Le nouveau gouvernement vu par la presse

Le roi Mohammed VI et Moulay El Hassan entourés des membres du gouvernement El Othmani nommés ce 5 avril à Rabat.

Le roi Mohammed VI et Moulay El Hassan entourés des membres du gouvernement El Othmani nommés ce 5 avril à Rabat. . DR

Revue de presseKiosque360. S'il y a une chose qui fait l'unanimité, c'est le sentiment que le PJD n'est pas forcément sorti gagnant des tractations pour la formation du nouveau gouvernement, contrairement au RNI ou même l'USFP.

Le 07/04/2017 à 07h36

Comme il fallait s’y attendre, tous les journaux arabophones de cette fin de semaine ont consacré leur Une au nouveau gouvernement. Chacun y va de sa propre lecture, mais c’est sans nul doute celles d’Akhbar Al Yaoum et de l’hebdomadaire Al Ayyam qui retiennent le plus l’attention.Le premier, réputé proche du PJD, n’y est pas allé par plusieurs chemins. Pour lui, le nouveau gouvernement est «un gouvernement d’Akhannouch dirigé par El Othmani». Cette conclusion, Akhbar Al Yaoum la justifie par le fait que le PJD a perdu la majorité des secteurs stratégiques et que le RNI aura à gérer des budgets de 7 milliards de DH contre 2,5 seulement pour le PJD, pourtant vainqueur des dernières élections.

Al Ayyam abonde dans le même sens, en considérant qu’après la divulgation du casting du nouvel Exécutif, il est clair qu'«El Othmani a signé l’arrêt de mort des islamistes au Maroc». Pour cet hebdomadaire, il ne fait aucun doute que si le PJD a été le plus grand gagnant des dernières législatives, il est aujourd’hui le plus grand perdant des tractations qui ont débouché sur la composition du gouvernement que l’on connaît.

En fait, l’hebdomadaire se pose beaucoup de questions sur l’approche suivie par El Othmani qui a fait tant de concessions que le parti en est sorti perdant. La même source explique qu’Abdelilah Benkirane, bien que toujours secrétaire général du parti de la Lampe, a été carrément exclu des négociations, chose qui aurait sans nul doute affaibli le PJD puisqu'il avait pu imposer, en 2012, des hommes forts à des postes stratégiques du gouvernement.

Mais cette thèse ne semble pas faire l’unanimité dans le milieu des observateurs puisque Assabah a, de son côté, titré sur «la touche Benkirane», clairement visible dans le casting du nouvel Exécutif. Le quotidien, dans son numéro du vendredi 7 mars, affirme que la liste des ministres PJDistes n’a été finalisée qu’après que Benkirane a donné son feu vert. Les sources d’Assabah ajoutent que la commission chargée des négociations et composée de Mustapha Ramid, Lahcen Daoudi et Mohamed Yatim était régulièrement en contact avec le SG du PJD. Plus encore, les trois PJDistes se rendaient souvent au domicile d’Abdelilah Benkirane pour le tenir informé des avancées des tractations.

Le quotidien, connu pour être proche des milieux libéraux, affirme même que Benkirane, quelques jours après avoir été démis de ses fonctions, craignait que la mission de former un nouveau gouvernement ne soit confiée à une personnalité d’un autre parti que le PJD. Finalement, que le choix soit tombé sur El Othmani aura été un soulagement pour lui. Assabah ne manque pas de souligner que le soutien apporté par Benkirane à El Othmani pourrait faciliter la tâche à ce dernier pour faire face à la grogne de certains leaders du parti qui n’ont pas été sélectionnées parmi les ministrables.

Sur un autre registre, Al Massae, qui a consacré un dossier spécial de 15 pages au nouveau gouvernement, a choisi de rappeler que ce sont justement les concessions d’El Othmani qui ont permis de débloquer la situation, peu de temps après sa nomination à la tête du gouvernement. Ce choix semblait être gagnant dès le début, puisqu’il était clair que le blocage gouvernemental était principalement dû à la personnalité de Benkirane qui n’a pas hésité à entrer en conflit avec quatre partis qui négociaient une participation à son gouvernement.

Après avoir rappelé les péripéties des six mois de blocage, Al Massae s’est prêté au jeu des prévisions. Entre un Exécutif géré par deux têtes (ndlr : El Othmani et Akhannouch), l’absence d’une cohésion entre les différents membres qui le composent avec des idéologies politiques différentes, l’opposition farouche qui peut venir des PJDistes déçus et la certitude d’un remaniement ministériel en cours de mandat, on ne peut pas dire qu’Al Massae est optimiste quant à l’avenir de ce gouvernement.

Par ailleurs, Al Ahdath Al Maghribia a préféré dresser le bilan des partis qui sont sortis gagnants des tractations et ceux qui, au contraire, y ont laissé des plumes. Pour le quotidien, il est clair que les grands gagnants sont le RNI d’Aziz Akhannouch, le PPS de Nabil Benabdallah et l’USFP de Driss Lachgar. Pour le premier, il a non seulement été maintenu à la tête d’un département aussi stratégique que celui de l’Agriculture, mais a vu ses prérogatives renforcées avec l’intégration des eaux et forêts et le monde rural. Certains observateurs vont jusqu’à qualifier ce ministère «de gouvernement au sein du gouvernement», affirme Al Ahdath Al Maghribia. Le RNI est également annoncé comme vainqueur des tractations vu qu’il a pu maintenir ses ministres à la tête de départements aussi stratégiques que celui de l’Economie et des finances ou encore de l’Industrie et du commerce.

Le deuxième parti gagnant dans cette affaire, selon le quotidien, est le PPS. Même s’il ne semblait pas en position de force lors des tractations, le parti a réussi à maintenir El Houcine Louardi à la tête du département de la Santé où il affiche d’ailleurs un premier bilan positif. Le SG du PPS, Nabil Benabdallah a, pour sa part, vu ses prérogatives étendues à l’urbanisme et l’aménagement du territoire au ministère de l’Habitat.Au vu des rudes négociations qu’il a dû mener pour s’assurer une place dans l’Exécutif, l’USFP est également présenté par Al Ahdath comme un gagnant du gouvernement.

En revanche, le PJD et l’Union constitutionnelle restent les grands perdants, le premier ayant dû céder des portefeuilles stratégiques alors qu’il était le grand gagnant des élections, tandis que le second n’a eu qu’un ministère et un poste de secrétaire d’Etat.

Par Fayza Senhaji
Le 07/04/2017 à 07h36