Inédit. Tindouf: déstabilisé par l’ampleur des protestations, le polisario orchestre des contre-manifestations

Brahim Ghali, patron du Polisario.

Brahim Ghali, patron du Polisario. . dr

Dépassé par l’ampleur et la cadence soutenue des protestations, notamment celle de l’irréductible tribu Rguibate Souaâd, le polisario veut aujourd’hui explorer la piste de la contre-manifestation en annonçant un sit-in «rassembleur» pour ce mardi 30 avril. Décryptage.

Le 29/04/2019 à 15h37

L’initiative est à tout le moins surprenante: un communiqué émanant du polisario annonce l’organisation, ce mardi 30 avril à partir de 10 heures, à Rabouni, d’un "sit-in pacifique" sous le signe de "l'unité"! Dans ce même communiqué, les habitants se voient invités à venir, nombreux, participer à ce rassemblement "unitaire" prévu à Rabouni, à mi-chemin entre le siège du soi-disant "ministère de l’intérieur" et celui du "secrétariat national" du front séparatiste.

La démarche semble à première vue absurde, d’autant que l’auteur du communiqué, en l’occurence le front polisario, n’est pas censé organiser des sit-in, mais trouver des réponses aux doléances d’une population excédée par la longévité du conflit et les déclarations faussement triomphalistes d’un front rompu à la manipulation, à la désinformation, et corrompu jusqu’à la moelle.

Mais passons, car la coupe est pleine! La situation à Lahmada est tellement explosive que les digues de la peur semblent avoir cédé, sous les vagues des protestations, qui gonflent à vue d’oeil, de jour en jour, depuis le 1er février dernier, sur fond d’appels quotidiens, et insistants, pour la levée du siège resserré autour des camps, par les autorités algériennes, à travers la limitation dernièrement des autorisations de sortie des véhicules vers la zone extra-muros du Sahara marocain.

Les autorités algériennes et les zouaves séparatistes compteraient, par ce verrouillage systématique des camps, empêcher toutes nouvelles défections dans les rangs du front polisario, après celle enregistrée en mars dernier, quand un «capitaine» du FP s’est rendu aux Forces armées royales, ou encore, cette évasion hors du goulag tindoufien, en avril, d’une douzaine d’activistes du même FP, pour rallier la mère-patrie.

Une expectative de défections massives qui a poussé la direction du polisario à la solde des haut galonnés algériens à essayer d'avoir recours à la manière forte, mais sans succès. Pas plus tard que samedi 27 avril, le360 rapportait que cette direction avait fait déployer des chars, entre autres matériel militaire, pour tenter de terroriser des jeunes sahraouis, une soixantaine, après que ces derniers aient entrepris de bloquer la route principale reliant Rabouni aux autres camps, via le stationnement de quatre camions au travers de cette route. 

Un recours qui en dit long sur le cafouillage de la centrale séparatiste, qui ne sait comment s’y prendre pour endiguer la colère endémique qui gagne les camps de Lahmada. L’annonce de cette contre-manifestation se veut l’illustration parfaite de la déroute d’un front séparatiste qui, à l’image de la mafia algérienne terrée au Club des pins, à Alger, est en train de mener son ultime bataille de survie. Une survie rendue aujourd’hui improbable par la chape de plomb contestataire qui s'abat sur le polisario, aujourd'hui seul face à une population déterminée à prendre son destin en main. 

Par M'Hamed Hamrouch
Le 29/04/2019 à 15h37