Le ministère de l'Intérieur met fin à la "charité électorale"

Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit.

Le ministre de l'Intérieur Abdelouafi Laftit. . DR

Revue de presseKiosque360. Le ministre de l’Intérieur a barré la route aux maires et aux présidents de collectivités locales qui monnayaient des voix via des associations caritatives. Dorénavant, les gouverneurs auront de larges prérogatives pour interdire toute charité à des fins électorales.

Le 25/09/2020 à 22h21

Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a interdit aux maires des villes et aux présidents des collectivités locales, des régions, des provinces, des municipalités et des arrondissements, de distribuer des subventions aux associations de la société civile.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du week-end, que le ministre Laftit a voulu barrer la route à certains dirigeants de partis, élus localement, qui distribuent de l’argent à des associations. Lesquelles associations offrent des services de proximité aux citoyens en exploitant cette charité ordonnée qui commence par l’achat des voix des électeurs. Cette décision fait suite aux critiques proférées par les dirigeants des partis contre l’exploitation des associations de la «charité publique» à des fins électorales.

Lors de plusieurs réunions, les chefs des partis ont demandé au ministre de l’Intérieur d’interdire les associations qui offrent des aides alimentaires aux nécessiteux, aux marginalisés et aux habitants des ceintures de la misère dans le but de monnayer leurs voix électorales. Selon des sources autorisées, le ministre Laftit va accorder de larges attributions aux walis et aux gouverneurs pour surveiller les accointances entre les présidents des collectivités locales et ces associations afin d’interdire tout transfert d’argent pour un objectif électoral.

Le quotidien Assabah rapporte que les parlementaires et les présidents des conseils territoriaux s’empressent d’accorder des facilités aux associations de la société civile qui perçoivent un milliard de dirhams annuellement du ministère de l’Intérieur. Pourtant, l’article 31 de la loi sur les actions caritatives stipule que toute distribution d’aide doit, au préalable, faire l’objet d’une déclaration auprès du gouverneur. Ce dernier peut s’y opposer, reporter son exécution ou l’arrêter s’il considère que ces actions caritatives portent atteinte à l’ordre public ou coïncident avec des échéances électorales.

Autant dire que la poursuite des accusations entre dirigeants de partis ou parlementaires démontre que ce phénomène continue de sévir au sein de la classe politique. La charité électorale se traduit par des distributions de fournitures scolaires aux enfants aux sièges des partis politiques et des associations qui lui sont affiliées. Elle se traduit aussi par la distribution de médicaments, la prise en charge de malades, la circoncision des enfants, les mariages collectifs et de facilités pour bénéficier des programmes de l’INDH.

Par Hassan Benadad
Le 25/09/2020 à 22h21