La mairie de Casablanca jette des milliards par la fenêtre

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Revue de presseKiosque360. Le déficit des recettes communales a atteint 7,7 milliards de dirhams en 2019, soit 2 milliards de plus que le budget annuel de Casablanca. Ces créances impayées contraignent la mairie à rembourser chaque année 290 millions de dirhams de crédits bancaires, dont 130 millions d’intérêts.

Le 26/02/2020 à 21h35

Le montant des créances en souffrance du Conseil de la ville de Casablanca auprès des sociétés et en matière de recettes fiscales relatives aux biens immobiliers et fonciers ne cesse d’augmenter d’une année à l’autre. En 2019, le déficit en recouvrement a atteint la somme faramineuse de 7,7 milliards de dirhams, soit 2 milliards de dirhams de plus que le budget annuel de la ville qui ne dépasse pas, dans les meilleurs des cas, 5,7 milliards de dirhams. Du coup, la plus grande ville du Maroc frise la faillite à cause de la négligence des services communaux qui peinent à appliquer la loi et à contraindre les créanciers à s’acquitter de leur dû. Une véritable gabegie quand on sait que les créances impayées sont passées de 3,5 milliards de dirhams les précédentes années à 4 milliards en 2016, pour grimper à 5,6 milliards en 2017 avant d’atteindre 7,7 milliards de dirhams en 2019. 

Le déficit de recouvrement en matière d’impôts et de taxes locaux concerne plusieurs domaines. L’année dernière, le Conseil de la ville n’a pu recouvrer la somme de 151 millions de dirhams de recettes d’impôts relatives au loyer d’habitation, en plus de 120 millions de dirhams d’impôts divers. La taxe d’habitation a atteint un déficit de recouvrement de 98 millions dirhams, tout comme la taxe d’édilité qui s’élève à 78 millions de dirhams. Le déficit des recettes relatives à la taxe sur terrains urbains non bâtis a atteint 1,1 milliard de dirhams, alors que celui des services sociaux s’élève à 2,16 milliards de dirhams et que celui des redevances sur les saillies frise les 5 milliards de dirhams.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du jeudi 27 février, que le déficit des recettes communales a été longuement discuté au sein de la commission des finances. Cette dernière a recommandé au Conseil de la ville de réfléchir au moyen le plus efficace de récupérer ces créances et de les solder d’une manière légale. Ce faisant, ajoute la même commission, il faut s’orienter vers la programmation des véritables recettes et éviter toute surestimation des prévisions, afin de donner plus de crédibilité et de transparence au budget de la mairie. Certains élus considèrent que les créances impayées constituent une grande entrave au développement de Casablanca, sachant qu’elles représentent un phénomène financier complexe où s’entremêlent des considérations politiques, administratives et socioéconomiques.

Toutefois, estiment les membres de la mairie, ces considérations ne justifient aucunement la passivité des services de la commune qui devraient pouvoir récupérer les recettes communales. Cette passivité contraint la commune urbaine de Casablanca à s’acquitter, annuellement, de la somme de 290 millions de dirhams pour trois crédits bancaires contractés auprès d’institutions financières marocaines et étrangères. Les intérêts représentent, à eux seuls, près de 130 millions de dirhams, soit le budget alloué à trois arrondissements pour couvrir leurs frais de fonctionnement et l’animation locale. Cette somme dépasse de loin les budgets programmés pour l’équipement et l’investissement dans plusieurs secteurs vitaux de Casablanca.

Par Hassan Benadad
Le 26/02/2020 à 21h35