Les magistrats se préparent à l’escalade

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Revue de presseKiosque360. Réunis à Rabat, les juges ont tenu le gouvernement pour responsable de la dégradation de leur situation économique et sociale. Ils exigent la revalorisation de leurs salaires et d’autres avantages pour préserver leur dignité et garantir l’indépendance de la justice.

Le 30/06/2019 à 20h32

Les magistrats montent au créneau. Ils sont venus de partout au Maroc et se sont rassemblés, samedi à l’Institut supérieur de la magistrature (ISM) à Rabat, pour demander la protection économique et sociale et exiger l’indépendance de la Justice. Ils ont également revendiqué une revalorisation de leurs salaires, des indemnités pour missions et responsabilités et des avantages associés à l’exercice de leur fonction ainsi qu’une promotion et de meilleures prestations sociales.

Selon le quotidien Assabah, qui rapporte l’information dans son édition du lundi 1er juillet, les magistrats ont de même étudié, pendant cette journée, les moyens de contestation à même de porter leur voix auprès des responsables. Cela pour inciter des responsables à se pencher sur leur dossier et les moyens à même d’«immuniser leur situation économique et sociale et de garantir l’indépendance de la Justice».

Cette réunion est intervenue, rappelons-le, suite à un appel lancé, en ce sens, par le Club des magistrats du Maroc en mai dernier. Son président, Abdellatif Chentouf, tout en s’insurgeant contre l’indifférence du gouvernement face aux revendications du corps de la magistrature, a insisté sur l’urgence de la préservation de la situation sociale des magistrats. Ces derniers, affirme-t-il, exigent aujourd’hui de bénéficier des éléments de base à même de préserver leur dignité, comme le logement, la santé et l’école pour leurs enfants, en plus des avantages économiques et sociaux inhérents à leur rang social et à la nature de leur mission.

La situation est d’autant plus critique qu’au moment même où les magistrats tenaient cette réunion, d’autres n’étaient même pas en mesure de faire face aux frais de leur déplacement jusqu’à Rabat. Le président du Club, cité par Assabah, tient le gouvernement pour responsable de cette situation, car il a les moyens de la résoudre sans rien entreprendre dans ce sens.

Le gouvernement, explique-t-il, dispose de suffisamment de moyens et des voies légales pour répondre aux besoins financiers du pouvoir judiciaire. Et ce, qu’il s’agisse des besoins financiers et matériels des tribunaux ou des fonds nécessaires pour améliorer la situation économique et sociale des magistrats.

Cela vaut également pour la situation financière individuelle des juges. Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire étant, affirme-t-il, dans l’incapacité de donner corps à ses décisions à caractère financier, sans passer par le ministère de la Justice. Il ne peut pas s’adresser directement au ministère des Finances, note le président du Club. A moins que la loi change dans ce sens.

Cela étant, écrit le quotidien dans un document diffusé par les magistrats réunis à Rabat, ces derniers revendiquent une revalorisation régulière des salaires en fonction de l’évolution du coût de la vie et de l’augmentation des prix. Ils exigent également une «immunisation économique et sociale des magistrats» afin de les préserver contre la corruption et renforcer l’indépendance de la Justice.

Ils appellent de même le gouvernement à accélérer l’élaboration et l’adoption des textes législatifs et réglementaires, notamment ceux réglementant les différentes indemnités, de fonction ou de responsabilités accordées aux magistrats. Cela tout autant que l’instauration d’un treizième et d’un quatorzième mois, en plus d’autres gratifications d’usage dans différents autres secteurs.

Par Amyne Asmlal
Le 30/06/2019 à 20h32