les mineurs et les autres détenus et qu'en outre, l’établissement manque d'un psychiatre et d'une maternité pour l'accouchement des prisonnières.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que le rapport cite aussi l'éloignement de certaines prisons comme celle de Moul Berki à Safi. D'autant plus que cet établissement est difficile d'accès pour les familles désireuses de rendre visite à leurs proches.

Le rapport souligne que la prison d'Oukacha est la plus surpeuplée, en raison d'un grand nombre de prisonniers en détention provisoire. Le seul point positif relevé par la mission parlementaire concerne la prison d'El Hoceima où les détenus mineurs sont privilégiés en matière de taille des cellules, de temps consacré à la promenade et de rythme des visites familiales.

Le constat le plus intriguant provient des détenus salafistes qui se plaignent beaucoup plus des conditions de leur jugement et de leur interpellation que de leurs conditions de détention. En conclusion, la commission parlementaire a émis 40 recommandations pour améliorer la situation des prisons au Maroc liées notamment au cadre juridique et organisationnel des prisons et aux droits et aux services essentiels prodigués aux détenus.

Par Hassan Benadad
Le 31/01/2021 à 20h58