Le groupe parlementaire istiqlalien menace déjà la cohésion de la majorité d'Akhannouch

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, au cours d'une séance plénière commune aux deux Chambres du Parlement, consacrée à la présentation du programme de l'action gouvernementale, le 11 octobre 2021, à Rabat.

Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, au cours d'une séance plénière commune aux deux Chambres du Parlement, consacrée à la présentation du programme de l'action gouvernementale, le 11 octobre 2021, à Rabat. . Zakaria REZOUKI / MAP

Revue de presseKiosque360. Péril en la demeure de la majorité. Les chefs de la coalition gouvernementale vont tenir une réunion pour débattre de la marge de manœuvre dont peuvent disposer les députés des trois partis face aux membres du gouvernement au Parlement.

Le 20/10/2021 à 21h19

Le groupe parlementaire istiqlalien menace déjà la cohésion de la majorité d'Akhannouch. "Les citoyens nous ont élus pour les défendre et non pas pour défendre le gouvernement". C'est la phrase, lancée par Noureddine Modiane, chef du groupe parlementaire de l’Istiqlal, qui risque de faire de gros dégâts au sein de la majorité.

Le groupe parlementaire istiqlalien à la première Chambre risque même de faire éclater la coalition gouvernementale, écrit le quotidien Assabah dans son numéro du jeudi 21 octobre.

Son chef, le député d’Al Hoceima, tient, en effet, à son droit de critiquer les membres du gouvernement et d’exprimer librement, au sein de la Chambre, ses observations sur leur action. Et ce, qu'il s’agisse du chef du gouvernement ou d'un membre de son équipe. D’après le quotidien, les trois chefs de la majorité, conscients du risque que ce genre d’attitude pourrait engendrer, ont décidé de tenir une réunion pour justement débattre de la manière dont les députés des partis de la majorité pourraient se comporter au Parlement dans le cadre de leur mission du contrôle de l’action du gouvernement.

Les trois chefs des partis de la coalition gouvernementale devraient ainsi essayer de trouver un moyen permettant aux élus de leurs partis de disposer d’une marge de liberté pour exprimer les attentes des habitants de leurs circonscriptions électorales et en même temps évoquer avec une certaine audace les questions qui concernent leurs électeurs et qui n’auront toujours pas été résolues.

Selon des sources citées par Assabah, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a effectivement décelé dans l’intervention du groupe parlementaire de l’Istiqlal un ton de l’opposition. C’était lors de la présentation de son programme. Cela n’est pas sans rappeler pour lui ce qu’il a dû endurer pendant des années avec les députés du PJD de la «première ligne». Akhannouch fait ainsi référence à certains membres du groupe parlementaire du parti islamiste qui avaient l’habitude de s’assoir à la première rangée au Parlement et qui n’attendaient pas l’occasion pour s’en prendre à lui et critiquer sa gestion du département de l’Agriculture. 

L’actuel chef du gouvernement s’est pourtant bien plaint de ce comportement auprès d’El Othmani, alors chef de file de la majorité. Mais ce dernier n’a pas réagi, arguant que les députés doivent jouir de leur pleine liberté de critiquer le gouvernement. Aujourd’hui, souligne le quotidien, pour Aziz Akhannouch, il n’est pas question que cela se reproduise avec les élus de l’Istiqlal.

Le principal intéressé, Noureddine Modiane, a souligné, lui, dans une déclaration au journal que son intervention lors de la présentation du programme gouvernemental rentre parfaitement dans le cadre de l’action des députés de la majorité. Son objectif, souligne-t-il, était de mettre le doigt sur certains points qu’il juge prioritaires et que le chef du gouvernement n’a pas évoqué dans sa déclaration devant les élus. Le député se dit par ailleurs déterminé à poursuivre son action à la «manière istiqlalienne», assurant qu’il n’a jamais accordé un chèque en blanc au gouvernement.

Par Amyne Asmlal
Le 20/10/2021 à 21h19