Industrie de défense: ce qui fait courir les Britanniques au Maroc

L'Inspecteur général des Forces armées royales, le Général de corps d'armée Abdelfettah Louarak.

L'Inspecteur général des Forces armées royales, le Général de corps d'armée Abdelfettah Louarak. . DR

Un mois après la visite du ministre britannique du Commerce international, Liam Fox, c’est au tour du Secrétaire d’État aux Forces armées, Mark Lancaster, de se rendre à Rabat à la tête d’une importante délégation. Décryptage.

Le 02/07/2019 à 11h28

Une nouvelle preuve vient confirmer la transition lente mais sûre du Maroc du statut de «consommateur» à celui de fabricant d’armes. Une perspective que certifie cet intense ballet militaro-diplomatique que connaît le royaume notamment durant l’exercice 2019. La Grande-Bretagne, qui se prépare à l’ère post-Brexit, tente de se positionner sur ce segment à forte valeur ajoutée, en multipliant les visites et les échanges avec les hauts responsables marocains, civils et militaires.

Il faut noter qu'après un mois seulement des entretiens effectués, à Rabat, entre le ministre britannique du Commerce international, Liam Fox, et le ministre délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de l’Administration de la Défense nationale, Abdeltif Loudyi, un autre haut responsable britannique, en la personne du Secrétaire d’État aux Forces armées, Mark Lancaster, s'est rendu hier, lundi 1er juillet, à Rabat à la tête d’une importante délégation.

Outre Abdeltif Loudyi, le Secrétaire d’État aux Forces armées, Mark Lancester, s’est entretenu, sur hautes instructions royales, avec l’Inspecteur général des Forces armées royales, le Général de corps d’armée, Abdelfattah Louarrak.

Un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale souligne à cet effet qu’il a été question «des atouts et de l’expérience marocaine dans divers domaines de la coopération Sud-Sud, particulièrement dans la défense et la sécurité».

Vous avez bien lu: «expérience dans la défense et sécurité». Une expérience saluée à l’international, notamment la Grande-Bretagne, qui place la coopération militaire au centre du Dialogue stratégique co-initié avec le Maroc en juillet 2018, lors de la visite à Londres du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita.

Passons sur la coopération notamment dans la formation des cadres, le partage d’expertise et l’organisation d’exercices conjoints. Régulière et diversifiée, cette coopération est ponctuée par la tenue périodique des Commissions militaires mixtes et des échanges fréquents de visites de hauts responsables, souligne le communiqué.

Ce qui intéresse davantage les Britanniques, c’est de décrocher leur part de marché dans l’industrie de défense, que le royaume du Maroc veut mettre en place pour amortir le coût exorbitant des achats d’armement.

Or, un projet de joint-venture avec le Britannique Chemical Military Product (CMP) est déjà dans le pipe. Ce projet nécessiterait un investissement de 300 millions de dirhams, avait révélé une source interrogée par Le360, indiquant que le Maroc détiendrait 10% du capital de l’entreprise.

Pour information, CMP est un leader mondial dans la conception et la fabrication de munitions militaires. Elle fournit des munitions, des fournitures, des armes, des pièces pyrotechniques et des platesformes standard et non standard aux États-Unis et aux forces armées alliées.

Au-delà des Britanniques, le projet marocain de se doter de sa propre industrie de défense intéresse aussi les Espagnols, les Belges, sans compter la France et les Etats-Unis. 

Le Maroc, qui projette de devenir la première armée à l'échelle africaine à l'horizon 2022, veut aussi devenir un leader continental dans la fabrication d'armes. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 02/07/2019 à 11h28