Jose Manuel Albares: les tensions avec le Maroc «n’ont plus leur place», le soutien au plan d’autonomie est indéfectible

Peu avant une conférence de presse conjointe, Jose Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, s'entretient avec son homologue marocain Nasser Bourita, le 10 mai 2022 au soir, à Marrakech, à la veille de la tenue de la réunion de la Coalition mondiale contre Daech. 

Peu avant une conférence de presse conjointe, Jose Manuel Albares, ministre espagnol des Affaires étrangères, s'entretient avec son homologue marocain Nasser Bourita, le 10 mai 2022 au soir, à Marrakech, à la veille de la tenue de la réunion de la Coalition mondiale contre Daech.  . Brahim Mousaaid / Le360 (capture image vidéo)

Le 11/05/2022 à 09h18

VidéoEn marge de la tenue, ce mercredi 11 mai 2022 à Marrakech, de la réunion de la Coalition mondiale contre Daech, les ministres des Affaires étrangères marocain et espagnol se sont longuement entretenus hier, mardi. L’occasion pour le chef de la diplomatie espagnole, Jose Manuel Albares, de confirmer les engagements pris par son pays envers le Maroc.

La rencontre a eu lieu hier, mardi 10 mai 2022 à Marrakech, à la veille au soir de la tenue, en ce mercredi à Marrakech, de la réunion de la Coalition mondiale contre Daech. Elle a réuni, longuement, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, et son homologue espagnol, Jose Manuel Albares, un meeting de plus d’une heure au cours duquel les deux responsables ont passé en revue tous les sujets intéressant les deux pays, sanctionné par un point de presse conjoint.

Cette conférence a permis au ministre des Affaires étrangères de réitérer la satisfaction du Maroc suite à la récente position exprimée par l’Espagne au sujet du Sahara marocain, soutenant le plan d’autonomie comme seule issue sérieuse et crédible à la question. Nasser Bourita s'est également dit satisfait de la relance de la coopération tous azimuts entre les deux pays.

«Le Maroc apprécie fortement la position de l’Espagne et de son gouvernement sur le Sahara marocain car la seule solution crédible et exemplaire à cette question réside dans l’autonomie sous la souveraineté du Maroc», a affirmé Bourita. Une offre, précise-t-il, qui est en parfaite concordance avec la vision et les orientations du Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi qu’avec celle de la communauté internationale.

La position marocaine est aussi cohérente avec l’avis de la plupart des pays arabes, a souligné Nasser Bourita devant une assistance venue en nombre, composée de journalistes nationaux et étrangers.

«Nous travaillons à mettre un terme à ce différend (autour du Sahara, Ndlr), même si certains œuvrent pour que le problème reste posé, au risque d’une instabilité dans la région et de la poursuite des drames humaines dans les camps de Tindouf et d’une situation qui dure depuis 4 décennies et qui peut encore durer s’il n’y a pas une réelle mobilisation pour trouver une solution», a averti le chef de la diplomatie marocaine.

Selon Bourita, en effert, la seule solution possible s’inscrit dans le cadre de l’initiative de l’autonomie et du respect de la souveraineté de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.

Le ministre s’est également réjoui de la relance du partenariat entre les deux pays: «nous sommes en train de cueillir les fruits de la feuille de route tracée par le Souverain et Pedro Sanchez, notamment avec la réunion du comité mixte de préparation de l’opération Marhaba 2022 et celle du Groupe permanent sur la Migration».

Frontières maritimes et aériennes et réunion de haut niveau en vueNasser Bourita a également annoncé, au cours de cette conférence, une prochaine réunion, prévue en juin, sur la délimitation des frontières entre les deux pays, tout particulièrement celles maritimes, dans l'océan Atlantique. «L’Espagne est un pays allié de l’Europe. Votre pays peut compter sur le Maroc pour consolider la coopération bilatérale ainsi que la stabilité et la paix dans la région», a assuré le ministre, selon lequel la finalité de la coopération entre le Maroc et l’Espagne est de profiter aux deux pays. «Elle ne s’inscrit contre personne», a-t-il d'ailleurs précisé.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares, a pour sa part rappelé que «le 7 avril dernier, nos deux pays ont adopté une feuille de route qui trace la trame de ce qui nous attend. Et nous travaillons déjà à sa pleine application et réussite».

«Cette feuille de route est notre référence commune et il nous appartient de lui donner corps et substance, en élevant et en approfondissant davantage notre partenariat», a affirmé le chef de la diplomatie espagnole, précisant que la prochaine réunion de haut niveau prévue avant la fin de cette année entre les deux Royaumes en sera l'un des moments forts.

«Nous avons également programmé un nombre important de réunions et rencontres, allant des domaines économiques à ceux liés à la formation, la culture, le sport, en passant par la délimitation de nos espaces maritimes et aériens respectifs», a annoncé Jose Manuel Albares, confirmant ainsi l'annonce faite par son homologue marocain sur le fait que pour ces deux derniers aspects, ayant spécifiquement trait à la souveraineté, un rendez-vous est d’ores et déjà pris pour des discussions poussées, prévues au mois de juin prochain.

«Nous sommes également déterminés à développer notre partenariat économique et commercial. Le Maroc est notre principal marché dehors d’Union européenne. Le Royaume est notre premier fournisseur, mais aussi notre premier client», a insisté le ministre espagnol des Affaires étrangères, notant au passage une baisse de l'ordre de 70% des flux migratoires illégaux depuis le Maroc vers les îles Canaries.

«La lutte contre l’immigration illégale est un sujet de coopération essentiel entre nos deux pays. Tout comme l’est la lutte contre le terrorisme. Ma présence ici à Marrakech dans le cadre de la réunion de Coalition mondiale contre Daech qu’abrite le Maroc en est la parfaite illustration», a également assuré Jose Manuel Albares.

Selon le ministre espagnol, les crises et tensions passées entre les deux pays «n’ont pas leur place dans cette étape. Et quoi que nous fassions, il nous faut penser aux intérêts des deux pays», a-t-il souligné, réaffirmant par la même occasion le soutien indéfectible de l’Espagne à la proposition marocaine d’autonomie pour les Provinces du Sud. Pour Jose Manuel Albares, en effet, c’est maintenant et plus que jamais, la voie la «plus sérieuse» et la «plus réaliste» pour un règlement définitif de la question du Sahara.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 11/05/2022 à 09h18