Hajj 2018: quand des parlementaires aisés sollicitent des places pour le pèlerinage

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Revue de presseKiosque360. Le ministre des Habous a littéralement été assailli, mardi, par des conseillers quémandant des places pour le Hajj qu'ils souhaitent accomplir en famille et dont ils veulent faire profiter des proches.

Le 18/07/2018 à 18h52

A peine avait-il terminé, mardi dernier, la séance des questions orales, que le ministre des Habous et des affaires islamiques, Ahmed Taoufiq, a été encerclé par un groupe de conseillers. Non pour lui demander plus d’éclaircissements sur les questions qu'ils lui avaient posées, mais pour lui demander des places pour le Hajj, rapporte le quotidien Assabah dans son numéro du jeudi 19 juillet. 

Le comble: les conseillers ne quémandent pas ces places pour eux-mêmes, mais surtout pour leurs proches et amis, précise le journal. Et ce n’est pas tout. Parmi ce groupe qui a littéralement assailli le ministre à sa sortie de l’Hémicycle, on compte des parlementaires largement à l’abri du besoin. Assabah évoque ainsi l’exemple d’un industriel, d’un grand promoteur immobilier et du président d’une Chambre professionnelle, qui n’ont pas non plus hésité à présenter cette requête au ministre.

D’après le quotidien, les conseilleurs en question souhaitent effectuer le pèlerinage en famille ou avec des amis. Eux bénéficient déjà de ce privilège dans le cadre du lot de visas de complaisance mis à la disposition de la deuxième Chambre. Le journal ajoute que, pour se sortir de cette situation quelque peu embarrassante, le ministre a dû faire appel à ses talents de diplomate. Il a ainsi demandé à un membre de son cabinet chargé des relations avec le Parlement de noter les noms et les numéros de téléphone des conseillers, pour pouvoir donner suite à leur requête.

Les parlementaires le savent, souligne le journal: le ministre éprouve beaucoup de gêne à refuser ce genre de sollicitations. Et c’est sans doute pour cette raison qu’ils abusent de sa gentillesse et, surtout, de leur statut pour demander de telles faveurs. Assabah rappelle, par ailleurs, que les deux Chambres du Parlement bénéficient chaque année de centaines de visas que leurs administrations mettent à la disposition des élus ou de leurs proches. L’Etat prend également en charge les frais de pèlerinage d’un groupe d’élus qui fait partie de la délégation officielle.

C’est là, rapporte le quotidien, un privilège que d’aucuns considèrent comme une rente politique et qui pourrait même être utilisé à des fins électorales. Et ce alors que les citoyens, même parmi ceux qui ont les moyens de s'offrir le Hajj, sont tenus de participer à un tirage au sort. Et nombre d'entre eux pourraient ne jamais être sélectionnés, conclut le journal. 

Par Amyne Asmlal
Le 18/07/2018 à 18h52