Le comble: pour l’administration algérienne, la «RASD» n’existe pas

Dans les camps de Tindouf, où des Sahraouis sont séquestrés par le Polisario, soutenu par l'Algérie.

Dans les camps de Tindouf, où des Sahraouis sont séquestrés par le Polisario, soutenu par l'Algérie.. AFP

La confirmation de cette sentence ne vient pas de n’importe qui, puisque c’est la Justice algérienne elle-même qui l’a décrétée. Selon cette dernière, les symboles de la «RASD» sont illégaux et leur usage en territoire algérien passible de peines d’emprisonnement. Une claque.

Le 31/07/2018 à 18h04

Tout est parti de la condamnation récente, par le tribunal de la ville de Mostaganem, de 26 Sahraouis accusés d’importer illégalement en Algérie des voitures d’Europe. Ils ont été condamnés à des peines de prison ferme de quatre ans, assorties de lourdes amendes.

Ces prévenus, qui voulaient faire de ces importations un fonds de commerce et de survie dans les difficiles conditions de vie prévalant dans les camps de Tindouf, ont beau justifier qu’ils sont des ressortissants de la «RASD» et disposent d’autorisations d’importations dûment signées et tamponnées par les «autorités sahraouies». Ils ont pour cela exhibé les sceaux de la «douane sahraouie» les autorisant à importer des véhicules d’Europe. Mais les juges algériens les ont fait revenir sur terre: ils sont en Algérie et doivent savoir que les Sahraouis de Tindouf n’ont ni Etat, ni nationalité, ni droits…et sont donc soumis à la loi algérienne et non à celle d’une pseudo-RASD.

«Une réalité douloureuse», estime le site polisarien futurosahara.net, qui accuse ouvertement l’Algérie de ne pas respecter la «souveraineté des autres Etats» surtout, justifie-t-il, que «la plus grande ambassade de la RASD se trouve à Alger»! Le site fustige ainsi le «grand allié» qui ne traite pas les Sahraouis d’égal à égal, ne reconnaît pas voire méprise les symboles de leur «Etat» et traite ses «citoyens» d’apatrides. Des apatrides dont des centaines purgent actuellement des peines d’emprisonnement dans les geôles algériennes, à des milliers de kilomètres de leurs familles qui n’ont pas les moyens de leur rendre visite.

Et comme si tout cela ne suffisait pas, ces familles «étrangères» de Tindouf sont désormais assujetties, par les autorités algériennes, au paiement mensuel de lourdes factures d’électricité. Alors qu’elles n’ont aucune source de revenu, elles courent le risque de se faire traîner, elles aussi, devant les tribunaux algériens pour cumuls de factures impayées

Rejetant la responsabilité de toutes ces «tortures économiques» sur les dirigeants du Polisario, le média local estime que ces derniers, plutôt que de s’occuper des besoins pressants de leurs «compatriotes», passent tout leur temps «à voyager à l’étranger, à faire du tourisme et à se trémousser dans des hôtels 5 étoiles». Ils sont ainsi totalement déconnectés de la réalité des camps de Tindouf qui survivent dans des conditions socio-économiques et climatiques exécrables. Une façon de dire que les dirigeants du mouvement séparatiste ne sont en réalité que des marionnettes «diplomatiquement corvéables», que le régime algérien active de temps à autre dans le seul but de nuire aux intérêts du Maroc voisin.

Le site, tout en faisant semblant de ne pas souscrire à la réalité de la séquestration des populations de Tindouf tel que le Maroc l’a toujours rapportée, donne finalement raison au Royaume. «Après quatre décennies dans les camps de Tindouf, les Sahraouis prennent finalement conscience qu’ils sont, au pire, des laissés-pour-compte de la part de leurs dirigeants et, au mieux, des criminels en puissance pourchassés par le pays de refuge et sa justice», lit-on. Un bon résumé.

Par Mohammed Ould Boah
Le 31/07/2018 à 18h04