Le Maroc et la crise politique au Venezuela

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Revue de presseKiosque360. Le Maroc suit avec intérêt les événements en cours actuellement au Venezuela, où deux présidents opposés se disputent la légitimité du pouvoir. Le départ éventuel de Nicolas Maduro ne lui déplairait pas, mais Rabat fait preuve de beaucoup de tact diplomatique dans cette crise.

Le 05/02/2019 à 22h36

Le chef du Parlement vénézuélien, Juan Guaido (droite libérale), a été reconnu jusqu’ici par une quarantaine de pays comme le nouveau président légal à Caracas, en lieu et place de Nicolas Maduro qui tient toujours les rênes grâce au soutien des généraux de l’armée.

Face aux menaces d’une intervention militaire américaine pour déloger celui que d’aucuns qualifient de dictateur, le quotidien Al Ahdath Al Maghribia de ce mercredi 6 février reconnaît, dans une longue tribune intitulée "Le Venezuela et nous", qu’en cas d’intervention extérieure, il serait malsain de comparer Nicolas Maduro à Salvador Allende, le président chilien renversé et tué en 1973 par le général Pinochet, sur ordre de la CIA. Pour la simple raison que le socialisme révolutionnaire prôné par Allende n’a rien à voir avec la dérive dictatoriale de Maduro, qui n’est rien d’autre qu’une marionnette des généraux locaux détournant à leur profit les richesses pétrolières du Venezuela (premières réserves mondiales estimées).

Et le Maroc dans tout ça? Pour Al Ahdath, n'eût été l’inimité farouche de Maduro à l’égard de l’intégrité territoriale du Maroc, le royaume aurait certainement observé de loin, et en toute neutralité, le déroulement d’une crise politique qui relève des affaires intérieures d’un autre pays. Mais au vu de l’alliance diplomatique anti-marocaine, tissée à travers l’axe Alger-Caracas-Téhéran, et concrétisée par le soutien militaire, financier et diplomatique du Venezuela aux séparatistes du Polisario, le Maroc ne verrait pas d’un mauvais œil, voire applaudirait la chute rapide du régime de Maduro. 

C’est ce qui explique que Rabat a aujourd’hui choisi de se ranger ouvertement du côté de ses alliés traditionnels en Europe, mais aussi en Amérique latine, centrale et du nord, qui appellent à soutenir d’abord le peuple vénézuélien afin qu’il choisisse librement son futur président. Un choix tactique fait par le Maroc? En tout cas, c'est de bonne guerre.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 05/02/2019 à 22h36