Inversement du Gazoduc Maghreb-Europe: la haine dans le sang, Alger met en garde le gouvernement espagnol

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, et son homologue algérien, Mohamed Arkab, le 27 octobre 2021, à Alger.

La ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, et son homologue algérien, Mohamed Arkab, le 27 octobre 2021, à Alger. . DR

Alger, qui a perdu son rang de premier fournisseur de gaz du marché espagnol, cherche par tous les moyens à casser le partenariat énergétique qui se dessine entre Rabat et Madrid. Le régime algérien voit d’un mauvais œil le projet d’inversement des flux du gazoduc entre le Maroc et l’Espagne. Et il ne s’en cache pas.

Le 07/03/2022 à 14h02

Le régime militaire algérien vient de donner un nouvel aperçu de sa haine pathologique contre le Royaume du Maroc. Enrageant sans doute de ne pas voir les villes marocaines sombrer dans l’obscurité après sa décision stupide de mettre fin, au mois d’octobre 2021, au contrat du Gazoduc Maghreb-Europe, la junte a mis en garde l’Espagne contre l’envoi d’«une molécule de gaz algérien» en direction du Maroc.

En effet, lors d'un entretien téléphonique dans la matinée du samedi 26 février 2022, le ministre algérien de l'Energie, Mohamed Arkab, a fait part à son homologue espagnol, Teresa Ribera, de sa volonté d'augmenter au maximum l'approvisionnement en gaz de l'Espagne, que ce soit via le gazoduc direct Medgaz ou, s’il le faut, à travers les méthaniers transportant du gaz liquéfié vers les ports espagnols, rapporte le journal espagnol El Mundo.

«Ils nous ont prévenus qu'aucune molécule de gaz algérien envoyée en Espagne ne devait parvenir au Maroc», a ajouté la même source, citant un haut responsable ayant pris part aux négociations avec les autorités algériennes.

Ces propos relayés par le quotidien espagnol reflètent le degré de haine maladive que nourrit le voisin de l’Est à l’égard du peuple marocain.

Quatre mois après la rupture du GME, l’expérience montre déjà qu’au lieu de nuire aux intérêts du Maroc, le régime algérien s’est tiré une balle dans le pied.

Le président Tebboune et le chef d’état-major, Chengriha, doivent être profondément déçus, eux qui pensaient que le Maroc allait laisser rouiller le gazoduc (dont le tronçon qui traverse le Royaume est devenu propriété 100% marocaine) et entrer en situation de black-out après l’arrêt des deux centrales électriques fonctionnant au gaz (Aïn Beni Mathar et Tahaddart). Les derniers chiffres de l’ONEE montrent que le Royaume s’est bien débrouillé en s’appuyant notamment sur les énergies renouvelables, sans avoir besoin de compléter son mix électrique par une quelconque molécule ou goutte de gaz algérien.

Ce n’est un secret pour personne. Alger voit d’un mauvais œil le scénario d’inversement des flux du GME entre le Maroc et l’Espagne. D’où la mise en garde du gouvernement algérien adressée à l’exécutif espagnol.

Mercredi 2 février 2022, le ministère espagnol de la Transition écologique a confirmé à l’agence Europa Press, qu'il a répondu «positivement» à la demande du Maroc «d'un soutien pour garantir sa sécurité énergétique sur la base de relations commerciales», comme «il convient de le faire avec tout autre partenaire ou voisin».

En ce sens, le département dirigé par Teresa Ribera a précisé «qu'en toute transparence, le Maroc pourra acquérir du gaz naturel liquéfié (GNL) sur les marchés internationaux, le décharger dans une usine de regazéification sur le continent et utiliser le gazoduc du Maghreb pour atteindre son territoire».

Début décembre dernier, dans une déclaration pour Le360, un haut responsable à l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), a affirmé que si l’option d’approvisionnement à partir de l’Espagne devait être mise en place, il ne s’agirait pas de faire venir au Maroc ni du gaz algérien par une voie détournée, comme aimeraient le faire croire certains médias algériens, ni de gaz prélevé sur le marché espagnol, en compétition avec les consommateurs locaux en cette période de flambée des prix.

«Il s’agirait au contraire de gaz acheté par le Maroc sur les marchés internationaux et déchargé en utilisant des infrastructures européennes espagnoles, portugaises ou autres, et envoyé vers le Maroc à travers le GME, par des opérateurs qui sont régis par des règles européennes de libre accès des tiers et de non-discrimination», ajoute cet interlocuteur à l'ONHYM.

Du côté du gouvernement espagnol, confirme à son tour El Mundo, on assure qu'il n'y a jamais eu d'intention de faire passer du gaz algérien à Rabat via le GME.

En mettant en garde l’Espagne contre toute tentative d’expédition de gaz algérien en direction du Maroc, non seulement l’Algérie confirme son obsession de nuire au Royaume, mais semble surtout surestimer son poids parmi les fournisseurs de gaz à l’échelle planétaire. Depuis la fermeture du GME, l’approvisionnement du marché espagnol en gaz algérien ne cesse de baisser. Selon les données de Enagas, l’opérateur gazier espagnol, les Etats-Unis sont devenus le premier fournisseur du marché espagnol, après y avoir placé 13.103 GWh de GNL en janvier 2022, soit 34,6 % de la consommation totale de l'Espagne.

«L'Algérie, avec ses 9.620 GWh vendus à l'Espagne en janvier, n'a satisfait que 25 % de la demande, loin des pourcentages qu'elle atteignait il y a des années», indique le journal en ligne espagnol El Condencial, ajoutant qu’aucun méthanier algérien n'a accosté dans les six ports espagnols qui disposent d'usines de regazéification pour le GNL.

Le même journal note qu'il n'est pas facile pour l'Algérie d'augmenter rapidement ses livraisons car son industrie est obsolète et a besoin d'investissements importants pour se moderniser.

Si on ajoute à cela que 71% de la production de gaz en Algérie est consommée localement pour couvrir les besoins de la demande domestique, on voit mal comment le régime espère utiliser cette ressource comme un levier de pression sur d’autres pays et encore moins augmenter ses exportations, au moment où la guerre en Ukraine pousse nombre de pays européens à chercher des alternatives à leur dépendance en hydrocarbures envers la Russie.

Sans la découverte et l’exploitation très rapide de nouveaux gisements, l’Algérie sera obligée d’importer du gaz naturel dès 2030. D’ici là, les ressources du Maroc en électricité propre auront considérablement augmenté et aucune ville marocaine ne sera plongée dans l’obscurité. N’en déplaise aux gérontes qui dirigent l’Algérie et qui se disent peut-être que l’horloge biologique leur évitera d’être témoins de l’échéance tragique…en 2030.

Par Wadie El Mouden
Le 07/03/2022 à 14h02