Législatives 2016: les syndicats appelleront à un vote sanction contre le PJD

Le n° 1 de l'UMT, Miloudi Moukhariq, saluant Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement, lors d'une précédente rencontre.

Le n° 1 de l'UMT, Miloudi Moukhariq, saluant Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement, lors d'une précédente rencontre. . DR (photo archives)

A l'exception du syndicat SNTM proche des islamistes, toutes les autres grandes centrales (UMT, CDT et ODT) appelleront à un vote sanction contre le Parti justice et développement (PJD) et Abdelilah Benkirane, celui-ci étant le principal responsable de l'échec du dialogue social.

Le 04/09/2016 à 15h49

Le plus grand syndicat national, l’UMT (Union marocaine du travail) de Miloudi Moukharik, a innové à l'approche des législatives du 7 octobre en annonçant, via la presse, qu’il donnera "des consignes de vote pour ses militants et sympathisants".

Si cet appel se confirme, ce sera la première fois dans l'histoire de la vie syndicale du Maroc qu'un syndicat s'engage politiquement et d'une manière directe et transparente en faveur d'une consultation populaire.

Il est vrai que les syndicats ont des sensibilités politiques. L'UMT en regroupe plusieurs, celle de gauche, celle du centre et même celle des islamistes.

Au Maroc, le nombre total des salariés syndiqués, toutes tendances confondues, s'élève à 280.000 adhérents.

Selon le Haut commissariat au plan (HCP), seuls 7% des quatre millions de travailleurs et de salariés actifs et déclarés (y compris les fonctionnaires) sont affiliés aux syndicats du Maroc.

Contacté par Le360, Miloudi Moukharik a refusé de communiquer sur les consignes de vote éventuelles de l'UMT, confirmant implicitement à travers ce silence que son syndicat ne verrait pas d'un mauvais œil cet appel de vote.

Selon plusieurs de nos sources, le soutien de l'UMT irait au PAM au détriment du RNI qui avait approché en juin Miloudi Moukharik pour monter à bord du navire de Salaheddine Mezouar. Si l'UMT et le PAM, grand favori pour remporter les élections, se rencontrent sur le point du rejet de la réforme de la Caisse marocaine de retraite (fonctionnaires) entreprise par Benkirane, ils se retrouvent aussi en harmonie sur d’autres questions comme l’augmentation des salaires une fois le PAM au pouvoir.

Mais un éventuel gouvernement du PAM, une fois désigné, aurait-il les moyens pour satisfaire la revendication salariale de l'UMT, sachant qu'il s’attirera la colère de la CGEM tout en aggravant de déficit budgétaire de l’Etat, se demandent les observateurs.

Des hommes d'affaires qualifient, eux, de simples rumeurs et de canular "les prétendues consignes de vote attribuées à l'UMT". Selon Rajib Kanouni, un homme d'affaires de Rabat, l'UMT "n'a pas publié de communiqué sur ce point et Miloudi Moukharik observe un silence total". "C'est uniquement de la surenchère pour faire diversion en pareil contexte électoral", a-t-il estimé.

Le numéro deux de la CDT, Abdelkader Zayer, et le SG de l'ODT, Ali Lotfi, se rejoignent en évoquant un vote sanction contre le PJD qui a déçu les syndicats sur deux points majeurs: la réforme du régime de retraite de la CMR et le refus d'augmenter les salaires. Cela explique le mécontentement des syndicalistes qui veulent se débarrasser du PJD.

Pour Abdelkader Zayer, la CDT réunira le 27 septembre son Conseil national pour donner des consignes de vote en faveur de la "gauche honnête".

L'UGTM, autre grande centrale syndicale adossée à l’Istiqlal, dénonce l'échec du dialogue social en privilégiant un vote pour les candidats du PI.

Ali Lotfi, chef du bras syndical du PAM, affiche une farouche hostilité au PJD. Il défend même l'UMT.

"Je comprends bien pourquoi l'UMT veut donner des consignes de vote", a-t-il ajouté. A la question de savoir pourquoi Moukharik reste silencieux et fuit la presse sur cette question, il répond: "nous n’avons pas le droit d'exprimer des consignes en dehors de la campagne électorale" qui ne commence que le 24 septembre.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 04/09/2016 à 15h49