Le nouveau «gouvernement des compétences», devant les défis de l'heure

Saâd Eddine El Othmani, chef du gouvernement.

Saâd Eddine El Othmani, chef du gouvernement. . DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement de Saâd Eddine El Othmani, dans sa nouvelle configuration, qualifié de celui des «compétences», est aujourd’hui à la croisée des chemins. Agir immédiatement et efficacement pour relever les défis: tel est son vrai challenge. Eclairage.

Le 11/11/2019 à 18h36

La situation politique et sociale qui prévaut aujourd’hui dans le pays exige des actions concrètes du gouvernement de Saâd Eddine El Othmani. D’ailleurs, cet Exécutif a été remanié pour répondre à ces attentes, et relever les défis qui se profilent à l’horizon dans cette conjoncture.

Qualifié de «gouvernement de compétences», le gouvernement, dans sa nouvelle configuration, est donc appelé à agir immédiatement et efficacement, faire remarquer le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce mardi 12 novembre.

Quatre défis sont à relever. Il s’agit d’actions pour soigner l’image du gouvernement, désamorcer des bombes sociales, asseoir une justice sociale, accompagner le nouveau modèle de développement, et enfin assainir le climat des affaires afin de promouvoir l’investissement. Le premier chantier concerne l’image du gouvernement auprès de l’opinion publique. Ce dernier devrait mettre en œuvre une communication, dans une visée informationnelle, de nature à éclairer la lanterne de l’opinion publique et couper l’herbe sous le pied des désinformateurs et des manipulateurs, quelle que soit la source de leur manœuvre, souligne le quotidien à cet égard. 

Dans ce sillage, les trébuchements du porte-parole du gouvernement, Hassan Abyaba, dès ses premières déclarations, devaient pousser le gouvernement à revoir sa stratégie sur cet axe, ô combien primordial pour bâtir l’ethos de l’Exécutif.

Le deuxième défi du gouvernement réside dans les revendications de certains secteurs, à caractère urgent, qui pourraient provoquer des tensions et des débrayages. L’enseignement se trouve en tête de ceux-ci, selon le quotidien, qui rappelle les revendications des enseignants contractuels et les problèmes des recrutements dans la fonction publique.

Après une grève les 22 et 23 octobre derniers, rappelle le quotidien, la Coordination de ces enseignants appelle à un autre mouvement de colère les 3 et 4 décembre prochains. Ces enseignants, ajoute Al Ahdath, qui avaient accusé les services de sécurité d’être à l’origine de la mort du père d’une enseignante à Safi, demandent clairement leur intégration dans le cycle de la fonction publique, sans conditions, et rejettent le statut de cadre qui leur a été octroyé dans les académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF).

Cette bombe sociale exige du gouvernement d'une part, un dialogue et;, d'autre part, une vision politique afin de la désamorcer sans dégâts.

Ces enseignants, qui dénoncent les ponctions effectuées sur leur salaire au moment des grèves, demandent également au gouvernement de leur permettre de bénéficier du mouvement des mutations, à l’instar de leurs collègues titulaires de la fonction publique. 

Ainsi des revendications matérielles se greffent sur d’autres revendications, d’ordre administratif et politique. Cet état de fait interpelle le gouvernement, afin qu'il agisse en vue d’assainir ce dossier, surtout que les dégâts ont été considérables au cours de la dernière année scolaire, avec un important volume horaire en termes de déperdition scolaire, tout particulièrement dans le monde rural.

En plus de cette débandade qui ronge l'enseignement, l’image du pays en pâtit, fait remarquer le quotidien. Le secteur de la santé n’est guère mieux loti. Les professionnels du secteur, médecins, infirmiers et corps administratifs ne cessent de tirer la sonnette d’alarme à propos de leurs revendications, restées insatisfaites.

Le premier signal a été envoyé par les infirmiers, qui ont organisé une marche nationale, rappelant leurs revendications légitimes. Les médecins du secteur public comptent ouvrir un autre dialogue avec le nouveau ministre de la Santé, après avoir tourné celle de son prédécesseur, accusé d’avoir été à l’origine de la non-satisfaction de leurs revendications. Le gouvernement doit donc mettre en place des canaux de dialogue avec les syndicats et les catégories professionnelles protestataires, afin de trouver un terrain d’entente.

Le troisième défi, poursuit Al Ahdath, réside dans les dispositions du gouvernement à accompagner la mise en place de la commission chargée d’élaborer le nouveau modèle de développement. Sur ce registre, l’Exécutif est appelé à envoyer des signaux de confiance et de favoriser la mise en place de leurs mécanismes.

Le quatrième défi concerne la mise en application des quatre importantes recommandations de la Loi de finances, à savoir la loi-cadre sur l’enseignement et l’achèvement du chantier de la formation professionnelle dans sa nouvelle configuration, ainsi que les chantiers non moins primordiaux de la justice sociale, de la régionalisation avancée ainsi que celui de l’amélioration du climat des affaires.

Autant dire que la tâche est immense. Le gouvernement devait mettre les bouchées doubles afin de concrétiser tous ces défis et les mener vers la bonne voie. 

Par Mohamed Younsi
Le 11/11/2019 à 18h36