Les camps de Tindouf interdits à des journalistes algériens

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Revue de presseKiosque360. Un groupe de journalistes algériens a été interdit de déplacement vers les camps de Tindouf pour la couverture des funérailles du chef du Polisario. Objectif: maintenir loin des regards la réalité des camps et les préparatifs pour la désignation du nouveau chef des séparatistes.

Le 05/06/2016 à 22h10

L’Algérie censure ses propres journalistes et leur interdit l'entrée aux camps de Tindouf! Samedi dernier, un groupe de journalistes travaillant pour le compte des journaux El Khabar et El Watan, deux publications réputées pourtant pour ne pas être trop critiques vis-à-vis de la politique algérienne quant au dossier saharien, s'est ainsi heurté à cette interdiction, rapporte Al Ahdath Al Maghribiya dans sa livraison de ce lundi 6 juin.

Selon la publication casablancaise, les journalistes algériens en question ont été informés de cette interdiction par le service du protocole gouvernemental: ils n’étaient pas autorisés à se rendre dans les camps de Tindouf. Ce qui a provoqué la colère desdits journalistes qui ont vivement réagi sur les colonnes de leurs journaux respectifs.

Reporters sans frontières (RSF) a également protesté et manifesté sa solidarité avec les journalistes frappés par cette surréaliste interdiction. RSF, relève Al Ahdath, avait d'ailleurs rencontré, deux jours auparavant, le ministre algérien à qui l’ONG a demandé de cesser les intimidations contre les journalistes dans un pays que cette association classe à la 129ème position quant au respect de la liberté de la presse.

Pour Al Ahdath, cet incident ne relève pas seulement de la volonté du régime algérien de garder cachée aux regards la vérité sur la situation dans les camps de Tindouf, mais est motivé par une raison plus grave encore.Explications du journal: en attendant que s’écoule le délai de quarante jours fixé pour la désignation d’un successeur à Mohamed Abdelaziz, Alger veut maintenir les journalistes indépendants à bonne distance, le temps de tout préparer.En effet, la hantise du pouvoir algérien et de ses renseignements est que des journalistes entrent en contact avec les voix dissidentes qui s'opposent au Polisario et en ont assez de la tutelle d’Alger.

En même temps, l’Algérie craint le début de changement qui s’installe dans le pays et pousse médias et hommes politiques à dire haut et fort ce que certains pensent tout bas. A savoir que l’Algérie s’est engagée dans une politique hostile contre ses voisins, une politique dont elle est la première à pâtir.

Al Ahdath affirme que ce black-out restera sûrement en vigueur jusqu’à ce que les responsables algériens désignent un nouveau chef du Polisario et de la RASD. 

Par Zineb El Ouilani
Le 05/06/2016 à 22h10