Les salafistes marocains en colère contre l’interdiction du niqab en Tunisie

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Revue de presseKiosque360. Juste après les attentats suicides perpétrés en Tunisie, le gouvernement de ce pays avait interdit le port du niqab. Cette décision a mis en colère les salafistes marocains Haddouchi et Kettani qui ont appelé les oulémas tunisiens à dénoncer cette guerre contre l'apparat religieux.

Le 18/07/2019 à 19h26

La décision du gouvernement tunisien d’interdire le niqab dans les institutions publiques a été accueillie avec satisfaction par les modernistes et les laïcs. Mais elle a, par contre, suscité la colère parmi les célébrités du salafisme au Maroc qui ont exprimé leur mécontentement sur les réseaux sociaux. Ils ont tout particulièrement reproché à leurs collègues, théologiens et cheikhs tunisiens, leur silence face à cette décision qu’ils considèrent comme une «Guerre féroce contre les signes religieux». 

C’est ainsi que le salafiste Omar Haddouchi a publié, sur Facebook, un long texte critique intitulé: «Quand les théologiens tunisiens vont-ils se réveiller?». L’idéologue marocain met en garde les oulémas tunisiens contre toute forme de soumission devant ce qu’il appelle les «Beni Almane» (laïcs) car leur objectif est d’oblitérer tout ce qui a un caractère islamique. Il les appelle, en outre, à «serrer les rangs» et à s’inquiéter pour leur religion, qualifiant en passant les laïcs de «vermines» qui s’attaquent à tout ce qui a trait à l’islam.

Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 19 juillet, que Haddouchi, qui a été condamné et emprisonné pour une affaire de terrorisme après les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, a exhorté les oulémas tunisiens à défendre l’islam. Le ton de l’idéologue marocain passe de la complainte aux vifs reproches: «Vous avez grandement besoin d’une opinion qui vous unit. Le savoir ne se résume pas à des discours pompeux mais se base sur l’action et la défense de la religion de Dieu. Ne soyez pas des théologiens de l’Etat, ni ceux de la Oumma chargée de les satisfaire aux dépens de la religion. Soyez des oulémas de foi et de confession qui se soumettent au bon Dieu et à son prophète Sidna Mohammed».

Le cheikh Hassan Kettani, qui a lui aussi été jugé dans une affaire de terrorisme, a critiqué le silence des oulémas tunisiens face à l’interdiction du niqab par le gouvernement de leur pays. Comme son collègue Haddouchi, il a posté, sur sa page Facebook, un message dans lequel il rappelle aux oulémas tunisiens que «le niqab est considéré par tous les oulémas musulmans comme une sunna confirmée qui peut atteindre le statut de l’obligation rituelle. Alors, autant orienter votre boussole vers ceux qui veulent combattre l’Islam!».

Les deux cheikhs marocains avaient réagi simultanément et avec la même pugnacité quand les autorités marocaines avaient interdit la fabrication et la vente du voile intégral. Haddouchi s’est dit sidéré par cette décision, affirmant qu’il s’attendait à ce que l’on interdise les habits de la débauche et non pas ceux de la chasteté. Le cheikh Hassan Kettani est allé dans le même sens en regrettant qu’on permette aux femmes de s’habiller à l’occidentale et qu’on les empêche de se vêtir selon la mode orientale. 

Il faut rappeler que les autorités tunisiennes avaient interdit le port du niqab suite à l’attentat suicide perpétré dans la capitale, le 27 juin dernier. Certaines sources avaient alors affirmé que l’auteur de l’attentat suicide portait le voile intégral. Une information qui a été démentie par le ministère de l’Intérieur. Mais la décision de l’interdiction du port du niqab reste néanmoins en vigueur.

Par Hassan Benadad
Le 18/07/2019 à 19h26