L’Algérie «regrette» la résolution 2548, qui la qualifie de principale partie prenante au conflit du Sahara

Conseil de sécurité de l'ONU.

Conseil de sécurité de l'ONU. . DR

L’Algérie a réagi hier soir, samedi 31 octobre, à la résolution 2548 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara. En affirmant avoir «pris acte» d’un texte qui la désigne comme partie prenante, elle a ainsi choisi un langage diplomatique qui trahit le revers subi, et une impuissance résignée.

Le 01/11/2020 à 16h38

Dans un communiqué publié samedi 31 octobre, le ministère algérien des Affaires étrangères a réagi à la résolution 2548 sur le Sahara, adoptée 24 heures plus tôt par le Conseil de sécurité. Le département de Sabri Boukadoum a indiqué que «l’Algérie a pris acte de la résolution 2548 qui prolonge de 12 mois le mandat de la Minurso».

Or, en choisissant tout de go un langage diplomatique sans enthousiasme, afin de «prendre acte» d’une résolution onusienne votée par 13 membres sur 15 du Conseil de sécurité, l’Algérie reconnaît clairement sa déception face à la teneur d’un texte, résolument aux antipodes de ses attentes. Mieux encore, ce texte exprime l’avis prédominant dans la communauté internationale, représentée par l’exécutif onusien. Or ce dernier vient de confirmer à nouveau la constance du pragmatisme, du réalisme et de l’Histoire, qui caractérisent désormais ses décisions sur le Sahara marocain.

Dans son commentaire sur la résolution onusienne, le ministère algérien des Affaires étrangères affirme que cette résolution n’est en rien différente de celle de 2019. Il semble déplorer une «résolution qui reprend l’essentiel du texte de la résolution 2494 (2019)». Or, ce que le régime algérien semble qualifier de redite est en fait une continuité, une constance dans l’appréhension du conflit du Sahara par la communauté internationale, qui a définitivement abandonné l’option référendaire, et qui n’est pas dupe sur le fait que le Polisario n’est qu’un proxy de l’Algérie.

Alors que l’Algérie est en effet citée à plusieurs reprises dans la résolution 2548 comme «partie prenante» directe au conflit du Sahara, le communiqué du chef de la diplomatie algérienne tente de présenter son pays comme un pseudo «observateur officiel du processus de paix».

C’est d’ailleurs cette qualité de principale «partie prenante» que Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, n’a pas manqué de mettre à l’actif de la nouvelle résolution onusienne. Celle-ci a décliné un «message de clarté, d'abord dans la définition des véritables parties dans ce différend régional, en pointant expressément le rôle de l'Algérie, citée pas moins de 5 fois, alors que ce pays n’était pas du tout évoqué dans les résolutions antérieures à 2017», a ainsi affirmé Nasser Bourita, hier soir, samedi 31 octobre 2020, dans un communiqué, en réaction à l’adoption de la résolution 2548 du Conseil de sécurité.

Pour Nasser Bourita, «le Conseil de sécurité appelle, donc, l’Algérie à assumer un rôle à la hauteur de son implication politique, diplomatique, militaire et humanitaire dans ce différend régional», car «aucun processus politique n'est envisageable sans l'implication effective et constructive» de l’Algérie.

On comprend dès lors pourquoi l’Algérie a «regretté» la teneur de la résolution 2548. Ainsi, elle «relève avec regret que la résolution 2548 (2020), à l’instar de la résolution 2494 (2019), ne préconise aucune mesure concrète de nature à relancer le processus politique et favoriser la mise en œuvre complète et sans entrave du mandat de la Minurso», peut-on lire dans le communiqué de Sabri Boukadoum.

Le communiqué algérien en réaction à la résolution 2548 du Conseil de sécurité a trouvé une consolation dans l’abstention (très attendue au demeurant) du vote de la Russie et de l’Afrique du sud, saluée de façon dithyrambique. Cette bien maigre et unique note de satisfaction ne saurait voiler l’échec du régime algérien qui assiste, impuissant, à la proclamation par la communauté internationale des deux pays que le conflit du Sahara oppose.

Par Mohammed Ould Boah
Le 01/11/2020 à 16h38