La famille de Benaissa Aït El Jid répond aux divagations de Maâti Monjib

De gauche à droite: Abdelali Hamieddine, feu Benaissa Aït El Jid et Maâti Monjib. 

De gauche à droite: Abdelali Hamieddine, feu Benaissa Aït El Jid et Maâti Monjib.  . Le360 (photomontage)

La famille de Benaissa Aït El Jid, l’étudiant militant de gauche assassiné en 1993 à l’université de Fès, a répondu à des divagations proférées par Maâti Monjib, en liberté provisoire.

Le 29/03/2021 à 09h43

Décidément, Maâti Monjib voit une prétendue main de la «police politique» partout, quitte à salir la mémoire de valeureux militants, assassinés par des extrémistes dans des campus universitaires. Dans de dernières déclarations, après avoir obtenu une mise en liberté provisoire, le prétendu «historien politique» a affirmé que c'était la «police politique» qui exploitait l’affaire du meurtre de Benaissa Aït El Jid, qui avait eu lieu il y a 28 ans, à Fès. 

Petit rappel des faits: Benaissa Aït El Jid, étudiant de gauche originaire de Tata, a été atrocement assassiné sur le campus de l’université Sidi Mohammed Benabdellah à Fès, en 1993. Des décennies plus tard et au fil d’enquêtes interminables, la justice a décidé de rouvrir le dossier et de rejuger Abdelali Hamieddine, actuellement membre de la Chambre des conseillers et dirigeant du PJD, pour son implication présumée dans cet assassinat.

L’affaire étant toujours traitée par la Cour d’appel de Fès, Maâti Monjib a jugé bon d'émettre une sorte de fatwa, affirmant qu’il y avait là prescription des faits. «Il ne saurait, de l’avis de grands juristes et d’experts, être question de prescription dans les crimes d’assassinats politiques», a rétorqué la famille de Benaissa Aït El Jid, dans un communiqué.

Juridiquement et moralement, la famille de l'étudiant assassiné juge les propos de Maâti Monjib condamnables, car remettant en cause l’un des grands droits fondamentaux garantis par les traités et conventions internationaux, à savoir le droit à la vie. 

Maâti Monjib, qui refuse de dévoiler à la justice d’où, et comment, il a pu se retrouver à la tête d’une fortune mal acquise, se livre aujourd'hui une lecture surréaliste des luttes qui se déroulaient à cette époque sur les campus universitaires, entre étudiants gauchistes et les islamistes. Là encore, il y voit la main d'une «police politique», qui aurait exacerbé ces luttes pour servir de sombres agendas.

C'est là une grande insulte à des décennies de lutte, mais aussi de «piètres et minables propos», répondent les membres de la famille Aït El Jid.

En plus de s’attaquer à la mémoire d’un symbole de la gauche, sauvagement assassiné, Maâti Monjib se permet aussi de se mêler d’une affaire toujours entre les mains de la justice, et s’en prend, de plus, à l'unique témoin grâce auquel toute l’affaire a été dépoussiérée: Haddioui El Khammar, qui, ayant purgé plusieurs années de prison en raison de son activisme estudiantin, est actuellement un simple salarié communal. 

Pour Maâti Monjib, c’est encore une fois la «police politique» qui aurait utilisé ce témoin pour le pousser à faire de nouvelles révélations et permettre de rouvrir le dossier.

La famille Aït El Jid affirme faire confiance aux camarades de leur fils assassiné, ainsi qu'à la justice, pour faire toute la lumière sur cette affaire désormais vieille de près de trois décennies. 

Par Rahim Sefrioui
Le 29/03/2021 à 09h43