La révolte des tribus de Tindouf

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Revue de presseKiosque360.La tribu de l’ancien chef de sécurité du Polisario, Ahmed Khalil, enlevé en 2009 alors qu’il s’apprêtait à rejoindre l’opposition, marche sur Rabouni. Les Chioukhs des autres tribus se sont joints à ce mouvement. La jeunesse, quant à elle, menace d’un soulèvement.

Le 13/02/2019 à 18h51

La grogne ne faiblit pas dans les camps de Tindouf. L’ampleur de la contestation grandit même de jour en jour. Les habitants des camps de Tindouf, principalement les membres de la tribu Rguibat Souaad, continuent, ainsi, de faire pression, depuis plusieurs jours, sur le Polisario pour révéler le sort de l’un des leurs, Ahmed Khalil, disparu depuis plus de dix ans. Pendant ce temps, Alger et le Polisario tentent de trouver une issue à cette situation. Il faut dire que le Polisario et son mentor, l’Algérie, sont aujourd’hui dépassés par les événements.

En effet, les membres de la tribu de cet ancien cadre sécuritaire du Polisario, emprisonné puis torturé jusqu’à la mort dans la prison de Blida en Algérie, ne sont plus les seuls à exiger la vérité sur le sort de l’un des leurs. Les Chioukhs des autres tribus se sont joints à la protestation de Rguibat Souaad, en réponse à un appel lancé par le chef de cette dernière. Ils menacent même d’un soulèvement dans les camps au cas où Alger et le Polisario devraient s’entêter à étouffer à tout prix cette affaire, écrit le quotidien Assabah dans sa livraison du jeudi 14 février.

En riposte à cette révolte des tribus, le Polisario a décidé de décréter l’état d’urgence au courant de cette semaine. Une décision qui a été prise après que la tribu Rguibat Souaad a entamé une marche à pied et à bord de véhicules, en direction du camp de Rabouni, exigeant du Polisario de dévoiler les circonstances réelles de la disparition, le 6 janvier 2009, d’Ahmed Khalil. La tribu exige également une annonce officielle des conditions dans lesquelles il est mort, ainsi que la date et le lieu de son décès.

Face à cette situation, le dénommé Barhim Mohamed Mahmoud Biadillalh, chargé du soi-disant «secrétariat d’Etat à la sécurité et à la documentation», n’a eu d’autre alternative que de s’en remettre à l’Algérie. Il s’est, en effet, rendu en catastrophe à Alger pour chercher une issue et une justification à la disparition, dans des circonstances mystérieuses, de celui qui a été, pendant dix ans, «directeur général de la sûreté des camps et des zones militaires» au sein du Polisario.

Par ailleurs, d’après des sources citées par Assabah, le Polisario et l’Algérie avaient planifié d’empêcher Ahmed Khalil de rejoindre une faction de l’opposition basée en Espagne, en 2009, alors qu’il assumait les fonctions de conseiller chargé des droits de l’Homme auprès de l’ancien dirigeant du Front. Il a été enlevé, à l’époque, sans que personne n’ait rien pu savoir, et ce pendant longtemps, sur son sort. Ce n’est qu’après l’insistance de sa famille que son fils Bachir Khalil, alors membre du bureau exécutif de la jeunesse du Polisario (UJSARIO), a pu lui rendre visite dans sa prison, à Blida. Depuis, personne n’a plus entendu parler de lui, jusqu’à la large diffusion d'une information faisant état de son jugement secret par un tribunal militaire qui l’a condamné à la perpétuité.

Aujourd’hui, souligne le journal, toute la jeunesse des Rguibat exprime sa solidarité inconditionnelle avec Ahmed Khali, réfutant la thèse du jugement secret galvaudée par le Polisario et notant, en même temps, qu’il s’agit d’une exécution déguisée dans un centre de détention secret. Ces jeunes ne comptent pas s’arrêter là. Ils menacent de mener une révolte dans les camps pour en finir avec l’injustice et les violations incessantes des droits de l’Homme. Quant à la direction du Front, elle tente de faire pression sur les Chioukhs des tribus afin de les inciter à calmer la situation et à clore définitivement le dossier d’Ahmed Khalil.

Par Amyne Asmlal
Le 13/02/2019 à 18h51