Le décès du général Gaïd Salah vu par la presse arabophone marocaine

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Revue de presseKiosque360. L’ex-homme fort de l’Algérie, Ahmed Gaïd Salah, décédé ce lundi 23 décembre, laisse derrière lui un pays assis sur un volcan. Entre une partie du «système» en prison et une autre récemment parachutée à la Mouradia sous les huées de la rue, l’Algérie risque la crise cardiaque.

Le 23/12/2019 à 23h13

C’est avec une grande surprise que les Algériens ont appris, ce lundi 23 décembre, que le puissant général Ahmed Gaïd Salah, chef de leur armée et non moins honni homme fort du pays, avait été terrassé, officiellement du moins, par une crise cardiaque. La presse arabophone marocaine de ce mardi 24 décembre revient sur le parcours de ce haut gradé de l’armée algérienne, dont elle retient surtout qu’il n’a jamais porté le Maroc dans son cœur.

Ainsi, rapporte Al Massae, l’Algérie a perdu, avec la mort de «Gaïd Salah, le général qui a pris la fuite dans la bataille d’Amgala 1», laissant derrière lui plusieurs dizaines de prisonniers algériens, suite au revers cinglant infligé par les Forces armées royales à ses troupes, le 27 janvier 1976. Une déroute qui a mis l’ancien président Houari Boumediène dans tous ses états avant d’ordonner que le «moujahid» Gaïd Salah revienne sur les bancs d’une école militaire pour apprendre les rudiments de son métier. Cet épisode de la guerre du Sahara, comme celui de la Guerre des Sables de 1963, est à l’origine du «complexe militaire» algérien à l’égard du royaume. Ce qui explique grandement, précise Al Massae, la haine viscérale que Gaïd Salah a toujours cultivée, jusqu’à sa mort, envers le Maroc.

Pour sa part, le quotidien Al Akhbar estime que l’Algérie vient de perdre «l’homme qui détenait la réalité du pouvoir» dans le pays et revient sur les péripéties qui ont marqué son «hégémonie» depuis qu’il a «démissionné» Abdelaziz Bouteflika en vue de tenter de calmer la rue qui revendiquait la fin du système, c’est-à-dire la fin de la mainmise de l’armée sur le pouvoir en Algérie.

Visé et conspué nommément par les manifestants des vendredis et mardis, qui défilent en masse depuis le 22 février 2019 dans les artères des grandes villes algériennes, feu le général Gaïd Salah a tenté d’impliquer des pays étrangers (le Maroc et la France) en les accusant de manipuler et d’encourager les manifestants dont le rangs ne cessaient de grossir de semaine en semaine. Sa seule «réussite» aura été d’avoir organisé une «mascarade électorale», permettant ainsi à Abdelmajid Tebboune, son homme de paille, d’être élu président de l’Algérie. Une victoire à la Pyrrhus qu’il n’aura finalement pas eu le temps de savourer.

Une chose est sûre, assure le quotidien Assabah: les manifestants ont gagné une manche après que le destin a fait disparaître à jamais l’homme qui les haranguait chaque semaine, à partir de l’une des casernes militaires du pays, en se montrant tantôt insultant, tantôt menaçant, mais toujours arrogant.

C’est donc, titre Al Ahdath Al Maghribia, une «Algérie toujours en mouvement» que quitte Gaïd Salah aujourd’hui, 21 jours seulement avant la célébration de son 80e anniversaire. Un décès subit, voire un assassinat. Toujours est-il que, estime Al Massae, cela n’annonce rien de bon ni pour l’Algérie, ni pour le Maroc, puisque Gaïd Salah a été illico remplacé (s’il ne s’est autoproclamé) par un autre général, Said Chengriha, connu pour son anti-marocanisme pur et dur.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 23/12/2019 à 23h13